— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Sa pénitence, prend la forme de trois déconvenues majeures successives: d’abord, en tout seigneur tout honneur,celle consécutive au passage en coup de vent de Manuel VALLS. Non content de venir la besace vide, au grand dam de ceux qui espéraient un aggiornamento de la politique de l’État outre-mer, ne voilà-t-il pas que” le brave pote “avec lequel on devisait en toute complicité sur les bancs de l’Assemblée Nationale se transforme soudain en horrible père fouettard. Il prend en effet un malin plaisir à lister toutes les carences et insuffisances de la CTM . En résumé : la responsabilité de la situation financière préoccupante de la CTM, (180 millions de déficit selon les chiffres communiqués ),n’incombe pas à l’État qui ne lui doit rien mais à ses gestionnaires (suivez mon regard !), et d’un ! Le développement de la Martinique est entravé par l’absence d’un projet global à 20 ou 30 ans qu’il revient aux responsables politiques locaux d’élaborer collectivement avec la population, l’État pour sa part étant prêt à apporter son soutien, et de deux ! La continuité territoriale pour l’alignement des prix sur la métropole, il n’y faut plus songer et de trois ! Suit un florilège de propos en forme d’admonestation : «Ma seule boussole est l’efficacité des politiques publiques et la bonne gestion des finances locales,je regrette à cet égard la faible consommation des fonds européens …les évolutions statutaires ne sont pas une fin en soi mais un moyen de mieux répondre aux besoins des populations ou encore, l’aspiration institutionnelle ne doit pas être une manière d’éluder les problématiques économiques et sociales » et de quatre, fermez le ban! Deuxième déconvenue et non des moindres: Justin mon bon Justin que me fais-tu donc là,voudrais tu toi aussi me crucifier ? Tu dénigres ma seule raison de vivre en l’assimilant à «un réflexe conditionné de focalisation sur les questions institutionnelles»,tu tiens pour quantité négligeable ma revendication insistante pour l’octroi d’un pouvoir normatif et fiscal local, car selon toi il revient à mettre la charrue avant les bœufs,faute d’avoir su créer par l’exploitation systématique des compétences existantes les ressources conditionnant son efficacité. Tu ramènes à l’utilisation de mots magiques sans consistance (rupture,changement de paradigme) mes géniales initiatives, comme celle de tenir successivement quatre congrès, dont les conclusions restent hélas à désirer .Tu m’enjoins de sortir de la facilité des diagnostics non suivis d’actions concrètes, de passer aux actes, d’anticiper, bref «de dégager pour ce territoire une vision, une ambition et des perspectives » mais c’est fixer la barre bien trop haut pour moi . Je n’ai, tu le sais bien, rien d’autre à proposer à la jeunesse avide d’explorer les voies de l’avenir, qu’un discours idéologique éculé sur les temps révolus de l’esclavage et de la colonisation, agrémenté de la reconnaissance du” kreol “ comme langue officielle, pour satisfaire les desiderata de mon nouveau mentor.Mais ce qui m’a fait le plus mal venant de toi, je dois l’avouer en toute humilité, c’est que tu aies pu mettre en doute ma stature de leader charismatique que le bon peuple attend à l’instar du messie pour, je reprends tes termes«,mettre en récit des idées fédératrices pour un projet collectif partagé». Cela m’a fait d’autant plus mal que tu ajoutes cruellement, ce qui m’enlève tout espoir, que personne ne serait assez fou pour investir sa confiance dans un de nos partis politiques (discrédités) qui prétendrait prendre en charge les changements souhaités par la population. Ultime déconvenue qui résonne comme le dernier clou apposé sur le cercueil du PPM, la démission fracassante de Johnny HAJJAR dont la trajectoire politique et idéologique ne converge plus à l‘entendre avec celle de ce parti ayant épousé une ligne directrice en rupture avec les principes fondamentaux d’humanisme, de responsabilité et de progrès, affichés ostensiblement par le Césairisme. Que me reste-t-il donc dans cette tablature ? À pouponner, comme m’y invite le cadeau qu’a bien voulu me faire le ciel en guise de rédemption !
Pierre -Alex MARIE-ANNE