Paris – Avec l’enseignement à distance, les parents d’élèves font « ce qu’ils peuvent », entre télétravail et tâches ménagères, pour maintenir une continuité scolaire à la maison, décrivant parfois une mission « quasi ingérable » à assumer.
« Dès les premiers jours, on a reçu plein de directives pour les devoirs, une charge de travail importante, des choses à rendre dans des délais courts, ça met la pression à tout le monde« , regrette Marie, maman d’Elodie, élève de 4ème dans un collège de Paris.
Pour cette mère de famille qui continue son travail de conseillère en communication depuis la maison, « la clé du succès repose sur l’organisation mais avec des petits de 5 et 3 ans par ailleurs à gérer, tout part vite à vau-l’eau« , ajoute-t-elle. Et parfois, « c’est quasi ingérable, on pète un plomb« , lâche-t-elle.
Même chose pour Valérie, maman d’une enfant en 5ème et de jumeaux en CM2, scolarisés dans le Vaucluse. « La classe à la maison prend énormément de temps, les exercices ne sont pas lisibles sur tous les ordinateurs, du coup, ce qui doit prendre 45 minutes en prend le double« , affirme cette mère de famille en « surébullition la semaine dernière avec tout à mener de front à la maison« .
« Là, les enfants commencent à comprendre que ce confinement n’est pas synonyme de vacances et y mettent plus de bonne volonté« , se rassure-t-elle.
Selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, « la majorité des parents font ce qu’ils peuvent: il y a le télétravail, la maison à gérer et sans doute que les enseignants ont demandé trop de choses au début dès la première semaine, il faut donc maintenant réajuster« , propose-t-elle.
C’est d’ailleurs ce qu’a proposé lui-même le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer cette semaine.
La première semaine « a été très volontariste; le retour qu’on a eu de la part de beaucoup c’était que parfois il y a même eu une surcharge de travail pour les élèves« , a-t-il avoué vendredi sur TF1.
– « Réguler la situation« –
« Nous allons réguler la situation de façon à ce que nous puissions planifier les prochaines semaines de manière équilibrée pour l’ensemble des élèves de France« , a même concédé le ministre mercredi interrogé à l’Assemblée nationale.
Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du SE Unsa, « c’est le discours du ministre (Blanquer) qui a engendré cette pression, car il a tout de suite parlé de la nécessaire continuité pédagogique. Chez les profs, cela a créé un peu d’affolement, avec la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir placer le curseur entre les acquis à revoir et les nouveaux apprentissages à lancer« , explique-t-il.
« Nous demandons au ministre de dire explicitement qu’il faut garder des objectifs modestes. Car la grande crainte c’est le creusement des inégalités« , a-t-il lancé.
Alexandra, 13 ans, en classe de 5ème dans un collège privé du Val-de-Marne cite en exemple « la prof de maths » qui depuis le début du confinement « donne vraiment plus de devoirs que les autres enseignants, c’est un peu beaucoup, ça stresse« , témoigne cette « bonne élève » selon sa maman.
« La prof de français vient même de nous envoyer 65 exercices à faire, on ne sait pas pour quand« , glisse cette adolescente, un peu perdue.
« Pour certains, c’est la douche froide car on leur demande jamais autant en cours. Là, ils sont tous seuls devant leurs ordinateurs, ils galèrent…« , raconte Coline, professeure d’histoire-géographie dans un collège en Seine-Saint-Denis.
« Le problème, c’est qu’au collège, avec 10 profs différents, on a 10 façons de faire différentes aussi et donc au bout d’un moment ni l’enfant ni les parents ne comprennent ce qu’il faut vraiment faire et alors ça crie et ça a beaucoup crié la première semaine« , confie Julie, maman d’une collégienne en 5ème à Vincennes près de Paris.
Source AFP