— Yves-Léopold Monthieux —
Pas grand monde n’avait compris la récente lettre de Serge Letchimy de décembre dernier annonçant une catastrophe si le démarrage du TSCP avait lieu, comme annoncé par Louis Boutrin en ce début d’année. Il avait surpris même parmi ses proches. On sait cependant que l’ancien président de la région qui avait été maire de Fort-de-France et président de la CACEM, et qui avait annoncé ce démarrage dès décembre 2015 (sans le croire lui-même, bien évidemment), bref, celui qui a tenu le projet par tous les bouts, est très certainement l’élu qui connaît le mieux le dossier – sans doute mieux que AMJ. Il avait eu la maîtrise de l’ensemble des éléments : le TCSP lui-même, la Cacem et la CFTU, et avait été à l’origine de la plupart des grandes décisions (l’appel à VINCI, les tracées des voies, les ouvrages d’art…).
N’y a-t-il pas un décalage entre la sévère mise en garde du député et l’apparent optimisme manifesté récemment par les actuels dirigeants de la CACEM et de la CFTU ? Cela ressemble, à s’y méprendre, à une prise de distance et de date de Serge Letchimy dans l’hypothèse d’un éventuel futur partage de responsabilités.
Par ailleurs, autre bizarrerie, on n’a peut-être pas suffisamment fait attention à l’idée émise au détour d’une phrase par Louis Boutrin, au cours d’une interview, sur la possible constitution d’une régie pour faire fonctionner le TCSP. Cela aggraverait les difficultés de la CFTU, dotée d’un parc vieillot et déjà endettée, qui compterait sur la CTM pour se refaire une santé. Au contraire, il se verrait peut-être déposséder de ses lignes les plus rentables, entre Fort-de-France et le Lamentin.
Il semble que les problèmes budgétaires qui avaient été pressentis – pas seulement par l’homme de la rue – soient au rendez-vous. Les difficultés financières toucheraient la CTM et plus encore la CFTU.
Le coup de frein donné par AMJ semble dire qu’il préfère supporter l’impopularité d’un TCSP qui ne démarre pas que la responsabilité d’une faillite générale que pourrait entraîner un démarrage trop risqué. Ce serait un comble pour le leader du MIM dont on connaît le fétichisme en matière d’équilibre budgétaire, que de terminer sa carrière par un échec retentissant sur ce terrain.
Cependant, à regarder de plus près, Serge Letchimy et Alfred Marie-Jeanne pourraient se retrouver sur la même ligne : celle qui précède le saut vers la catastrophe, aucun des deux ne voulant payer les pots cassés.
Fort-de-France, le 23 janvier 2018
Yves-Léopold Monthieux