— Par Danielle Laport, sociologue —
Les journées des 16 et 17 juillet 2020 ont livré des scènes de violence choquantes et inadmissibles qu’il convient de dénoncer ! D’un côté la police lance la charge contre les manifestants bousculant et faisant chuter lourdement jeunes et moins jeunes, blessant un jeune Martiniquais et de l’autre côté les manifestants agressent le Maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, venu sur les parvis de la mairie, les écouter et échanger avec eux.
Si l’agression du jeune Keziah a provoqué l’indignation et c’est normal car inconcevable qu’un jeune soit agressé de la sorte, l’agression de Didier Laguerre a pour sa part explosé les contours de la raison. Discutant avec les manifestants, Didier Laguerre a été enchaîné, oui, enchaîné par un manifestant ! En l’enchaînant ainsi, que voulait démontrer ce manifestant ? Imaginez une seconde ce qui se passerait si Didier Laguerre avait repoussé ce manifestant pour se protéger… Visiblement le tambour cassé semble avoir beaucoup plus de valeur et d’importance pour les manifestants que la LIBERTÉ ! Le tambour ne vibre-t-il pas pour la LIBERTÉ ?
Le militantisme politique est en danger
Comment interpréter la sacralisation de ce tambour cassé et dans le même temps la privation de liberté pour le maire de Fort-de-France ? Car enchaîner, c’est priver de liberté ! C’est contraindre ! C’est soumettre ! C’est assujettir ! C’est anéantir ! C’est déshumaniser ! La chaîne qui symbolise l’esclavage semble-t-elle convenir à certains manifestants martiniquais pour mettre d’autres Martiniquais en soumission, en esclavage ? Déroutant pour l’intellect ! Un élu, doit-il subir la poignante caricature de l’esclave parce qu’il a brigué démocratiquement les suffrages des citoyens ? Un élu serait-il taillable et corvéable à merci ? La démocratie est en danger, le militantisme politique et syndical l’est également.
Les revendications et combats pour une Martinique moins inégalitaire, plus équitable, pour une juste répartition de la richesse sont indispensables, mais la manière de faire pour y parvenir risque de rendre impopulaires et vains ces combats. L’engagement de la jeunesse est nécessaire, parce que chaque génération doit poser sa pierre pour la décolonisation. Doit-on pour autant utiliser les mêmes méthodes que les colonisateurs ?
Danielle Laport, sociologue