— Par Yves-Léopold Monthieux —
Et voilà que la question institutionnelle s’invite au débat guyanais. En dépit de l’ampleur des mécontentements et de la présence du drapeau guyanais au cours des manifestations, il était apparu que les revendications s’inscrivaient dans le strict cadre d’appartenance à la république française. Les déclarations des communicants des « 500 frères » ne tarissaient pas de références à leur condition de Français. Devant l’échec des négociations une nouvelle revendication s’ajoute donc au cahier des doléances : la reconnaissance à la Guyane d’un nouveau statut politique. On est mal renseigné sur cette nouvelle donne, mais s’il s’agit d’un réflexe de dépit dû au moindre succès de la démarche, son expression était inévitable. En effet, ce n’est pas en deux ou trois jours, loin des bases du pouvoir de décision, que des sujets qui appellent une grande expertise et des accompagnements budgétaires significatifs, que des solutions définitives au problème soient proposées sans que le gouvernement ne soit accusé de démagogie. Par ailleurs, pour les partisans du progrès dans la République l’éruption guyanaise se produit au pire moment du calendrier politique, à moins d’un mois d’échéances électorales qui pourraient faire vaciller la 5ème République.
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Politiques
En Guyane tout est vu, entendu et connu, sauf la solution
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Plus d’habilitations, plus de responsabilité, comme entendu de la bouche d’un sénateur guyanais, ne changeront pas grand chose à l’affaire, les pouvoirs locaux n’ont pas démontré leur aptitude à mieux faire que l’Etat lorsque l’occasion leur est donnée. Et puis, comme le dit un observateur guyanais, personne ne parle d’autonomie ou d’indépendance. Pour sa part, traduisant sans doute l’opinion dominante, un député ne cache pas son impuissance. Il ne voit pas, dit-il, comment les choses peuvent se régler. Donc pas de proposition autre que sectorielle : sécurité d’abord, santé, école, etc… la norme, en quelque sorte. Ce sont les désidératas auxquelles s’ajoutent, comme pour faire couleur locale, des susurrements identitaires.
Evidemment, les Guyanais auront des satisfactions et la grève générale sera levée comme toutes les précédentes. Mais quelles satisfactions et pour combien de temps ? Ils obtiendront des moyens nécessaires pour affronter les difficultés présentes qu’on peut résumer par un gros chèque. La situation de la Guyane ne sera pas réglée pour autant.
Car fondamentalement, (pourquoi se le cacher ?) c’est l’existence d’une Guyane française qui fait problème, en raison de son niveau de vie et de démocratie qui alimente des convoitises au sein des populations voisines, mais que les Guyanais, en tant que citoyens français assumés, entendent conserver, améliorer ou, à tout le moins, ne pas voir se détériorer.
Politiques
Disparition du père de la région monodépartementale
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Quelle empreinte aura laissé Emmanuelli sur le parti socialiste ? C’est la question posée ce matin après la disparition de l’ancienne figure du parti socialiste. Au moment où le passé de banquier d’un candidat à l’élection présidentielle anime la controverse, on rappelle que le dignitaire socialiste avait eu, lui aussi, de hautes responsabilités à la banque Rothschild avant d’embrasser une longue carrière politique. Sa réputation d’homme de gauche ne s’en sera trouvée nullement altérée. On pourrait également évoquer la condamnation judiciaire de l’ancien trésorier du Parti socialiste, sans pour autant lui reprocher sa probité personnelle. Mais pour un Martiniquais, le nom d’Henri Emmanuelli devrait avoir une consonance particulière.
En effet, s’il est vrai que le ministre de l’intérieur de l’époque, Gaston Defferre, est considéré en France comme le père de la décentralisation, c’est son jeune secrétaire d’Etat aux DOM, Henri Emmanuelli, qui a porté à bout de bras la régionalisation en outre-mer. L’étape inoubliable est la réaction de ce dernier suite au rejet par le conseil constitutionnel de son premier projet institutionnel qui consacrait le remplacement du département par une collectivité élue à la proportionnelle.
Politiques
Le TCSP se termine comme il avait commencé : par une menace européenne !
— par Yves-Léopold Monthieux —
On se souvient qu’au premier trimestre de l’année 2003, une réunion d’urgence des élus du conseil général et du conseil régional avait été fixée par le préfet Michel Cadot. Il s’agissait de répondre aux exigences de l’Europe qui trouvait long le temps de réaction des élus martiniquais à sa décision à prendre une part financière déterminante à la construction du projet de TSCP. En effet, la date limite pour la mise en place des procédures approchait et seul le préfet, apparemment, s’en était aperçu. Afin de déclencher les opérations, sous peine d’annulation du projet, le représentant de l’Etat prit l’initiative de réunir en toute hâte à la préfecture les élus des deux collectivités. La salle Félix-Eboué avait été préparée et équipée pour la circonstance du matériel de sonorisation et de projection nécessaire.
La séance allait débuter quand le président de la région prit la parole pour indiquer l’incongruité, selon lui, de la présence des élus martiniquais dans les locaux de l’Etat pour l’organisation de cette importante rencontre des élus martiniquais. Il invita sur le champ ses collègues des deux collectivités à se transporter au conseil général, à quelques centaines de mètres, pour continuer la séance de travail.
Politiques
Les partis politiques martiniquais doivent-ils ignorer Marine Le Pen ?
— ParYves-Léopold Monthieux —
Dans la chronique publiée sur divers supports, le 30 novembre 2015, je posais la question suivante : Que feront les martiniquais si Marine Le Pen devient présidente de France ? Je disais « des hommes politiques martiniquais, [qu’] ils seraient bien inspirés de se pencher sur la perspective de l’arrivée au pouvoir du Front national qui, comme l’explique l’historien François Durpaire, ne peut plus être considérée comme une vue de l’esprit. L’avenir de la Martinique mérite mieux qu’une ruée vers l’aéroport Aimé Césaire pour s’opposer à la descente de l’avion d’une présidente de la république ».
Nous sommes en mars 2017. « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Cette citation pourrait s’appliquer au rapport de Marine Le Pen aux Antillais. Si cette dernière n’est pas venue aux Antilles, des Antillais sont allés à elle, à la Foire agricole de Paris, où ils lui ont offert l’un des meilleurs accueils. Aux résultats de la prochaine élection présidentielle, il sera possible de mesurer le nombre d’électeurs martiniquais approuvant l’évènement. Si la présence de Juvénal Rémir n’a pas surpris, des martiniquais sont consternés par celle de Jean-Charles Brédas.
Politiques
Macron aura-t-il un destin national ?
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Je vous adresse une communication en deux parties que j’ai fait paraître sur mon mur facebook les 9 et 10 janvier 2017. Au moment où j’écris ce courrier, les deux textes ont été lus respectivement 201733 et 201716 fois. Ils m’ont été inspirés par trois idées.
La première est que la ligne de partage gauche-droite est obsolète (c’est manifeste en Martinique) et que s’y accrocher relève d’une forme de conservatisme voire de paresse. C’est ainsi que le repli identitaire remplit le vide de la pensée politique avec ses relents d’ostracisme et de xénophobie. Ce recul est classé à l’extrême-droite en métropole, à gauche en Martinique, preuve de la vacuité de ces notions.
Deuxième idée : la 5ème république est sur le point d’atteindre le record de longévité détenu par la 3ème république, 70 ans. Or elle s’essouffle : les modifications qui lui ont été apportées, le retour de la prépondérance des partis politiques ainsi que la détérioration des mœurs et des pratiques en ont altéré l’esprit et l’efficacité.
Troisième idée : au moment où des phénomènes politiques bousculent l’Europe et l’équilibre du monde, il m’est apparu que la France ne pouvait pas demeurer quasiment le seul pays occidental où il ne se passerait rien d’important au plan de son organisation politique.
Politiques
La colonisation : Claude Askolovitch se rallie à Césaire
— Par Yves-Léopold Monthieux —
« Les politiques qui fustigent Emmanuel Macron en pensant capter le pays devraient entendre un poète disparu, qui parlait il y a 67 ans de notre colonialisme; ses mots font pièce à leur ignorance. Martiniquais, Aimé Césaire était de France, de langue, peut-être de rêves, certainement de blessures, absolument d’intelligence. Il n’avait pas les délicatesses hypocrites de notre âge ». Voilà comment débute, sur Slate. Fr, l’article de Claude Askolovitch Admettons le crime contre l’humanité du colonialisme.
Ce titre aurait pu s’écrire par l’affirmatif tant l’adhésion de l’intellectuel à cette assertion paraît évidente. Il réagit à l’interview sur la colonisation française qu’a donnée Emmanuel Macron au cours de son récent séjour en Algérie. On connaît l’esprit vif et tranchant de ce turbulent chroniqueur que l’honnêteté intellectuelle n’interdit pas de revenir sur certaines de ses positions. La réaction de cette tribune ayant lieu dans l’urgence, je n’ai pas retrouvé l’article à charge qu’Askolovitch avait rédigé dans le Nouvel Obs, il y a une quinzaine d’années, contre Aimé Césaire et plus particulièrement contre Discours sur le colonialisme.
Je me souviens simplement que le chroniqueur était particulièrement remonté contre le poète pour le rapprochement que celui-ci avait fait entre le nazisme et le colonialisme.
Politiques
Jean-Philippe Nilor sera-t-il, au Sud, le vrai candidat du PPM ?
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Dans mon livre MARIE-JEANNE, la fin d’une époque, j’écrivais :
« Le crime de parricide n’a pas eu lieu, ou pas encore, au moment où s’écrivent ces lignes [décembre 2014], mais il y a un tel désordre dans la famille qu’il n’est plus utopique d’envisager l’éclatement du MIM et l’émergence de l’axe NILOR – AZEROT (…) Ne dit-on pas que Jean-Philippe NILOR, qui n’est plus très à l’aise dans un parti indépendantiste, serait depuis longtemps acquis à cette idée. La réponse se trouve peut-être dans cette déclaration alambiquée du député qui laisse pantois plus d’un affidé du MIM. Il a affirmé, le dimanche 30 novembre 2014 à la télévision, qu’il n’est pas indépendantiste mais « anti-dépendant ». Comprenne qui pourra : il ne lui resterait peut-être plus qu’une marche à franchir pour intégrer la famille autonomiste. »
N’est pas BRUTUS qui veut et lorsqu’on veut tuer le père il est dangereux de manquer sa cible. Le processus a été lancé et seule la victoire inattendue de GRAN SANBLE POU BA PEYI-A AN CHANS à l’élection de la CTM semble avoir repoussé l’échéance fatale.
Raphaël Confiant
Le citoyen Confiant tel qu’en lui-même, écrivain, indigné, excessif : intellectuel.
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il n’existe pas d’hommes qui soient vertueux à tous les moments de leur existence. Plus une personnalité politique, intellectuelle ou humanitaire s’exprime dans la durée, plus il risque de dévier aux valeurs qui l’ont construite. Et, dans le cas contraire, plus elle a des chances de se rattraper. Je l’ai récemment relevé pour Gandhi qui s’était révélé un théoricien raciste avant de devenir l’humaniste qu’on a connu. J’ai ainsi comparé le jeune disparu Frantz Fanon, à l’image immaculée, et le vénérable Aimé Césaire, dont la dernière phrase n’avait pas franchement ravi tous ses fidèles : « Nous avons besoin de vous [la France] car c’est grâce à vous que nous survivons ». Reste que le buste de Gandhi continuera de siéger dans la ville de Césaire alors que, chargée par de faux historiens, Joséphine n’y a pas droit de citer. Mais les critiques qui visent l’écrivain Raphaël Confiant tiennent à ses sorties de route, pas à sa longévité politico-littéraire. De sorte que bien de ceux qui ne supportent pas les écarts de l’homme public restent amoureux de son œuvre.
Politiques
Nou Pèp La : est-ce du ripolinage politique ?
— Par Yves-Léopold Monthieux, —
La rentrée politique de NOU PEP-LA à Terpsichora, au Lamentin, avait de la gueule. On se rappelle que Marcellin Nadeau avait su donner un air original à sa participation à l’élection de la collectivité de Martinique, en décembre 2015. Les adversaires les plus déterminés de l’indépendance avaient reconnu l’intelligence du discours de celui qui avait su élever le courant politique qu’il représente (GRS, CNCP et MODEMAS) à un niveau électoral jamais atteint. Ce ne sont pas ses vieux compagnons, les spécialistes du passé, qui diront le contraire. Seul le slogan, « An nou poté mannèv » , emprunté au vocabulaire guadeloupéen, pourrait faire tiquer les défenseurs de l’identité martiniquaise. Mais l’import en tous genres n’est-il pas devenu, avec la culture du passé, la marque de fabrique de la Martinique ?
Lorsque la science est portée par le militantisme c’est toujours le militantisme qui l’emporte
Cette originalité s’est retrouvée lors de la rentrée politique de NOU PEP-LA, à Terpsichora. Elle s’est distinguée de celle des autres partis politiques en ce qu’elle a paru vouloir donner la primeur au débat d’idées.
Sociologie
L’icône Gandhi va-t-elle trébucher ?
— Par Yves-Léopold Monthieux —
« Comme quoi, nul n’est complètement « pur » et « clair » dans les référencements historico-raciales… ». C’est par cette phrase qu’Antilla termine l’introduction de l’article parue au numéro 1737, « Gandhi, précurseur de l’apartheid ?… ». A cette affirmation négative qui pourrait être mienne, j’ajouterai, comme Martin Luther King, que tout homme a en lui un raciste qui sommeille. Mais de même qu’il n’y a pas d’amour sans preuves d’amour, en fait de racisme on ne retient que les actes. Les actes que son tempérament, son éducation, ses convictions religieuses, ou plus généralement sa culture, n’ont pas su permettre à l’individu de refréner.
En effet, depuis quelques mois monte une petite musique qui tend à remettre en cause la statue de Mahatma Gandhi. Valeur refuge au lendemain des deux guerres mondiales et au temps de la guerre froide, la stature de cet homme a servi de modèle au monde entier pendant près d’un siècle. Pourtant aucune des révélations qui viennent écorner la réputation de l’homme illustre n’était inconnue. Sauf que des déclarations qui étaient naguère jugées iconoclastes sont possibles aujourd’hui.
Politiques
Où sont passés les magistrats et les hauts fonctionnaires martiniquais ?
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Soyons clairs, la disparition des fonctionnaires métropolitains en Martinique n’est pas pour demain. Même en cas de séparation d’avec la France, les Martiniquais pourraient encore en être demandeurs. Cependant, l’image donnée par les réunions des chefs de service de l’Etat et de la justice ne laissent pas de choquer, à juste titre, en raison de la présence quasi exclusive de responsables métropolitains lors de ces rencontres.
La ministre et les autres : « un pruneau dans un verre de lait ».
A cet égard, deux photographies parues dans la presse, l’une prise tout récemment à l’hôtel de police, l’autre au cours d’une réunion de travail avec l’ancienne ministre des DOM paraissent caricaturales. Au cours de sa visite aux policiers, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazenave, était entouré par quatre directeurs de la maison, tous des Blancs. Lors d’une séance de travail, peu avant qu’elle ne quitte le gouvernement, la présence de la ministre autour de la table, à la Préfecture, m’avait rappelé, dans toute la rudesse de l’époque, cette pawol bô kay décrivant une personne de couleur noire, perdue au milieu d’une compagnie de Blancs : « un pruneau dans un verre de lait ».
Politiques
FIFA : la nouvelle marotte martiniquaise
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Ainsi donc, le ministre des sports vient de renouveler son désaccord pour l’affiliation directe du foot-ball martiniquais à la FIFA. C’est devenu l’obsession d’une ligue qui a échoué à faire avancer ce sport dans le cadre et selon l’esprit qu’elle s’est elle-même fixée depuis 40 ans. Mais tout, dans ce pays, se ramène à une affaire d’institutions et de pouvoirs qu’il nous manque. Il nous faut donc quitter la Fédération française pour être membre à part entière de la Fédération internationale. Dans le monde du foot-ball et sous le regard intéressé des politiques, la FIFA est devenue la nouvelle marotte.
Candidature martiniquaise à la FIFA : pour quelle politique sportive ?
La FIFA sera-t-elle le remède-miracle du foot-ball en Martinique ? Nous apportera-t-elle de nouveaux équipements ? Permettra-t-elle de remplir nos stades et de pourvoir à une meilleure formation de nos jeunes ? Permettra-t-elle d’obtenir en nombre des techniciens et des arbitres de qualité dont les insuffisances n’ont jamais été aussi fortes ? Facilitera-t-elle l’émergence d’une élite qui permettra peut-être de rencontrer la France en Coupe du monde ?
Politiques
La Martinique : vers une démographie de substitution ?
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Le vieillissement de la population martiniquaise et les désordres sociaux, politiques et économiques qui pourraient en découler ont suscité la réaction de Raphaël Confiant dans sa dernière tribune, « L’illusion de la Sylver économie ». Il estime qu’il ne pourrait se développer une économie fondée sur le vieillissement de la population que dans le cadre d’une économie globale. Or, selon lui, cette économie n’existe pas en Martinique.
J’ai souvent écrit que le mot économie n’a pas de sens, en Martinique, s’il est vrai que le prix de revient de chaque production comprend un intrant qu’on ne retrouve pas de façon systématique ailleurs : la part correspondant à l’aide de l’Etat. En effet, tant que la production ne sera pas accessible à la concurrence de nos voisins, on ne pourra pas parler d’économie· C’est dire combien il serait essentiel, pour atteindre cet objectif, que notre niveau de vie se rapproche du leur, c’est-à-dire vers le bas· Or les réactions enregistrées chaque fois qu’on parle de toucher aux 40% des fonctionnaires, qui ne sont qu’un supplément de salaire, laissent présager de celles qui suivraient l’annonce d’un rapprochement des salaires entre la Martinique et les autres îles des Caraïbes· Reste que les incertitudes du moment, la rapidité des évolutions ainsi que leurs surprenantes manifestations dans le monde, interdisent de penser que dame Fortune nous protégera toujours de ses larges ailes.
Politiques
T.C.S.P. : « ce n’est pas les autres… c’est nous! »
— Par Yves-Léopold Monthieux —
– Les fonctionnaires, médecins, avocats, commerçants et les « bonnes à tout faire ».
– L’Etat finira par opérer la suppression « à sec » des 40%.
– Il n’y a pas plus « coloniale » qu’une justice condescendante.
Il ne suffit pas d’évoquer les mânes de nos ancêtres et de dérouler la liste des savants nègres depuis Mathusalem pour justifier l’incapacité actuelle des Martiniquais à faire circuler le TCSP ; à faire fonctionner sans heurts une usine ayant reçu l’agrément de la collectivité ; à se préoccuper du réseau d’adduction de l’eau qui date de 60 ans et qui laisse échapper 30% des eaux captées à la source ; à s’inquiéter de l’absence de destination de 30% des eaux usées « contaminantes ». Ces eaux dites « grises » ou « noires », qui quittent nos cuisines, nos lavabos et nos toilettes pourraient réapparaître sous forme de maladies, voire d’épidémies. C’était la crainte de l’ancien directeur de l’ARS.
Non, ce n’est pas les Autres, c’est Nous, les responsables !
A quoi bon évoquer jusqu’à plus soif la sagesse de nos « vieux » et les vertus cardinales du peuple martiniquais, si on admet que des retraités d’aujourd’hui n’ont que 200 ou 300 euros par mois pour toute ressource alors que d’autres touchent pour les seules majorations de traitement des sommes pouvant atteindre 3 fois le SMIC.
Politiques
Green Parott : les juges martiniquais n’ont pas voulu se faire « déplumer »
— PAr Yves-Léopold Monthieux —
Ainsi donc, l’affaire du Green Parrot a été dépaysée à la demande du procureur général de la Martinique. N’est-ce pas un succès des partisans d’AMJ et de ses défenseurs ? En effet, la défense ne s’était pas privée de fournir les arguments qui auraient pu manquer à la Cour de Cassation pour prendre cette décision. Pour preuve la plainte déposée contre le procureur de la République, « Maitre Corbeaux », ainsi moqué par le chef de file des avocats. On aurait pu s’attendre à une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux et dans la presse, les uns favorables, les autres hostiles, comme celles qui ont fusé au lendemain de phénomènes récents. Tout le monde est prudent car aucun parti politique ne se croit en situation de pouvoir tirer profit d’une éventuelle inéligibilité du président de l’exécutif de la CTM.
Aussi, le refus proclamé du dépaysement par ceux qui l’ont provoqué ne laisse pas d’étonner. Il pourrait signifier que la manifestation organisée autour du Palais de justice n’était que de la gesticulation, un joyeux happening autour d’un symbole du pouvoir régalien.
Politiques
Case-Pilote : le « Tous Créoles » est en marche
— Par Yves-Léopold Monthieux —
Le moment approche où les Martiniquais se lasseront de la chronique permanente qui met en scène les rapports entre les hommes politiques et les békés. Il est de règle pour les partis politiques de gauche d’afficher leur détestation de ces Martiniquais, lesquels sont porteurs, selon eux, de la triple tare de descendants d’esclavagistes, de patrons capitalistes et de Blancs pays. Il y a peu de martiniquais qui, à l’un de ces titres ou aux 3 à la fois, ne pourraient pas trouver matière à poursuivre cette aversion qui instille le discours de la société martiniquaise. Sauf que tout le monde se fatigue et qu’au moment où chaque citoyen tient en permanence à la main un appareil photo enregistreur, il devient impossible de camoufler les contradictions. Les instruments qui ont trahi le vieil homme sont les mêmes qui trahissent ceux qui le condamnent. Il ne suffira plus de posséder en douce, honteusement, son « bon béké » ou son « bon métro » tout en stipendiant la gente des békés et celle des métropolitains. Halte à l’hypocrisie : les hommes publics se verront de plus en plus obligés de parler vrai.