Étiquette : Yves-Léopold Monthieux

Selon Pap N’Diaye : racisme dans l’État et non racisme d’État en France.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La nomination de Pap N’Diaye comme ministre de l’Education ne devrait pas conduire à des réactions binaires sur la solidarité de couleur. Certes, un Noir à cette fonction est en soi un élément de fierté pour les Noirs. De même, eu égard l’importance du département ministériel concerné, la notoriété de chercheur sur « la condition noire » de son nouveau titulaire justifie que les Noirs attendent de lui des progrès dans leur rapport à la société. Mais le ministre noir n’est pas le ministre des Noirs, il est un ministre français chargé d’appliquer la politique du gouvernement même si sa sensibilité idéologique a été prise en considération pour sa nomination.

Il serait donc présomptueux de tenter de disserter sur les subtilités de la pensée de cet intellectuel de haut niveau et juger de la pertinence de sa promotion. Cependant, deux idées énoncées par N’Diaye me rappellent ma tribune du 29 novembre 2020 après la bavure policière dont avait été victime à Paris le martiniquais Michel Zécler. Suite à un débat télévisé tenu à propos de cet incident, j’écrivais : « Quand sur un plateau de télévision, le journaliste animateur déclare une demi-douzaine de fois qu’il ne comprend pas pourquoi Michel Zécler a été traité de la sorte par les policiers, que tout le monde, et sans doute le journaliste lui-même, tient la réponse au bout de la langue … et que personne ne répond : « parce qu’il est noir », je le regrette, ce silence est raciste ».

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Le monde de la sobriété approche, les règles de la société ne seront plus les mêmes.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Lorsque les inégalités sociales sont internes aux démocraties, elles conduisent à des exigences et des mouvements sociaux tels qu’ils pourraient, en France, faire un enfer du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Alors que l’heure serait à l’effort et au renoncement, notre démocratie n’a cure de circonstances exceptionnelles. Le « pouvoir d’achat », le « toujours plus » et « le mieux-être » avant la pandémie du Covid 19 et ses suites, la situation économique précaire du pays et les incertitudes de la guerre en Ukraine. Les fluctuations de ces valeurs sont en occident ce que la gêne, la faim ou le risque de mourir sont dans les pays de l’Est, d’Afrique ou d’Amérique du Sud : un sujet de troubles, voire d’émeutes. C’est peu dire que dans leur quête, l’instituteur français, le soignant, l’ouvrier ou même le tributaire de l’assistance publique sont loin de se préoccuper de leurs collègues, parfois cent fois plus malheureux, de l’Inde ou de Chine, de Dominique ou d’Haïti. C’est l’illustration de l’égoïsme des peuples : le toujours plus chez soi avant la solidarité avec l’autre.

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La boucle du « Le Pen déwò » est-elle bouclée ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Plusieurs manifestations avaient été prévues pour perturber le séjour de Jean-Marie Le Pen en Martinique au cours de l’année précédant l’élection présidentielle de 1988. Le comité d’accueil de l’intéressé à l’aéroport du Lamentin avait pour objectif un remake de l’accueil réservé, une dizaine d’années plus tôt, à Paul Dijoud, secrétaire d’Etat de l’Outre-Mer par les fonctionnaires : l’empêcher de rejoindre son hôtel par la route. La perspective de la possible suppression des 40% des fonctionnaires avait fait grand bruit et suffi à mobiliser bien au-delà des syndicats, de sorte que l’ampleur de la manifestation avait obligé le ministre à rejoindre par hélicoptère la résidence préfectorale. En ce qui concerne Jean-Marie Le Pen, il n’avait pas été question, sauf quelques initiatives isolées et marginales, d’empêcher l’avion d’atterrir. Mais les choses se sont produites presque naturellement.

En l’absence de service d’ordre adéquat, les manifestants ont traversé comme dans du beurre la ligne de contrôle des passagers. Des militants connus en témoignent encore aujourd’hui : ce n’était pas l’attaque du Moncada. Entourés de la foule dense des accompagnateurs des passagers arrivant et partant, enfants compris, les manifestants se sont retrouvés sans vraiment sans rendre compte sur le tarmac qui était devenu inapte à l’atterrissage de l’avion.

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L’assimilationnisme d’extrême-gauche : nouvelle réalité ou révélation ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi apparaît pour la première fois sous la plume de Raphaël Confiant, du moins à ma connaissance, l’expression d’un assimilationnisme d’extrême-gauche naissant en Martinique. Depuis l’avènement du statut départemental d’outre-mer, l’histoire politique martiniquaise est celle de l’opposition supposée entre les assimilationnistes de droite et de gauche dans un assimilationnisme global assumé par tous. En effet, les oppositions sont de méthodes, de visées électorales et ne concernent jamais la remise en question de l’assimilation.

La lutte pour le pouvoir n’a pas occulté l’ambition commune même si le vocable « assimilation » a été accolé à la droite. Utilisée comme pour se défaire d’une tare supposée, l’expression « droite assimilationniste » est amusante dans la bouche des communistes qui ont inspiré la loi d’assimilation de 1946 puis l’ont ardemment défendue avec l’aide de la courroie de transmission du parti, le syndicat CGT. Fer de lance de l’application à la Martinique des lois sociales et aiguillon de la droite, l’objectif était de faire en sorte que la Martinique soit le plus possible un « département à part entière », souci partagé par Césaire lui-même, qui l’a formellement exprimé et traduit en plusieurs actes dont le moratoire.

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Des marges d’autonomie de la CTM pour la baisse des prix et la gestion du littoral

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La CTM vient de prendre deux décisions qui pourraient apporter une marge d’autonomie dans les domaines concernés : la maîtrise des prix et la gestion du littoral. Il est facile de porter un jugement hâtif et non circonstancié sur ces deux aspirations. Sur les réseaux sociaux les inconditionnels des deux côtés épousent d’assez près les camps politiques, alors que les élus évitent le débat, certains pour ne pas paraître faire obstacle au désir d’autonomie. Ainsi ces sujets ne sont abordés au fond ni dans les partis politiques ni les assemblées ni dans ces réseaux sociaux.

La baisse des prix qui est la préoccupation essentielle du moment appelle quelques interrogations. D’abord le nombre de produits de première nécessité peut étonner, et pas seulement le candide ou consommateur lambda : les prix devront être encadrés pour 1000 d’entre eux. Quel est ce millier de produits dont le martiniquais nécessiteux ne pourrait pas se passer ? On peut penser qu’en font partie plusieurs articles et plusieurs marques d’un même produit. Cet objectif peut paraître ambitieux et rappelle les 5000 emplois prévus à 2 reprises, en 1983 par le conseil économique et social qui s’était cru investi de cette mission, et Serge Letchimy dans une précédente responsabilité.

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Élections nationales : les résultats des DOM ne sont plus attendus

 Par Yves-Léopold Monthieux 

Aux différentes causes retenues pour justifier le désintérêt des Martiniquais pour les élections nationales, dont la pertinence n’est pas discutable, il me semble utile d’ajouter quelques éléments qui paraissent fondamentaux pour rompre avec la récurrence de certaines justifications énoncées ce mercredi soir dans un exercice d’explications montré à la télévision.

L’avènement du quinquennat et la fixation des élections législatives au lendemain des présidentielles a puissamment diminué l’intérêt pour les législatives et celui du gouvernement pour les résultats des DOM aux élections nationales, en général. A cet égard, l’année 2001 est un moment déterminant avec la concomitance des deux élections nationales majeures de la République. De ce fait, l’élection de ces hautes institutions a perdu en solennité et en légitimité jusqu‘à ébranler les fondements de la Cinquième République. Avec le septennat présidentiel et la durée de cinq ans du mandat législatif, il y avait nécessairement une élection législative découplée de la « présidentielle », qui était un moment de grande respiration démocratique. En effet, en permettant à la démocratie de faire appel à l’opinion en cours de mandat présidentiel, le renouvellement de l’Assemblée nationale, à terme ou après dissolution, avait du sens : confirmer une politique ou en changer par le biais de la « cohabitation ».

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Les départements d’outre-Mer au tri de l’histoire martiniquaise

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Lorsque le mot «  autonomie «  est prononcé par un ministre, le ban et l’arrière-ban des autonomistes se tortillent le d… en se plaignant que décidément léta fransé ne comprend rien aux aspirations des deux départements de Guadeloupe et de Martinique. « Nous voulons, disent-ils, plus de « continuité territoriale «  et être aussi bien traités – les spécificités en plus – que les départements de Métropole, pardons, de …l’Hexagone ! » En effet, première spécificité, la Martinique est la seule « colonie » au monde qui n’ait pas de métropole, elle a juste une «  hexagone « . Et pourtant en cette date anniversaire de la création des départements d’Outre-Mer, tout le monde se tait : les historiens, la presse, les politiques, la gauche, la droite, les collectivités. Le département et tout ce qu’il a apporté aux Martiniquais peuvent être effacés de l’histoire.

Ne nous trompons pas. On ne peut que saluer l’apport des recherches effectuées sur l’esclavage transatlantique qui est essentiel à la connaissance de l’histoire de la Martinique et à la formation de l’identité des Martiniquais.

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« Un projet pour la Martinique » : Pierre Petit n’avait pas été entendu.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

« Génie« , « précurseur« , « visionnaire« , « défricheur« , « inventeur« , « bâtisseur« … : il n’a jamais manqué de superlatifs pour vanter les mérites des surdoués qui ont inspiré la politique en Martinique ou y ont occupé des fonctions importantes. Ils se sont appelés Aimé Césaire, Frantz Fanon, Edouard Glissant, Marcel Manville, Pierre Aliker, Georges Gratiant, Camille Darsières… Bref, on se demande bien par quel paradoxe un aréopage d’aussi grands talents n’ait pu empêcher que la Martinique ne se retrouve dans la situation politique, morale et matérielle où elle est aujourd’hui. Celle qui conduit notamment la jeunesse-qui-réussit à quitter en masse son pays et la jeunesse-qui-rame, nombreuse, vers le destin cauchemardesque qui s’annonce.

Sans doute pourrait-on ajouter Alphonse Jean-Joseph que les problèmes récurrents d’eau potable rappellent qu’il avait apporté à bout de bras le précieux breuvage dans le sud de la Martinique ; Michel Renard, « le père de la Rocade de Fort-de-France », que la Martinique a préféré ne retenir que le surnom, « le shériff », plutôt que l’héritage que fut l’extension et la modernisation du réseau routier, la création des ancêtres de Cap Nord, du Parc naturel régional de Martinique et du syndicat des Eaux du Nord Atlantique.

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« Serge Letchimy exige le titre de Président de la collectivité de Martinique »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi se manifeste l’expression d’une des nombreuses carences contenues dans les statuts de la collectivité territoriale de Martinique (CTM). Ces dysfonctionnements sont nés de l’entrée par la fenêtre de l’article 73 de la nouvelle collectivité de dispositions prévues au titre de l’article 74, que les électeurs martiniquais avaenit sorti par la porte. Aussi, l’ancien président de la région Martinique qui se laissait volontiers appeler Président de ou « of » Martinique, paraît se trouver à l’étroit dans le rôle de Président-du-conseil-exécutif-de-la-collectivité-départementale-de-Martinique. En effet en plus de l’aspect rébarbatif de l’appellation, il s’agit, y compris pour la Martinique, d’un recul de notoriété. Cependant, en visant d’abord cette dénomination, Serge Letchimy reconnaît tout à coup que « de nombreux aspects politiques (sic) de son fonctionnement quotidien restent à éclaircir. »

Il n’a pas hésité à commencer par son statut propre en invitant les députés à « préciser le rôle du président du conseil exécutif, en qualité de président de la collectivité territoriale de Martinique (sic) ». Certains y voient une maladresse, d’autres de l’assurance et même de l’audace.

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La main invisible du désordre

— Par Yves-Léopold Monthieux —

L’expression d’Adam Smith visant en économie la régulation à laquelle aboutit les intérêts individuels dispersés, il peut paraître paradoxal de rapprocher l’idée de désordre de la notion de « main invisible », à moins que celle-ci ne se révèle être un fil conducteur susceptible, si l’on peut dire, « d’organiser » le désordre. D’ailleurs, le mot « escalade » pourrait s’ajouter à « désordre ».

A l’image des bris de monuments aux morts dans la nuit de ce samedi, lesquels s’inscrivent dans une démarche identifiable, les incendies du Carbet (si leur intention criminelle est confirmée) paraissent étrangers au mouvement dit « noiriste » ou assimilé, mais pourraient relever du même sentiment de désordre. En effet, tous les évènements intervenus depuis le premier bris de statue et même de l’équipée du centre commercial Génipa sous la houlette de Kémi Séba, ont comme fil conducteur la défiance de l’Etat et la volonté de lui porter atteinte dans le cadre de la lutte anticoloniale. La philosophie est connue, la méthode éprouvée : les militants d’idéologies diverses peuvent s’engouffrer dans le tunnel ainsi défini.

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Décembre 1959 : l’obscénité est-elle de dire la vérité ?

Par Yves-Léopold Monthieux

Le titre de ce papier m’est venu à la lecture des premières pages du Prix Goncourt 2021 La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr. Son sujet est un auteur africain quasiment « inconnu », qui avait été déclaré « honteux de l’entre-deux-guerres ». Or, selon l’auteur « la seule obscénité de son livre perdu dans un couloir du temps était d’être radicalement honnête ». On le sait, dire la vérité ou être honnête c’est un peu la même chose. On le déplore, l’histoire retenue de décembre 1959 n’est pas tout à fait faux mais, à certains égards, juste malhonnête.

Soyons honnêtes, les derniers jours de ce mois de décembre dont on fêtera bientôt l’anniversaire resteront un moment décisif de l’histoire contemporaine de la Martinique et de l’ensemble des départements d’outre-mer. Pour les uns, il s’agit d’un nouveau départ de la départementalisation en Outre-Mer, pour les autres, c’est une colonisation certes plus softnéocolonisme – que la précédente qui justifie le mouvement nationaliste naissant. Pour le pouvoir, il faut éviter tout risque de répétition de l’affaire algérienne, pour les nationalistes, le fer est chaud il faut le battre.

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Pour une Martinique un tout petit peu responsable

Par Yves-Léopold Monthieux

La seconde partie de cette tribune avait été écrite en 2013, 2 ans après la loi de juin 2011 créant la Collectivité territoriale de Martinique. Elle n’avait pas été publiée à un moment où cette création était regardée comme une promesse de progrès. La CTM mettait fin à près de 20 années d’activisme institutionnel qui avaient mobilisé les intelligences martiniquaises et immobilisé les énergies positives du pays. On ne compte pas le nombre d’entreprises tombées en faillite dans l’intervalle ou parties s’installer ailleurs, notamment en Guadeloupe. Ni le nombre de martiniquais – pas seulement des jeunes et pas seulement des diplômés – qui ont quitté la Martinique pour des cieux plus prometteurs. Ils sont près de 30 000, d’après les évaluations.

Dix ans après, les compétences nouvelles ne sont pas mises en œuvre. A une exception près, les habilitations qui avaient fait l’objet de discussions homériques sont totalement ignorées, tandis que les concours d’ego ont succédé aux joutes oratoires à propos des articles 73 ou 74, le tout servant de cache-sexe à une impéritie largement partagée.

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Les trompettes de la renommée sont soufflées par nous-mêmes

Par Yves-Léopold Monthieux

Il en est des affaires des pays ce que sont les secrets de famille. Ces derniers sont réglés entre soi et, quelle que soit l’intensité des différends domestiques, la réserve prévaut vis-à-vis du voisin ou de l’étranger. De même il n’est pas sans intérêt pour les États, les pays ou collectivités d’adopter une pareille retenue lorsqu’il peut y en avoir besoin pour se présenter aux autres. La crise sanitaire, sociale et politique qui traverse nos territoires et portée par un malaise quasi-structurel, mettent en évidence un goût surprenant pour l’exposition de nos déboires sur la place publique étrangère. Nous n’aurions donc plus la fierté de notre image à l’étranger. Au vu de la situation de dépendance totale de nos territoires, on pourrait comparer cette disposition à l’autodénigrement ostentatoire à une joyeuse tentation suicidaire.

Il ne peut pas être reproché au Martiniquais ou au Guadeloupéen de méconnaître l’histoire de la colonisation et de l’esclavage des Noirs aux Antilles. Faisons honneur aux historiens qui se sont appliqués à combler depuis la fin des années 1950 les lacunes de l’histoire.

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Autonomie : la Convention du Morne-Rouge a cinquante ans.

Par Yves-Léopold Monthieux

L’introduction par le ministre des Outre-Mer du mot ”autonomie” en plein milieu du charivari sociopolitique a jeté un froid en Martinique et en Guadeloupe. Le gouvernement aurait-il décidé de larguer les Antilles ou est-ce simplement du chantage ? Qui, croyez-vous, s’en inquiètent ? Ce sont les autonomistes, eux-mêmes. Et les indépendantistes !

Retour en arrière, moins de dix ans après le vote de la loi de 1946, un bilan négatif de l’assimilation est acté par la Fédération communiste martiniquaise au sein duquel se trouve encore Aimé Césaire. La mise en œuvre de la loi avait été laborieuse et il avait fallu attendre 1948 pour lui connaître un début d’application. En réalité, cette transformation avait été surtout décidée pour des objectifs de géopolitique, la priorité étant de reconstruire le pays. A la Fédération communiste martiniquaise, dès le milieu des années 1950, l’idée d’autonomie se substitue à l’euphorie assimilationniste. Mais si l’autonomie sera incarnée par Aimé Césaire et le PPM, on doit au Parti communiste martiniquais (PCM) la date officielle de sa naissance à la Convention du Morne-Rouge, organisée par la municipalité communiste de cette commune les 16, 17 et 18 août 1971.

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Liberté de la presse : liberté d’expression ou des patrons de presse ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

On le sait, la liberté de la presse locale est totale à l’égard du pouvoir national français. Il est possible, en effet sans encourir le moindre risque, de dire ou écrire pis que pendre sur le préfet ou le président de la République et, d’une manière générale, sur la politique du gouvernement. Cette liberté s’observe y compris sur les antennes de la station publique. En revanche écrire ou proférer un jugement négatif sur le politique martiniquais expose le média à des sanctions immédiates. « Mettre la presse au diapason », telle avait été l’ambition souvent rappelée de l’un de nos princes. De sorte que lorsqu’on s’interroge sur le lieu du véritable pouvoir politique (hors budgétaire), il est permis à bien des égards de le domicilier en Martinique où la crainte de l’élu pèse de tout son poids sur les médias locaux. Ainsi, foin des articles 73 ou 74, en matière médiatique la liberté c’est l’autonomie voire l’indépendance à l’égard de Paris.

En dessous du pouvoir politique local vient la liberté des patrons de presse. Sous l’autorité sourcilleuse du politique, ils sont chargés comme par délégation de la police de la parole.

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C’était Tapie …c’était Mitterrand : le surdoué de la transgression et le prince florentin.

Par Yves-Léopold Monthieux

Le temps n’est pas à l’évocation des fautes et erreurs qui ont accompagné chacune des facettes de l’œuvre de Bernard Tapie. Car il n’est pas de domaine investi par cet homme qui ne soit assorti de déconvenues d’égale importance que les succès remportés. Non pas pour des faits d’incompétence mais à cause d’agissements pour le moins douteux. En affaires, les méthodes qui l’ont mené au succès l’ont souvent conduit devant les tribunaux. En matière sportive ses succès incontestables ont été obscurcis par des soupçons et une condamnation judiciaire qui n’a pas été contestée.

Arrêtons-nous plutôt à sa brève et controversée carrière politique. Son talent exceptionnel dans ce domaine aussi a été instrumentalisé par le florentin François Mitterrand qui, par ailleurs, s’est beaucoup amusé dans l’exercice de sa fonction de président de la République, où il a excellé dans l’art de se jouer des personnes. On le sait, le florentin se définit comme « une personne rusée, subtile ou raffinée en référence aux princes de Florence à la Renaissance et à Machiavel ». Ainsi Tapie fut invité à tenter de freiner l’élan politique pris par Jean-Marie Le Pen que le Chef de l’État avait lui-même aidé à s’échapper pour gêner la Droite.

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« Adieu foulards, adieu madras » ne date pas du BUMIDOM

Par Yves-Léopold Monthieux

Ainsi donc, sous le titre « Vieux créoles à Paris : ils racontent leur choix de l’aventure hexagonale dès les années 1940 », un documentaire présenté par France TV rapporte des témoignages rappelant que la migration vers la France, pas encore l’Hexagone mais déjà la Métropole, n’a pas commencé avec le BUMIDOM. La célèbre chanson « Adieu foulards, adieu madras » qui avait préexisté à la venue des Indiens aux Antilles, atteste de la réalité d’une circulation des hommes qui ne fut pas que d’immigration. Toutes entières préoccupées à stigmatiser la période du BUMIDOM, la littérature et la presse n’ont pas été friandes de ce moment essentiel de la migration contemporaine des Antillais vers la France. Aussi, malgré la richesse des témoignages on ne peut réprimer une réserve à l’endroit de l’un d’eux qui n’a pas vécu durant deux années de suite en France.

Par ailleurs, dans ce « docu  » qui reconnaît le caractère valorisant de la migration à cette époque, les « plus humbles » sont encore été ignorés, qui, au prix de moyens et de circonstances exceptionnelles, parfois inavouables, trouvaient à répondre à l’appel de l’autre bord.

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L’État pris au piège des demi-mesures institutionnelles

— Par  Yves-Léopold Monthieux —

En 2001 j’écrivais mon premier essai, le Refus du débat institutionnel. J’indiquais que les partisans du changement institutionnel avaient une peur bleue que la population martiniquaise fut invitée à choisir par référendum entre les trois courants politiques qui agitaient la classe politique : le départementaliste, l’autonomiste et l’indépendantiste. Peu après allait se dérouler la consultation populaire du 7 décembre 2003, arrachée à Jacques Chirac par Alfred Marie-Jeanne. Résultat, les électeurs allaient choisir le statu quo, aidés par l’épisode du Chatt’en sac de Camille Darsières, secrétaire général du Parti progressiste martiniquais (PPM), qui fut dévastateur pour les tenants du changement.

Vingt ans après, le vrai débat institutionnel n’a toujours pas lieu

Ainsi donc, de l’avis de certains amis au nombre desquels EDL, mon livre n’avait plus d’intérêt dès lors que, selon eux, le débat avait eu lieu et que le peuple avait tranché. J’avais bien du mal à dire le contraire tant la controverse menée sur des « queues de cerises » avait été âpre. Il m’était difficile de dire qu’il s’agissait d’abord d’une lutte pour le pouvoir entre le Parti progressiste martiniquais et le Mouvement indépendantiste martiniquais, et non pour l’évolution statutaire.

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Martinique : une combinaison chimique qui pourrait exploser

Par  Yves-Léopold Monthieux
L’adoption d’un discours permanent de défiance et de rupture, méticuleusement entretenu pendant des décennies par une classe politique unanime, prenant dans la société martiniquaise les formes les plus diverses, suscitant les manifestations les plus inattendues, et qui est véhiculé par la totalité des moyens médiatiques à disposition, ne pouvait pas rester sans conséquences pour la société martiniquaise. Laquelle est, par ailleurs, paradoxalement, avec ses élus, viscéralement attachée à l’assimilation matérielle. Bref, les pieds et le ventre dans l’assimilation, la tête en dehors, le malade est atteint de schizophrénie !
Comment comprendre, dès lors, avec une divergence aussi fondamentale – assimilation assumée et volonté de rupture affirmée – au sein d’une population qu’on exhorte à faire peuple – peuple identifié : petits-fils d’esclaves, peuple empoisonné – mais dont on s’acharne à développer chez elle que des sentiments d’individualisme, qu’une telle combinaison chimique ne finisse un jour par exploser ? Telles sont les eaux grises dans lesquelles baigne la politique martiniquaise.
On sait que les populations sont parfois folles, les peuples devenir fous (celui qui écrit ces lignes est un peu fou).

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C.T.M. : pas de vraie démocratie sans séparation des pouvoirs

— — Par Yves-Léopold Monthieux —

Plusieurs curiosités ont pu apparaître lors de la mise en place des nouveaux dirigeants de la collectivité territoriale de Martinique. Elles ont été camouflées par la résolution de tous de ramener la sérénité dans une collectivité qui en avait grand besoin. S’il est normal qu’une collectivité comportant une assemblée avec une commission permanente faisant toujours partie de celle-ci autorise la confusion entre l’exécutif et l’instance délibérante, comme naguère le conseil général et la région, une collectivité qui fait la distinction entre un exécutif et une assemblée (CTM) suppose le respect d’un principe fondamental en démocratie : le principe de la séparation des pouvoirs.
En voulant mettre en place un système qui satisfasse les élus porteurs de l’autonomie de l’article 74 de la Constitution française sans mécontenter la population qui n’en a pas voulu, on est parvenu au système hybride d’un département qui a les couleurs et les rites d’un gouvernement. Les incohérences de ce système devraient déconcerter plus d’un juriste de droit public. Est-ce utile de rappeler l’absurdité qui conduit, en cas d’indisponibilité du président du Conseil exécutif, à la démission d’office des 8 autres conseillers exécutifs ?

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De moratoires en renoncements, c’est bien « la fin d’une époque »

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Faisant écho à un article paru dans la presse où l’échec d’Alfred MARIE-JEANNE, ce dimanche soir, est plus que suggéré, la vraie question peut se poser de savoir quel aura été son bilan politique. On peut s’y coller même si, nouveau miracle, la liste conduite par AMJ sortait en tête ce soir. L’issue de l’élection n’y changera pas grand-chose. Pour la commodité de l’exercice on pourrait comparer ce bilan à celui d’Aimé CESAIRE, les 2 hommes étant les acteurs les plus emblématiques de la politique martiniquaise depuis 1946. CESAIRE est quasiment entré dans l’histoire tandis que le second, qui lui avait prédit d’être jeté aux poubelles de l’Histoire, a toujours souhaité y entrer. C’est cela la rivalité entre les deux hommes et l’intérêt qu’il y a à les comparer.
On retiendra sans doute que CESAIRE sera resté pendant 55 ans maire de Fort-de-France (record de France) et AMJ, un peu moins longtemps, à Rivière-Pilote. Les deux auront connu une fortune électorale durable s’appuyant sur le populisme. Lorsqu’on voit dans quel état s’est trouvé (et se trouve encore !)

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Pourquoi une modification des statuts de la CTM paraît s’imposer.

Par Yves-Léopold Monthieux —
On ne peut que déplorer le mécanisme de mise en œuvre de la loi de juillet 2011 créant la collectivité territoriale de la Martinique (CTM). Les anomalies statutaires sont les fruits amers de dispositions empruntées à une collectivité de l’article 74 de la constitution, que les électeurs martiniquais avaient refusée. Ainsi donc, des statuts prévus pour un petit gouvernement issu de l’article 74 ont été transcrits à la hâte pour la CTM, collectivité de l’article 73. Ces dispositions qui ont voulu sauver la mise aux élus perdants du « 74 » ont donné naissance à un monstre institutionnel dont on ne sait pas vraiment qui des deux présidents est le véritable président de la CTM.
L’une de ces anomalies majeures prévoit que le départ du président du conseil exécutif, pour quelque motif que ce soit, entraine ipso facto la fin de partie pour les 8 autres membres. Cette observation avait longtemps fait sourire. Alors que l’installation d’un nouveau conseil exécutif aura bientôt lieu, il est bon de rappeler qu’on s’était inquiétés quand le président sortant du conseil exécutif avait dû affronter des juges à Paris.

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Immigration en Guyane : la xénophobie se moque des principes

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Par ces temps d’élections, il est commode pour les élus de savonner la pente du populisme. L’arrivée de Marocains en Guyane se prête bien à l’expression d’une xénophobie facile et sans risque de conflit intérieur et de voisinage. Les déclarations d’élu(e)s qui disent s’appuyer sur la population laissent sans voix. Les incidents qui opposent ces derniers aux immigrants, phénomène qui fait davantage que montrer le bout du nez en Martinique, sont la preuve que le lepénisme n’est pas l’apanage de la famille Le Pen. Le réflexe se retrouve à des degrés divers jusque chez les plus chatouilleux des progressistes. Lesquels ne s’expriment guère ces jours-ci en Guyane, alors que les discours d’ostracisme vont plutôt bon train. On aimerait bien entendre sur la xénophobie en terre amazonienne celle qui a pu expérimenter l’ostracisme sous d’autres cieux et à ses dépens, Mme Christiane Taubira.

Lire aussi: Guyane : quand le racisme empêche l’accès aux soins

Plus généralement, les situations réelles se moquent des principes et les choses ne feront que s’accentuer. Les pays « nantis » ne pourront pas longtemps encore continuer à ne s’occuper que des inégalités domestiques, des inégalités de classe.

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La captation par les « Sachants » du « Génocide par substitution » : une rare escroquerie intellectuelle.

Par Yves-Léopold Monthieux

« Il n’y a pas de génocide par substitution », ose écrire Mme Nadia Chonville qui dit pourquoi. Dénuée du romantisme habituel qui accompagne le récit national, son argumentation est lumineuse. De la part d’une intellectuelle martiniquaise, l’affirmation est courageuse. Heureusement qu’elle a pu se construire une crédibilité dans la presse locale. Sinon elle aurait rencontré des difficultés à se faire entendre.

Ainsi donc, sous la plume de la sociologue qui pourrait être la petite fille de bien d’entre nous, on peut lire un article iconoclaste sur le « génocide par substitution ». Pour la chercheuse martiniquaise, l’expression de Césaire est un « marronnier de la vie politique antillaise » qui, tel que présenté au peuple ne répond pas à la réalité. Il s’agit d’une formule commode véhiculée par les « sachants » martiniquais qui écrivent « l’histoire à côté de l’histoire ». Elle fait partie de ces « vérités » construites dans le cadre du cahier des charges dicté par les fabricants du roman national martiniquais. Plus précisément, la formule de Césaire est une aubaine.

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Ne pas remplacer le clivage Gauche-Droite par le « Nou tout’ kapab »

Par Yves Léopold Monthieux

Les élections de la CMT sonnent peut-être le glas d’une controverse commencée depuis une trentaine d’années et relative aux rapports entre les élus de droite et de gauche. Ce débat a pris toutes les formes et s’est déroulé par des formulations diverses dont la plus vieille fut « la nouvelle droite » Elle s’adressait au PPM, en mode d’accusation, par le maître de la formule, Alfred Marie-Jeanne. C’était au cours de la campagne électorale de l’élection régionale de 1989. En réalité, la saillie était en gestation depuis le moratoire d’Aimé Césaire que le patron du MIM avait vivement critiqué. Même si l’accusation tenait avant tout de la posture, elle a poussé le PPM à s’arcbouter contre les avances à peine voilées que leur exprimait Pierre Petit. Lequel s’était opposé à ses amis qui, au départ du PKLS du pacte global d’unité, souhaitaient la dissolution de l’assemblée de la région.

 En réalité, c’est AMJ qui fit l’ouverture vers la droite lors de son accession à la présidence de la région, en 1998. La 1. ère vice-présidence fut accordée à Pierre Petit et deux présidences de commission furent confiées à Miguel Laventure et Jean-Marcel Maran.

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