— Par Yves-Léopold Monthieux —
Au moment où la politique de continuité territoriale est plébiscitée et que la dénonciation de ses manquements remonte de toutes parts (RPPRAC, collectivité territoriale, communes, syndicats, partis autonomistes et indépendantistes, parlementaires, maires, patronat), il ne s’agit pas ici de dresser la défense et illustration de l’assimilation. Celle-ci n’en a pas besoin lorsqu’on voit un tel consensus autour d’elle, de la société martiniquaise. Aussi, refusant de jouer “petit bras”, la Martinique veut consommer comme à Paris au prix de Paris, au titre de la continuité territoriale. Il convient juste de tordre le cou à l’antienne soigneusement entretenue qui voudrait que les évènements de décembre 1959 fussent prévisibles, inévitables et quasiment attendus, tant la situation politique et sociale aurait été insupportable. C’est ce qu’on pourrait appeler des “prédictions du lendemain”, celles qui sont savamment annoncées après qu’elles se sont réalisées. En effet, aucun prévisionniste ni aucune gazette de l’époque n’avait décrit une situation aussi désespérante et fait état de signes précurseurs.
La Cinquième république avait un an. Né en 1946, le département avait été créé par la volonté du général de Gaulle et de son gouvernement, au titre des seuls intérêts géopolitiques de la France.