Une gageure : raconter l’identité
— Recension par Yves Chemla —
Un arbre dans le jardin de Dieu : voici une image qui nous enjoint de remonter à la source de pas mal d‘histoires, et aussi de pas mal d’imaginaires qui croisent et recroisent les fils du bien et du mal, du genre, des histoires de paradis et de perte de celui-ci, des histoires de genre, de serpent, de connaissance des autres, de soi, de l’origine et aussi d’identité. Ève et Adam ont dû longtemps se demander ce qu’ils faisaient là, et qui ils étaient. Certes, l’Eden aura été à la fois un lieu et un moment remémorés sans relâche, mais espace traversé de choses plus ou moins cachées : la connaissance, l’éternité, la séduction, le mal, la surveillance jalouse identifiable par des bruits de pas sur la terre.
Dans ce roman étrange, Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu, Jean-Robert Léonidas, l’écrivain de Jérémie, entrelace ces figures qui structurent une bonne partie de nos imaginaires en provenance de la Bible, avec la réalité âpre et sévère de la vie quotidienne en Haïti, dans le premier quart de ce siècle fertile en malheurs de toutes sortes : séisme, ouragan, décrépitude, misère, dépérissement de l’État, gangstérisme.