Ce livre ci est frère de très grandes sommes poétiques…
— Par Yves Bergeret, poète —
Le titre en créole pousse d’emblée le lecteur loin de la stable lumière apollinienne. Lémistè : Les mystères. Le livre entraîne le lecteur dans un très âpre tourbillon de gestes rituels et surtout de longues formules sacrées antillaises. Le livre est paroles en tous sens, extrêmement vivantes et actives. Presque aucune contemplation, presque aucune strophe où le temps s’arrête en s’ouvrant vers une sorte d’infini ou d’éternité. Tout ici est proche, odorant, sensible, tactile. Pas d’horizon lointain, pas d’infini océanique, pas de grands ciels. Mais le livre entraîne toujours son lecteur dans l’intensité d’un rite sacré dans un lieu cultuel ou d’un geste sacré de la vie pratique dans la cour et même dans le secret de la maison. Le livre entraîne son lecteur dans la proximité mobile de ce rite ou de ce geste. Continuels gros plans. Nous voici dans les Antilles, dont presque chaque habitant se rappelle la déportation esclavagiste de ses ancêtres.