— Entretien réalisé par Fara C. —
Dans son excellent album NGRTD, le rappeur français pose la question de la négritude et interroge le système dominant. Sans compromis, mais avec tendresse pour l’humanité.
Son verbe porte alertement critique du système, ainsi qu’autodérision, tendresse, respect. Youssoupha s’est forgé un style original. Il raille Éric Zemmour sans s’appesantir, fustige les paradis fiscaux, célèbre Nina Simone, Malcolm X… Avec un sens acéré de la formule, de la punchline. Dans son CD NGRTD, qui témoigne magnifiquement de son ouverture musicale, le rappeur inspiré évoque ce pourquoi, enfant, il a probablement été moqué : « J’ai mis un cheveu sur la langue de Molière », scande-t-il, sans complexe. Rencontre avec un artiste singulier, affranchi des codes et modes, irradiant une profonde humanité.
Pourquoi avoir appelé votre dernier album « NGRTD » ?
YOUSSOUPHA J’ai dû remplacer le titre d’origine, « Négritude », par « NGRTD », après avoir reçu la lettre d’un avocat m’informant que je n’avais pas le droit d’utiliser le terme négritude. Un businessman, qui n’a vraisemblablement rien à voir avec Aimé Césaire et ses compagnons de lutte, a détourné ce vocable historique en en déposant la marque.