— Par Selim Lander —
Nous voir nous : le choc !
Faire une pièce de théâtre de la mode des selfies ? On ne sait trop a priori ce qu’il faut en penser ; le titre n’est pas tellement engageant ; on demande à voir. Eh bien, on aurait tort de ne pas y aller (voir). Cette production d’une compagnie du Nord de la France est pour nous en effet jusqu’ici le choc du festival. Il faut dire que ce texte d’un jeune auteur québécois a été plusieurs fois primé et que ce n’est pas pour rien. Guillaume Corbeil est un pur produit de l’Ecole nationale de théâtre du Canada, à Montréal, avec un département « écriture » dont nous n’avons pas l’équivalent en France. Nous voir nous est construit comme un oratorio avec les comédiens qui se coupent constamment la parole, ce qui permet de passer sans encombre une phase d’exposition qui pourrait, sans cela, lasser. Chemin faisant, les personnages (cinq jeunes adultes, trois femmes et deux hommes, joués par cinq comédiens), très semblables au départ, se différencient les uns des autres, des histoires individuelles se dessinent jusqu’au dénouement.