— Par Emmanuel Ménard(*) —
216 ans que, cédant à une de ces pulsions rarissimes de l’histoire universelle, nos ancêtres décidèrent de se créer un drapeau. Expression de l’indispensable compromis entre des groupes foncièrement antagoniques et de la nécessité de présenter un front uni face aux puissances esclavagistes , le nouvel étendard devait galvaniser le 18 novembre 1803 à Vertières les énergies de nos sublimes vanu-pieds et aboutir triomphalement à l’apothéose du Premier janvier 1804.
L’histoire, telle qu’elle est souvent contée par les hommes, est faite d’affirmations mensongères, de déclarations erronées et parfois d’oublis volontaires et calculés. Aussi, celle qu’on nous a écrite et dont les séquences remontent au 5 décembre 1492, n’est -elle qu’une vision eurocentrique méprisante qui tend à nier l’existence de nos grandes cultures antérieures, fruit d’un mélange incomparable et propre à Haïti. Notre pays appartient donc à une civilisation plus lointaine et plus vieille que celle que lui aura apportée Christophe Colomb qui a,en fait,découvert pour les européens une autre civilisation et une source intarissable de richesse. Au cœur de cette Amérique, Haiti doit fixer son identité en tant que Nation libre et offrir ses Héros comme modèles : Toussaint Louverture, le Précurseur, le génie de la race, créateur de notre premier drapeau (une bande d’étoffe de couleur blanche timbrée d’une tête de nègre), l’Empereur Dessalines , Fondateur de la Patrie, forgeur de liberté, Petion, Père du Panaricanisme et le Roi Christophe, le Grand Bâtisseur.
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Sociologie
Vertières, 18 novembre 1803
En partenariat avec la Société des Amis des Archives, les Archives départementales ont le plaisir de vous convier à leur prochaine conférence :
La bataille de Vertières, 18 novembre 1803,
Haïti ou le jour où le droit à l’afro descendance et à la citoyenneté a triomphé dans les Amériques
que donnera Jean-Pierre Le Glaunec
Mardi 13 octobre à 18h aux Archives départementales.
Valmy, Austerlitz, Ulm, Waterloo… autant de batailles dont les noms nous sont familiers. Mais qui, en dehors d’Haïti, a déjà entendu parler de la bataille de Vertières, point d’aboutissement spectaculaire et sanglant de la guerre d’indépendance haïtienne ? Qui sait que cet affrontement s’est soldé, le 18 novembre 1803, par l’une des pires défaites napoléoniennes ? Que les Noirs s’y réclamaient des idéaux de la Révolution ? Ceux qui connaissent cette histoire sont peu nombreux, car la France vaincue s’est employée à effacer les traces de sa déconfiture dès la bataille terminée. Depuis 210 ans, Vertières est tour à tour occultée, à peine mentionnée ou encore mal datée, sans parler de l’argument encore prévalent selon lequel les soldats de l’armée indigène n’auraient pu triompher n’eussent été de la fatigue et du découragement des soldats français et de l’aide militaire de l’ennemi britannique allié à Jean-Jacques Dessalines.