— par Selim Lander —
Un filage à Nouméa
La Nouvelle-Calédonie est grande par sa superficie mais petite par le nombre de ses habitants. Ceux-ci, de surcroît, sont divisés en plusieurs communautés qui ne montrent pas toutes une grande appétence pour le théâtre. Contre vents et marées, Max Darcis parvient néanmoins à faire vivre sur la scène calédonienne, depuis maintenant une dizaine d’années, des spectacles de grande qualité qu’on aimerait pouvoir inviter à Fort-de-France. Les plus anciens spectateurs de Nouméa se souviennent du Horla, d’après Maupassant, où Max Darcis
était seul en scène. Professeur de théâtre, il n’a pas tardé par la suite à constituer une compagnie, Aléthéïa Théâtre, réunissant quelques comédiens talentueux avec lesquels il a monté des pièces souvent dérangeantes, comme une Mademoiselle Julie avec Delphine Mahieu dans le rôle titre, qui faisait ressortir toute la fantaisie et la folie de son personnage, tandis que Max Darcis exprimait à merveille les ambiguïtés du valet, partagé entre la force des conventions et celles du désir, sans oublier l’appât du gain propre à une classe qui côtoie sans cesse la richesse sans la posséder jamais.