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Coups de force permanents

Par Philippe Thureau-Dangin, ancien directeur de « Courrier international », chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques

 

Dans l’affaire Copé-Fillon, ce qui est fascinant va bien au-delà d’un combat des chefs où la haine est à nu. Cette lutte de pouvoir illustre surtout à merveille les nouvelles moeurs « démocratiques » que l’on voit à l’oeuvre un peu partout dans le monde. Expliquons-nous.

L’UMP, parti issu d’une longue tradition bonapartiste, a voulu, dit-on, organiser un moment démocratique : l’élection de son président au suffrage universel (militants et sympathisants).

UTILISATION DE L’APPAREIL ET DES FONDS DU PARTI

Et le résultat n’a pas déçu : mauvaise organisation, irrégularités, bourrage de quelques urnes, intimidations dans les fédérations, utilisation de l’appareil et des fonds du parti par l’un des candidats, etc.

Mieux, dans les jours qui ont suivi le vote, d’autres travers sont apparus : autoproclamation à répétition d’un candidat, omniprésence médiatique, manipulation des instances de régulation, etc.

Tout cela n’est pas très différent de ce que l’on voit à l’oeuvre, par exemple, en Egypte avec Mohamed Morsi (mise au pas de l’autorité judiciaire), avec Viktor Orban en Hongrie (refonte de la loi électorale à son profit), ou à gauche avec un Rafael Correa en Equateur (utilisation de la justice contre les médias), etc.

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UMP : des psys analysent la guerre Copé-Fillon

Anthropologues et psychanalystes voient à l’œuvre de puissantes forces inconscientes dans le conflit qui oppose François Fillon et Jean-François Copé.

 

Dans un ouvrage sur la psychologie des hommes politiques, Jean-Pierre Friedman, psychanalyste, écrivait que «le pouvoir est une maladie mentale» (Du pouvoir et des hommes, Michalon, 2002). «La guerre actuelle à l’UMP en est une nouvelle illustration, déplore-t-il. Nous ne sommes plus à l’époque du poison et des coups de poignard, mais on voit là que les ressorts sont les mêmes. Deux hommes, issus de la même famille, veulent à tout prix le pouvoir et leur pulsion a pris le dessus sur leur intelligence. Il est évident que leur attitude est suicidaire, mais c’est comme s’ils se disaient: “Je préfère détruire le parti que de ne pas être le premier.” L’UMP voulait opposer un homme fort à François Hollande, qualifié de “mou”. Au lieu de ça, il aura un président contesté, affaibli et décrédibilisé.»

Psychanalyste, Michel Schneider voit dans la lutte «pour le pouvoir et pour l’argent» qui se joue depuis une semaine «une bataille attristante entre deux ego, deux personnages mus par le cerveau reptilien et non par la pensée rationnelle, pensant avec leur nombril – pour ne pas dire plus bas.

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