— Par Alvina Ruprecht —
Dans dans un espace circulaire où les murs sont recouverts de tentures noires, les acteurs se livrent aux pulsions archaïques d’un monde d’avant l’histoire, espace/temps des récits fondateurs où convergent des héros mythologiques, des paraboles bibliques et des contes merveilleux.
Le point de départ de cette œuvre est un texte dramatique intitulé Quelques histoires d’amour très très tristes, de l’auteur cubain Uliseo Cala, traduit de l’espagnol par Pierre Pinalie et adapté à la scène par Medina. Il faut dire que ce spectacle, à la fois gênant et troublant, nous a éblouis et bouleversés (même après deux heures sans entracte).
Cette manifestation d’un metteur en scène dont l’esthétique théâtrale révèle une recherche scénique extrêmement raffinée, ramène le spectateur à une époque révolue d’expérimentation corporelle tout en le plongeant dans les courants les plus actuels de la scène contemporaine. Nous y reconnaissons le processus rituel des années 1970 : les expériences de Grotowski et de l’Américain Richard Schechner, ainsi que celles de la scène post-holocaust des artistes polonais qui faisaient émerger les acteurs des tas d’ordures en hurlant leur douleur – signe d’une vie renouvelée après la destruction de la 2e guerre mondiale..