Les soignants font-ils le tri parmi les patients à sauver du Covid-19 comme on criait « Les femmes et les enfants d’abord! » en plein naufrage ? Comme pour les canots de sauvetage, l’histoire du triage des malades est d’abord celle d’une réponse organisée à la pénurie.
Le Conseil d’Etat examine ce vendredi 10 avril [2020] la requête d’une association, Coronavictimes, qui réclame des critères plus transparents pour l’hospitalisation des malades du Covid-19 et craint une inégalité d’accès aux soins hospitaliers. La démarche (techniquement, un référé qui implique une décision en urgence), vise plus précisément les résidents des Ehpad et, au-delà, les malades les plus âgés, dont on a découvert depuis le début de l’épidémie que, faute de lits, ils étaient bien souvent maintenus à domicile, ou dans leur structure, plutôt que d’être hospitalisés. C’est-à-dire, privés de soin.
La question d’une sélection parmi ceux qui pourront survivre à l’épidémie et ceux dont on sait qu’ils ne s’en sortiront pas faute d’accès aux soins est lancinante depuis le début de la pandémie de Covid. Elle a quelque de chose de sidérant, et aussi de spectaculaire.