Par Liêm Hoang Ngoc, économiste, député européen (PSE)
— |
La perte de compétitivité de l’économie française est souvent présentée comme la conséquence de la dégradation du taux de marge des entreprises. Lestées par un coût du travail trop élevé, celles-ci ne dégageraient pas suffisamment de marges d’autofinancement pour engager les investissements nécessaires afin de réorienter l’offre sur une trajectoire hors coût, à l’allemande.
La restauration des marges d’aujourd’hui serait donc les investissements de demain et la compétitivité hors coût d’après-demain. Tel est, en somme, l’énoncé du « théorème Gallois », avatar du « théorème Schmidt » de 1974, lorsque le chancelier allemand avait popularisé l’adage selon lequel « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ».
Or, que nous enseigne l’analyse de l’évolution récente du taux de marge en France ? Une hausse tendancielle du taux de marge a jalonné ces trente dernières années, accompagnant la montée du capitalisme néolibéral.
Cette hausse tendancielle du taux de marge ne s’est pas accompagnée d’une hausse, mais d’une baisse tendancielle des taux d’investissement, contredisant intuitions et prédictions courantes. Au cours de cette phase, une part croissante des bénéfices a été redistribuée au détriment de l’investissement, sous forme de dividendes.