— par Dominique Daeschler —
Le metteur en scène Simon Stone, pour la première fois à Avignon nous offre une lecture très fouillée de l’univers d’Ibsen sur lequel il a longuement travaillé avec ses acteurs. Ce n’est pas une adaptation mais une transposition du sujet où se mêlent réflexion autobiographique et apport spécifique des acteurs dans la création des personnages. Nous entrons dans la vie ordinaire d’une famille qui se réunit dans une maison de vacances, réalisée sur scène sur un plateau tournant (très beau travail de scénographie de Lizzie Clachan). Par les larges baies vitrées nous avons accès à toutes les pièces : nous voilà voyeurs-violeurs de l’intime, entrant de plein pied dans la pathologie d’une famille du non dit. « Le temps ne fait rien à l’affaire », les générations se succèdent et on continue à se mentir, à se parler s’en s’entendre : inceste, homosexualité, drogue, rapports professionnels pipés où l’on se pique les projets, brouilles, arnaque immobilière….Le spectateur est mis en situation de travailler avec sa mémoire, il est sans cesse en train de refaire la généalogie car le récit n’est pas linéaire.
Étiquette : Simon Stone
Avignon
Avignon 2017 (10) « Ibsen Huis », « Grensgeval »
— Par Selim Lander —
Ibsen Huis d’après Ibsen (IN)
Henrik Ibsen (1828-1906) est-il le plus grand dramaturge du XIXe siècle ? Il est permis de le penser. On le joue, en tout cas, comme un classique (La Maison de poupée est présentée cette année dans le OFF). Mais les grands-metteurs-en-scène-contemporains se doivent d’être des auteurs. Ils écrivent eux-mêmes leurs pièces ou, s’ils consentent à monter un classique, il leur faut le transformer suffisamment afin que nul ne doute de leur créativité. Le résultat est variable. Le M.E.S. d’origine australienne Simon Stone a fait travailler pour sa part les comédiens du Toneelgroep d’Amsterdam (la troupe d’Ivo Van Hove dont on salué la mise en scène des Damnés, l’année dernière, dans la Cour d’honneur) sur un texte inspiré de plusieurs pièces d’Ibsen et la réussite est au rendez-vous… même si la pièce n’atteint jamais à la profondeur psychologique de celles du maître norvégien. L’histoire suit une famille – une lignée d’architectes – de 1964 à aujourd’hui. Nous voyons donc des personnages évoluer au fil du temps, joués par des comédiens différents suivant l’âge.