Étiquette : Selim Lander

La collection Clément s’expose

— Par Selim Lander —

Les temps de pandémie rendent difficile l’organisation d’un exposition réunissant des œuvres venues d’ailleurs comme la Fondation Clément en organise chaque année. Il est en effet bien risqué d’engager les frais qu’entraînent de telles expositions sachant qu’elles peuvent être annulées du jour au lendemain en raison des impératifs sanitaires. La Martinique, de surcroît, particulièrement atteinte par la Covid 19 du fait du faible taux de personnes vaccinées, présente à cet égard un risque accru. Heureusement, la Fondation possède son propre fonds, riche de plus de 800 œuvres émanant de plus de 250 artistes, de quoi organiser plus d’une exposition.

La Martinique ne saurait trop se féliciter d’abriter le siège de l’entreprise GBH et que son patron, Bernard Hayot, ait non seulement constitué une collection remarquable d’œuvres caribéennes et pour une grande grande part issues des Antilles françaises, mais encore qu’il la partage régulièrement avec le public dans le cadre véritablement idéal qu’est l’Habitation Clément.

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Un nouveau « portfolio » du PABE : manière d’aiguiser son jugement

— Par Selim Lander —

Qui ne connaît, en Martinique, le PABE (Plastik Art Band Experimental), ce groupe d’artistes plasticiennes de tous âges et qui, sous la bienveillance houlette de Michelle Arretche, trouvent d’année en année leur chemin auprès du public martiniquais ? Qui les a suivies a pu mesurer les progrès accomplis au fil du temps, leur professionnalisme.

Certes, on butte toujours sur cet obstacle propre à l’art depuis la fin du classicisme, qui tient à l’absence de critère pour juger une œuvre. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, face à un tableau de Cézanne, ses contemporains eurent quelques difficultés à se faire une opinion : confrontés à des formes étrangères, ils n’avaient plus que leur intuition, leur sensibilité pour jauger sa peinture. Aussi n’est-il pas surprenant qu’une bonne part d’entre eux l’ait rejetée, parfois violemment. Seuls les plus clairvoyants ont su deviner sous l’apparente maladresse une autre forme d’art, l’art de demain, et qu’un tableau de Cézanne ne réclamait pas moins de travail – mais plutôt davantage, pour aussi étonnant que cela ait paru à l’époque à qui ne pouvait connaître les douloureux accouchements du peintre d’Aix – qu’un tableau de Canaletto (par exemple).

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« De Feu et de pluie » : comme un examen de passage

— Par Selim Lander —

La Martinique demande l’inscription du site de la Montagne Pelée à l’inventaire du patrimoine mondial de l’UNESCO. Afin de soutenir cette candidature, la Fondation Clément a rassemblé quelques plasticiens contemporains autour de cette thématique précise, ou de celle, plus générale, de la Martinique, paysages et gens.

Certaines œuvres exposées sont donc plus proches du thème que d’autres. Pour qui l’ignorerait, la Montagne Pelée est un volcan dont la dernière éruption, en 1902, a provoqué la destruction de la ville de Saint-Pierre, alors capitale de l’île. Parmi les œuvres directement inspirées par cet épisode, se détache immédiatement l’arbre de Christian Bertin (respé twa fwa), de métal et de verre brûlés. A l’arrière plan, une vidéo présente le work in progress. De même, l’assemblage de tôles de voitures par Hervé Beuze, intitulé Composition tellurique, évoque-t-il assez directement la tectonique des plaques responsable des éruptions volcaniques. Toujours dans la même veine, Sismographie Méga-poétique, la peinture abstraite de Julie Bessard – dont la présentation sur un cylindre ouvert comme une amorce de spirale n’est pas sans évoquer, toutes proportions gardées, l’ensemble intitulé The Matter of Time de Richard Serra au Guggenheim Bilbao –, des traces colorées sur un fond noir, pourrait représenter une forêt en feu.

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Danse par temps de Pandémie

Deux soirées danse comme pour augurer que la pandémie sera bientôt derrière nous et que la saison culturelle pourra reprendre normalement. Puisse le proche avenir le confirmer.

— Par Selim Lander —

Obsoletum de et avec Joss et Resist

Deux danseurs sur le plateau. Joss (Jean-Michel Garraud) accroupi pendant que Resist (Yves Milôme) joue avec une chaise en clamant un texte dont il est l’auteur. Après ce début qui paraît un peu laborieux, tout change lorsque Joss se réveille et se met à danser, bientôt suivi par son compagnon, en alternance conformément aux règles de la breakdance où chacun présente tour à tour son numéro. Avec les passages obligés comme lorsque Joss se met à tournoyer sur la tête. Les meilleurs moments, cependant, sont ceux où les deux se mettent à danser/jouer ensemble. Il se noue alors entre eux une réelle complicité lorsqu’ils se reconnaissent, se saluent. La chaise, quand elle est partagée, prend alors tout son sens. Si l’un apparaît plus fringant que l’autre et capable de figures plus compliquées, cela ne nuit pas à la qualité de cette pièce qui est justement destinée à montrer l’effet du passage des années sur le corps et la technique des danseurs.

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Vitalité du théâtre en Martinique

— Par Selim Lander —

En Martinique on cultive les lettres de longue date et si elle sont moins connues que sa poésie, Césaire s’est également illustré par ses pièces de théâtre. Bien que les auteurs contemporains soient contraints de s’en tenir à des formats plus modestes que le maître, la tradition se perpétue avec de belles réussites. L’association ETC (pour Ecritures théâtrales contemporaines) – Caraïbe, présidée par Alfred Alexandre, lui-même auteur talentueux, est au service des dramaturges martiniquais, guadeloupéens et, dans une moindre mesure, conformément à sa raison sociale, caribéens. Elle a organisé les 9 et 10 novembre 2021, en relation avec l’Université des Antilles, des « Théâtrales » qui sont autant d’occasions de rencontres avec des auteurs et des textes d’aujourd’hui. Des Antilles ou d’ailleurs car les auteurs doivent s’ouvrir au monde, particulièrement sur une île. En l’occurrence, c’est un auteur venu de France qui est venu apporter le vent du large.

Chemin forgeant de Bernard Lagier

A tout seigneur tout honneur, il est logique de commencer cette brève revue par celui qui fait désormais office de doyen du théâtre martiniquais.

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Sonmiziksonpawol d’Annick Justin Joseph

— Par Selim Lander —

Il y a longtemps qu’Annick Justin Joseph porte ce projet d’hommage au musicien martiniquais Henri Brival (1933-), artiste lamentinois qualifié d’« extravagant », ce qui ne l’a pas empêché de voyager à travers le monde avec son « bwa ronflé » (ou « wonflé), instrument de son invention composé d’une caisse en bois (isorel) que l’on caresse avec un bâton et qui produit des sortes de barrissements. Sur la scène du théâtre municipal de Fort-de-France, un de ses disciples faisait la démonstration de cet instrument aussi rustique qu’original.

Sonmiziksonpawol mêle les chants, la danse et les chansons, par exemple « Alexandre pati » de Léona Gabriel-Soïme (dite « Estrella », 1891-1971), qui introduisit la biguine à Paris, et écrivit et interpréta de nombreuses chansons, en particulier cette fameuse « Alexandre pati » dont il reste d’ailleurs un enregistrement par elle-même. Cette diversité est l’un des atouts de Sonmiziksonpawol, une pièce servie ici par des interprètes appréciés des Martiniquais, y compris James Germain, grande voix d’Haïti, qui s’est produit à plusieurs reprises chez nous et qui impressionne toujours.

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Un collectionneur sous les tropiques

— Par Selim Lander —

Thierry Jarrin – Gardien 1 – 2007

Bernard Hayot, président du groupe éponyme qui s’étend bien au-delà Antilles mais dont la maison mère se trouve en Martinique, a constitué une collection de plusieurs centaines d’œuvres d’artistes caribéens, ou caribéens d’origine à l’instar d’Hervé Télémaque (Haïti) ou Philippe Thomarel (Guadeloupe), avec quelques rares exceptions (comme le Chilien Roberto Matta). Car le collectionneur, également mécène, s’avère un acteur incontournable du paysage artistique caribéen autant par ses achats que par les expositions qu’il organise sur les cimaises de son musée du François, voire hors de Martinique (Paris, Miami). Ce mécénat explique sans doute, au-delà des goûts du collectionneur, l’éclectisme d’une collection dont les quelques œuvres reproduites ici ne rendent absolument pas compte.

Hervé Télémaque – Et la narine d’Amin n°2 – 1977

Bruno Pedurand – La découverte – 2008 -détail

Celle-ci comporte en effet aussi bien des peintures que des sculptures sur divers supports, des assemblages ou des photographies, œuvres figuratives et abstraites qui traduisent tantôt une technique sophistiquée tantôt relèvent d’un art brut. En réalité, en dehors des grandes installations qui y font défaut, cette riche collection apparaît largement représentative de l’art actuel, « moderne » ou « contemporain ».

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Petites forme 2021 : Evan Placey, Ina Césaire, Alfred Alexandre

— Par Selim Lander —

Ces filles-là : rafraîchissant

Traiter un thème grave sans jamais se prendre au sérieux : n’est-ce pas le premier secret du théâtre moral ? Car on peut bien parler de « théâtre moral » à propos de cette pièce. Il ne s’agit pas en effet ici de dénoncer les injustices dont seraient victimes une catégorie sociale – comme l’exploitation d’une classe par une autre – auxquelles un changement de politique pourrait remédier, mais de faire prendre conscience d’un travers qui semble inhérent à la nature humaine, à savoir la recherche d’un bouc-émissaire : soit comment « oublier » ses propres travers en désignant un responsable de tous nos maux. Ainsi, en Martinique, on chargera la « caste béké » du péché du chlordécone comme si l’île « toute entière », c’est-à-dire plus précisément les planteurs petits et gros et les élus, avec la complicité des syndicats, ne s’étaient pas entendus pour demander dérogations sur dérogations (ce qui n’exonère évidemment pas une administration structurellement trop complaisante).

Evan Placey s’intéresse à un cas particulier de bouc-émissaire : le souffre-douleur des cours de récréation, ou plutôt la souffre-douleur, en l’occurrence.

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Courtes Lignes dans le « Jardin d’Alphonse »

Par Selim Lander

Décourageant.e.s ces sacré.e.s Courtes Lignes. Pour ceux qui l’ignoreraient encore – mais qui en Martinique le pourrait, tant leur renommée y est avérée après des années de tournées triomphales ? – les Courtes Lignes sont des comédiens guadeloupéens spécialistes du Boulevard dans ce qu’il a de meilleur, celui qui fuit la vulgarité et fait rire sans oublier d’émouvoir. Décourageants pour le critique qui ne peut que rendre une fois de plus hommage au talent de cette troupe, celui qu’elle montre en l’occurrence dans le Jardin d’Alphonse de Didier Caron, un huis clos familial (même s’il se passe dans le plein-air d’un jardin) seulement troublé par un couple d’amis « hauts en couleur » (comme dit justement le programme). De cette famille, on ne verra pas l’Alphonse du titre, il en est le grand-père que l’on vient d’enterrer. Il sera donc question d’héritage mais seulement en passant. On s’intéresse plutôt aux secrets de famille, lesquels, comme il se doit au théâtre, finiront par être dévoilés. Pourquoi cette rumeur faisant d’Alphonse un accapareur des biens des juifs sous l’Occupation ? Pourquoi Magali, la petite-fille d’Alphonse est-elle ainsi sur les nerfs et semble tellement en vouloir à Jean-Claude, son père (et fils d’Alphonse) et pourquoi son frère Serge est-il lui aussi sur les nerfs au point de se montrer grossier ?

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Cinéma de Russie – « Arythmie »

— Par Selim Lander —

Dans le panorama des cinémas du mode auquel nous convie régulièrement Steve Zebina, retour en ce mois de mai vers la Russie. Il est toujours surprenant de constater combien les cinémas nationaux gardent leur spécificité malgré la mondialisation culturelle. Le cinéma démontre en effet qu’il ne suffit pas d’avoir un Mac Do au coin de sa rue et des séries américaines au programme de la télé pour perdre totalement son âme. Cette résilience des identités nationales (ethniques, religieuses, …) est-elle un bien, un mal ? Un bien, sans doute, puisque la diversité est une richesse et un mal sans davantage de doute puisque les nations, ethnies, religions ne sont que trop portées à se faire la guerre.

Le cinéma russe contemporain affectionne les personnages déprimés qui cherchent à soigner leur chagrin dans les boissons fortes et les décors mélancoliques. Un homme au cerveau embrumé par l’alcool (vodka) qui erre dans la brume, voilà un personnage typique des films russes. Pour le cinéma sud-coréen, ce serait plutôt un homme au cerveau embrumé par l’alcool (de riz) qui déblatère dans une gargote.

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Exposition « Pictural » : peinture actuelle en Martinique

Par Selim Lander

Après l’exposition tirée du fonds de l’entreprise Renault, présentant quelques grands noms des arts plastiques du XXe siècle, la Fondation Clément a eu l’excellente idée de réunir trente-cinq artistes martiniquais toujours actifs dans une exposition collective intitulée Pictural. « Pictural » comme peinture, même si l’on n’est pas surpris de trouver des exceptions au châssis rectangulaire habituel, tant les frontières entre peinture, sculpture, installation se sont désormais estompées.

Si l’art contemporain, on ne le sait que trop, trop souvent déçoit (« le n’importe quoi ou le presque rien » selon la formule célèbre de Jean Clair), ce n’est nullement le cas des œuvres rassemblées ici, à quelques réserves inévitables près. Aucune mièvrerie dans cette exposition, et si les silhouettes « approximativement » dessinées sont de rigueur, ce n’est pas gaucherie ou maladresse mais simplement parce que l’avènement de la photographie a « tué » le dessin académique (sauf chez de rares récalcitrants qui font parfois figure désormais de révolutionnaires. Voir le portrait par Claude Cauquil reproduit en tête de cet article). On sait d’ailleurs, depuis Münch et d’autres, qu’une physionomie n’a pas besoin d’être exacte ni même précise pour être réaliste et expressive.

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« Seulaumonde » de Damien Dutrait avec N.-R. Madel

— Par Selim Lander —

Dans un récent billet[i], nous nous interrogions sur le paradoxe du comédien tenu de « jouer vrai ». On exige de lui qu’il s’accapare son personnage de telle sorte que les spectateurs puissent y croire, tout en restant constamment conscient qu’il ne fait que jouer. Evidemment, les spectateurs, qu’ils adhèrent ou non au personnage – du moins les spectateurs aguerris, ceux qui forment le public habituel des théâtres – ne peuvent eux-mêmes pas ignorer que ce qui se déroule sur le plateau n’est qu’un jeu : l’illusion n’est pas complète. Sauf que, n’en déplaise à Diderot, il n’est pas rare qu’un comédien, même un bon, se laisse par moments envahir par son personnage au point de s’oublier lui-même. Les mots sortent de sa bouche comme les siens, il oublie qu’il récite le texte d’un autre qu’il a appris par cœur. Et dans ce cas, il n’est pas rare que les spectateurs – même aguerris – oublient par moments, eux aussi, où ils se trouvent et identifient le comédien à son personnage, voire s’identifient eux-mêmes au personnage.

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RCM 2019 – Cinq courts métrages du GREC

— Par Selim Lander —

Le Groupe de recherches et d’essais cinématographiques sélectionne des projets auxquels il accorde une modeste bourse pour leur réalisation, une aide pour un premier film. Les cinq films présentés lors des RMC témoignent de l’éclectisme des comités de sélection, même si l’on peut regretter que trois d’entre eux – Cilaos, Pays rêvé/pays réel et Francilia/Braids of Space and Time – entretiennent un rapport plus ou moins lointain avec l’outre-mer. Si cela partait certainement d’un bon sentiment, sans doute aurait-il mieux valu proposer aux réalisateurs martiniquais présents lors de la projection à l’Atrium des expériences les éloignant de l’univers qu’ils ont naturellement tendance à explorer.

D’autant que, bien malencontreusement, les trois films fléchés outre-mer sont justement ceux qui nous ont le moins intéressé.

Cilaos de Camilo Restrepo (Colombie) est tourné dans un entrepôt de la banlieue parisienne. Qui l’ignorerait pourrait croire que l’équipe s’est déplacée à la Réunion, ce qui n’est pas le cas. Cette mystification est un point positif du film. Par ailleurs, les comédiens imposent leur présence et la photo instaure un univers glauque en accord avec le propos : une jeune femme part à la recherche de son père, dit « Bouche » qu’elle n’avait jamais rencontré ; quand elle arrive « sur place », à Cilaos, elle apprend qu’il vient de mourir et qu’il était de surcroît un individu peu recommandable.

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RCM 2019 – Images en temps de grève

— Par Selim Lander —

Les RCM ont marqué l’anniversaire des dix ans de 2009 par un hommage à une initiative originale dans le domaine audiovisuel, la Télévision Otonom Mawon qui fonctionna quelques semaines lors des événements. Christian Foret qui fut à l’origine de l’entreprise a présenté un montage des images captées pendant la brève période de fonctionnement de la TOM, des images qui furent diffusées à l’antenne et des images tournées dans les locaux du TOM (le Théat Otonom Mawon) mis à la disposition de la télévision libre par la mairie de Fort-de-France. Ce documentaire, monté ex post pour les RCM, rend agréablement compte de cette expérience éphémère où l’autogestion s’apprenait au jour le jour.

Les émissions de la TOM fabriquées avec des bouts de ficelle – des collaborateurs bénévoles et des moyens techniques minima – étaient reprises par la chaîne KMT et diffusées également sur le net. Quel était leur impact sur le mouvement ? La chaîne avait-elle une ligne claire, favorable au mouvement ou déontologiquement neutre ? Ou chacun faisait-il ce qu’il voulait dans un désordre à peine organisé ?

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RCM 2019 – « Samouni Road » de Stefano Savona

— Par Selim Lander —

Après Un homme est mort (notre billet précédent) un autre film politique, une docu-fiction relatant une bavure de l’armée israélienne, soit une vingtaine de morts civils dans une famille élargie lors de l’opération « Plomb durci » (le nom, à lui seul, est tout un programme) dans la Bande de Gaza. On connaît la brutalité de Tsahal qui n’hésite pas tuer froidement une centaine de Palestiniens (par bombardement ou tirs à bout portant) pour tout Israélien tué : entre le 27 décembre 2008 et le 19 janvier 2009, 1315 Palestiniens ont été tués contre 13 Israéliens selon Wikipedia. Il s’agit de terroriser les terroristes en se montrant encore plus cruels qu’eux. A voir comment ils votent, les Israéliens sont majoritairement favorables à cette politique dont on imagine mal, pourtant, qu’elle puisse conduire à la paix. Il est vrai qu’ils y sont encouragés par les puissances grandes et moyennes, Arabie saoudite comprise, qui se bornent à financer la reconstruction des bâtiments et installations diverses bombardées par Israël sans jamais lui présenter la note.

Là-dessus se greffent le souvenir de la Shoa et la dénonciation de l’antisémitisme et de l’antisionisme.

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RCM 2019 – « Un homme est mort » d’Olivier Cossu

— Par Selim Lander —

Brest, 1950. Après les bombardements alliés, la ville est un immense chantier de construction. Puisque, en effet, la guerre c’est d’abord détruire et après, bien sûr, reconstruire… jusqu’à la prochaine. En ce temps-là, malgré les acquis de 36 et de la Résistance, les temps sont durs pour les ouvriers. Certes, ils ne vivent pas dans la hantise du chômage comme aujourd’hui mais les salaires sont bas et le travail se fait encore, pour l’essentiel, à la main. Alors on se met en grève et on manifeste. Autre différence avec aujourd’hui où, face aux gilets jaunes, la police a la consigne d’éviter à tout prix un accident mortel, à l’époque les gardes-mobiles étaient équipés non de flash-ball mais d’armes à feu. Quand un manifestant était tué, les autorités ne s’émouvaient pas plus que ça ; elles étaient même d’accord avec le patronat pour juger que cela pourrait hâter la fin de la grève. Rien de tel qu’une démonstration de force pour calmer les esprits, n’est-ce pas ?

Tel est le cadre du film d’Olivier Cossu, directement inspiré de la BD éponyme d’Etienne Davodeau et Kris.

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 RCM 2019 – « Nos batailles » de Guillaume Senez

— Par Selim Lander —

Tendresses

Le cinéma comme on l’aime. Rien d’extraordinaire pourtant. Ou serait-ce justement pour cela qu’il plaît, parce qu’il n’a rien d’extraordinaire ? Un film comme on sait les faire en France, sans grand moyen, sans intrigue ronflante, un film fait de tranches de vie, des vies ordinaires, des existences difficiles pour des gens qui refusent néanmoins de se laisser abattre, en dépit des épreuves, des injustices. Ici le personnage principal, Olivier, est marié à Laura et père de deux enfants en bas âge. Il est chef d’équipe dans l’entrepôt d’une société de vente par correspondance et syndicaliste. Un beau matin, Laura quitte le domicile sans prévenir personne. Le spectateur qui se demande pourquoi elle a abandonné ainsi enfants et mari et si elle reviendra, restera sur sa faim mais il se sera laissé submerger par des émotions et en premier lieu par la tendresse qui unit les principaux personnages.

Celle de Laura et d’Olivier pour leurs enfants, celle des enfants entre eux, celle – un tantinet maladroite – de la grand-mère, celle de la sœur d’Olivier envers son frère et ses enfants, celle de la « camarade » syndicaliste pour Olivier (qui ne la lui rendra pas autant qu’elle l’aurait voulu), etc.

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RCM 2019 – « Les oiseaux de passage »

— Par Selim Lander —

Agréable surprise, ce film mexicano-colombien de Ciro Guerra et Cristina Gallego en cinémascope est projeté sur un écran incurvé, autant dire qu’on en a plein les yeux, du moins au début car on oublie la technique assez vite, les réalisateurs des oiseaux de passage ne s’en servant guère. Il reste que bien maniée elle peut à notre avis remplacer avantageusement la 3D et qu’il est dommage que l’on ne voit pas davantage de films réalisés ainsi.

Les oiseaux de passage sont une sorte de thriller en pays indien (d’Amérique du Sud) avec revolvers et 4×4 en veux-tu en voilà et moult gros plans sur les visages menaçants ou inquiets des principaux personnages : au pays de la marijuana, la vie humaine ne vaut pas grand-chose en effet. Le film, qui couvre les dernières décennies du XXe siècle, raconte les conséquences de l’introduction du business de la drogue dans les communautés indiennes. Difficile pour un spectateur comme nous, qui n’est pas un connaisseur des problématiques de l’Amérique Latine, de juger de la fidélité du film par rapport à la réalité.

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RCM 2019 – « I Philip », « Have a Nice Day »

— Par Selim Lander —

Les Martiniquais se rendent-ils suffisamment compte de la chance qu’ils ont de pouvoir, grâce aux Rencontres Cinémas Martinique, visionner autant de films, rencontrer autant de professionnels du cinéma ? Une centaine de films sont programmés lors de la présente édition ! De quoi satisfaire tous les âges et tous les goûts.

Fasse au Ciel que les RCM donnent aux jeunes classes l’envie de découvrir d’autres œuvres que les blockbusters débiles vers lesquels ils se précipitent spontanément. Culture de masse / culture élitiste ? Les enseignants constatent avec effarement que le fossé, loin de se combler, est plus profond que jamais. Les déclarations des ministres n’y changeront rien : l’école n’est pas de force pour contrebalancer les médias de masse. Raison de plus pour espérer des RCM – puisque des projections scolaires sont au programme – qu’elles fassent bouger les lignes.

I, Philip : réalité virtuelle

Pour la première fois cette année, une section est consacrée à la réalité virtuelle (VR) avec 6 œuvres au programme (visibles à travers un masque). Bonne pioche : le court métrage I, Philip de Pierre Sandrowicz, film français même si ni le titre, ni la langue qui y est parlée (l’anglais dans les deux cas), ni le nom du réalisateur ne le laissent deviner.

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« Et pendant ce temps Simone veille » par les Buv’Art

— Par Selim Lander —

Salle comble au théâtre municipal, à l’occasion de la Journée de la femme, pour la reprise de cette pièce qui avait déjà connu un grand succès l’année dernière en Martinique. Toujours emmenées par Marie Alba, les comédiennes nous rappellent dans la bonne humeur les principales étapes des luttes des femmes et des avancées du féminisme depuis l’obtention du droit de vote en 1946. Elles sont trois représentatives respectivement du milieu populaire, de la classe moyenne et de la classe supérieure. Trois comédiennes qui incarneront chacune successivement trois générations de femmes prises en 1970, 1990 et 2010. Trois plus une, laquelle, depuis son pupitre, apportera les précisions historiques indispensables (chiffes, dates, lois). Sait-on par exemple que les femmes n’ont été légalement autorisées à porter le pantalon qu’en 2013 ? Encore s’agit-il d’un sujet bénin pour lequel les mœurs avaient depuis longtemps précédé le droit. Mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là : jusqu’à l’adoption de la loi Veil légalisant l’avortement, combien de femmes se sont trouvées assumer une maternité non désirée à moins de se remettre entre les mains d’une « faiseuse d’ange » clandestine avec l’angoisse de n’en pas sortir vivantes ?

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Difé Kako : danse traditionnelle, danse actuelle

— Par Selim Lander —

Après un prologue qui faisait appel à quatre élèves d’une école de danse – si nous avons bien compris – et sur lequel il vaut mieux jeter un voile pudique, les danseurs de Difé Kako sont entrés en scène, sept vrais danseurs, plus cinq musiciens-animateurs capables également de bouger avec les danseurs tout de blanc vêtus, pour une pièce intitulée Cercle égal – demi-cercle – au carré, laquelle comme le nom l’indique, fera appel aux danses traditionnelles antillaises issues du quadrille métropolitain, soit notre haute taille martiniquaise (autrement appelée boulangère en Guyane et, plus simplement, quadrille en Guadeloupe). Il s’agit pourtant bien dans cette pièce de danse contemporaine, même si elle est inspirée, innervée, instillée par des réminiscences du quadrille à l’Antillaise. La troupe, guadeloupéenne, mêle des danseurs noirs et blancs, une configuration dont les compagnies martiniquaises devrait s’inspirer, tant le mélange des cultures et des manières d’aborder l’art chorégraphique se révèle, ici, fécond.

On ne sait pas si la pièce dessine vraiment – comme indiqué dans la présentation écrite – « la possibilité d’un ‘Tout-monde’ fécond et jubilatoire ».

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« Mea culpa » ou plaidoyer pro domo ?

— Par Selim Lander —

Hervé Deluge prend la scène du théâtre municipal

Devant une salle remplie mais par un public qui n’est pas celui que l’on croise habituellement au Théâtre municipal, Hervé Deluge s’explique sur un événement qui a défrayé la chronique, il y a deux ans, lorsque, pris d’un coup de sang, il a fracassé avec son pick-up une porte vitrée et abîmé quelques marches du bâtiment de Tropiques Atrium-Scène nationale de Martinique, avant de tenir des propos plus ou moins menaçants à l’encontre de certains responsables présents dans les lieux. L’incident valait qu’on revienne dessus, même si les suites judiciaires furent bénignes (n’est-il pas rappelé au cours du spectacle qu’« un artiste a le droit de péter les plombs » ?)

Redoutable, le défi que s’est lancé Deluge à lui-même en montant sur un théâtre pour nous faire revivre cet événement dont il fut l’acteur et qui a marqué les Martiniquais au-delà du milieu des artistes, tout en s’interrogeant sur ses motivations. Autant dire qu’il était attendu.au tournant. Mais Deluge est une bête de scène, ce sujet est son sujet et il tire plutôt adroitement son épingle du jeu.

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India Films : Jean Renoir, Mia Hansen-Lowe, Rohena Gera

— Par Selim Lander —

Trois films indiens programmés par Tropiques-Atrium en ce mois de février (2019). Et pour commencer, à défaut d’India Song, un autre « film du patrimoine » sous les espèces du Fleuve de Jean Renoir. A voir pour son caractère patrimonial, justement, et parce que, en dépit du caractère plus que convenu du scénario (un prince charmant – capitaine américain blessé à la jambe lors de la première guerre mondiale – débarque dans une famille perdue quelque part au bord d’un fleuve, en Inde où le papa expatrié dirige une fabrique de jute et naturellement les jeunes filles de la maison tombent immédiatement amoureuses), le film ne manque ni de fraîcheur ni d’humour. Rien de tel, hélas, avec Maya de Mia Hansen-Lowe, pitoyable arlequinade (le scénario digne des pires bouquins de la collection Arlequin) où ce qui était léger et pittoresque chez Renoir devient lourd et ennuyeux. Ici c’est une jeune fille de la grande bourgeoisie indienne qui tombe immédiatement sous le charme du filleul de son papa, lequel filleul, jeune journaliste français a besoin de se ressourcer (il est né en Inde) après avoir passé quatre mois dans les geôles des djihadistes syriens.

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« Doubles vies » d’Olivier Assayas

Branché et pétillant

— Par Selim Lander —

Olivier Assayas serait-il notre Woody Allen ? C’est ce que son film donne à penser. Le petit monde peint dans Doubles vies, celui des bourgeois intellos parisiens, évoque en effet irrésistiblement celui des bourgeois intellos version Manhattan de W. Allen. Et Léonard, l’écrivain « autofictif » et pataud (joué par un Vincent Macaigne au mieux de sa forme) qui réussit néanmoins à plaire aux dames, ne peut pas ne pas faire penser aux personnages joués par W. Allen lui-même dans ses films. Ceci dit, nous sommes bien en France, à Paris, dans des appartements meublés avec goût mais sans ostentation en dehors des murs couverts de livres ou une affiche de Bill Viola au mur. Bien sûr, quand on se rencontre, on ne manque pas de mentionner Thomas Bernhard ou Lars Noren, Visconti ou Haeneke et, cela va de soi, de parler « boutique », c’est-à-dire principalement d’édition et accessoirement de politique, puisque l’un des principaux personnages est un éditeur (Guillaume Canet) qui publie entre autres les livres de son ami Léonard et que ce dernier est en couple avec l’assistante d’un homme politique.

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Le festival de marionnettes de Case-Pilote (édition 2019)

— Par Selim Lander —

Qui croirait que dans notre petite île plusieurs compagnies se consacrent à l’art de la marionnette ? Tous les deux ans, à l’initiative de Jala, Pilotine du nord bien connue pour ses livres pour enfants et ses marionnettes, se tient le festival BBM (« Bamboula, Bwabwa & Marionnettes »). Certains des spectacles du festival basé à Case-Pilote essaiment dans d’autres communes. L’édition 2019 réunit six compagnies dont quatre martiniquaises (« ZigZag » qui reprend Terre, fleur d’amitié présenté récemment à l’Atrium[i]), « La Case aux Bwabwa de Jala », « L’ïle des Marionnettes » et la compagnie Luc Peseu) auxquelles s’ajoutent deux « invités », le Dominicain Ernesto Lopez et les trois Bretons de « La Case ».

Si le rythme des récits paraît le plus souvent exagérément lent aux yeux d’un adulte – qui ne peut s’empêcher de comparer avec Yeung Faï, « The Puppet Show-Man », ce virtuose de la marionnette (chinoise) à gaine[ii] –, force est de constater que les enfants invités à assister aux différents spectacles ont semblé captivés de bout en bout.

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