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Un numéro d’ »Esprit » sur les Antilles

février 2007

Antilles : la République ignorée

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par Selim Lander

Le numéro de la revue Esprit de février 2007 consacre un dossier aux Antillais de France et d’outre-mer. Le titre : « Antilles : la République ignorée » est trompeur. On pourrait croire en effet que le dossier apporte des informations sur la manière dont le droit de la République est trop souvent bafoué aux Antilles, sur le paternalisme gouvernemental, sur les consignes passées aux préfets pour qu’ils ferment les yeux sur les pratiques des édiles locaux, sans parler de ce privilège hérité de l’époque coloniale qui fait que tous les fonctionnaires en poste dans les « DOM-TOM », donc en particulier aux Antilles, sont rémunérés davantage, pour un même travail, que leurs homologues métropolitains. Il n’en est rien. La plupart des contributions insistent plutôt sur les discriminations « négatives » dont les Antillais sont les victimes, à l’origine des revendications mémorielles qui se sont faites jour récemment et auxquelles a voulu rendre justice la loi du 21 mai 2001, dite loi Taubira, qualifiant l’esclavage et la traite négrière comme des crimes contre l’humanité.

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« Entre assimilation et émancipation – L’Outre-Mer français dans l’impasse ? », de Thierry Michalon

une lecture de Selim Lander

Lire aussi la recension du Monde

 Quelques réflexions à propos d’un livre dirigé par Thierry Michalon

L’Outre-Mer français dans le piège.

une lecture de Selim Lander

La problématique de l’Outre-Mer français est probablement unique dans le monde. Ne serait-ce que parce que le processus de décolonisation a laissé dans la République française un certain nombre de territoires, généralement insulaires (mais la Guyane fait exception), qui se trouvent aujourd’hui enfermés dans une dépendance d’autant plus traumatisante qu’elle apparaît à tous comme une fatalité. Il faut donc saluer comme ils le méritent les efforts des vingt-six auteurs réunis par Thierry Michalon pour décrypter cette réalité éminemment complexe et qui résiste souvent à l’analyse (1).

 La dépendance « massive » à l’égard de la « Métropole » demeure la caractéristique commune à tous les territoires considérés qu’il faut étudier. On peut à cet égard regretter que les études transversales (qui couvrent l’ensemble du champ de l’Outre-Mer) restent minoritaires dans le recueil (8 sur 26), à égalité avec celles qui concernent la Martinique. Pour le reste, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Saint-Bartélémy-Saint-Martin ont droit chacune à deux contributions, tandis que la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion et Mayotte se voient consacrer chacune un article.

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« Palabre en négritude » mise en scène de Layla Metssitane

 — par Selim Lander —

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Après Amel Aidoudi qui a enflammé récemment la scène du Théâtre de Fort-de-France à partir d’un argument poétique de Stéphane Martelly, une autre jeune femme d’origine maghrébine, Layla Metssitane, a créé l’émotion, vendredi 22 mai, dans un duo avec son partenaire Xavier Carrar, en interprétant quelques textes rassemblés autour du Cahier du retour au pays natal d’Aimé Césaire. Le choix de la grande salle de l’Atrium, jamais remplie pour ce genre de spectacles, avec par ailleurs une scène surdimensionnée pour une troupe réduite à deux comédiens, ne facilitait pourtant pas les choses. Fort heureusement, un dispositif scénique simple et efficace palliait dans une grande mesure le second inconvénient : quatre grandes voiles blanches sur lesquelles étaient projetées de temps en temps des images en rapport avec les textes, un escalier recouvert d’un tissu noir se perdant derrière l’une des voiles (et qui servira de paravent lorsque la comédienne aura besoin de se changer), une caisse recouverte d’un tissu blanc d’où sortira, au début du spectacle, le jeune et sculptural Xavier Carrar.

Le choix de deux interprètes blancs pour évoquer la négritude surprend au prime abord.

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« Tristissimes » : Le Formalisme considéré comme l’un des beaux-arts

 –Par Selim Lander —

A propos de Tristissimes mis en scène par Yoshvani Medina

Imagine. Non une banale salle de théâtre mais un « lieu scénique », une sorte d’entrepôt, de taille fort modeste, ceinturé de voiles noirs, un seul rang de 25 fauteuils de jardin en plastique blanc encerclant un espace couvert de copeaux. Deux femmes vêtues de noir attendent les spectateurs, assises par terre. En dehors des copeaux, il n’y a aucun accessoire sur cette scène qui n’en est d’ailleurs pas une puisqu’elle est de plein-pied. Lorsque l’œil et l’esprit se sont accoutumés à cet environnement, on devine que sous le tas de copeaux, au centre, se trouve dissimulé un autre personnage, trahi par sa respiration.

On t’a distribué une drôle de lampe électrique et l’on t’a prévenu : 1) il n’y aura pas d’autre éclairage que celui que prodigueront les spectateurs ; 2) l’intensité de la lumière faiblira avec le temps et il faudra redonner de l’énergie en utilisant la manivelle sur le côté de la lampe.

Et puis, lorsque toutes les chaises sont remplies, sans prévenir (il n’est évidemment pas question de faire retentir les trois coups traditionnels annonçant la levée d’un rideau de toute façon absent), l’une des deux femmes se lève.

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