— Par Scarlett JESUS, critique d’art —
« L’homme pas Dieu » ou l’homme qui se prenait pour un marron.
« On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux ».
Gandhi.
« De l’assassinat d’un animal à celui d’un homme, il n’y a qu’un pas ».
Léon Tolstoï.
« L’homme pas Dieu », cette formule qui clôt le roman pourrait parfaitement s’appliquer à celui qui en est en fait le personnage principal, Albert Gouti. Un héros déchu dont la seule grandeur semble liée au prénom royal qu’il porte et dont l’étymologie germanique évoque tout à la fois la noblesse (adal) et la gloire (behrt). Doté d’un tel prénom, le personnage n’était-il pas appelé à un destin hors du commun, faisant de lui, à l’image d’Albert Schweitzer ou d’Albert Einstein, un surhomme, un « homme-dieu » ? C’était sans compter la malice de l’auteur, Franck Salin, qui nous indique d’emblée sa volonté de le ramener à une dimension plus ordinaire, en l’affublant d’un patronyme dévalorisant renvoyant à l’animalité, « Gouti », lequel par aphérèse désigne l’agouti, petit rongeur des Antilles.