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« La Couleur de l’Esclavage » : un prix qui résonne

— Par Sarha Fauré —

Le film « La Couleur de l’esclavage » du réalisateur martiniquais Patrick Baucelin vient de remporter le grand prix du documentaire long métrage lors du Festival International du Film Panafricain de Cannes. Cette distinction s’inscrit dans une série impressionnante de récompenses, puisque le film a déjà été honoré 68 fois et sélectionné dans plus de 25 festivals à travers le monde.

Fruit d’un travail acharné de quatre ans, « La Couleur de l’esclavage » plonge le spectateur dans les méandres de la traite négrière et de l’esclavage aux Antilles. Avec des images puissantes, le documentaire nous emmène de la cale des navires négriers aux réalités quotidiennes sur les plantations, offrant une réflexion poignante sur cette période douloureuse de l’histoire.

Patrick Baucelin, né en 1957 à Fort-de-France, a toujours été passionné par l’image. Photographe amateur dans sa jeunesse, il a fondé son studio de production en 1981, se consacrant à la création de films promotionnels et institutionnels. Toutefois, c’est son engagement pour la mise en valeur de l’histoire et du patrimoine caribéen qui a véritablement façonné son parcours.

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Accès à l’IVG en Outre-mer : disparités persistantes malgré la reconnaissance constitutionnelle

— Par Sarha Fauré —

Un rapport sénatorial la situation en Outre-mer concernant l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) met en évidence des disparités préoccupantes par rapport à la France métropolitaine. Bien que le droit à l’IVG ait été consacré par la Constitution en mars 2024, les obstacles locaux entravent encore l’accès égal à ce service essentiel, notamment en Guadeloupe, en Guyane et à La Réunion. Un récent rapport sénatorial souligne les défis majeurs rencontrés par les femmes dans ces territoires ultramarins, où les réalités géographiques et l’insuffisance des infrastructures médicales rendent l’IVG difficilement accessible.

Des disparités géographiques marquées

Malgré une augmentation générale du nombre d’IVG en France, avec 243 600 interventions en 2023 contre 234 000 en 2022, l’accès à cette procédure varie énormément selon les régions, et les départements d’Outre-mer ne font pas exception. En Guadeloupe, certaines zones sont situées à plus d’une heure d’un centre proposant l’IVG, un délai de transport qui devient un véritable obstacle pour de nombreuses femmes, en particulier celles des îles du Sud comme Marie-Galante, La Désirade et Les Saintes. Ces zones nécessitent des trajets maritimes ou aériens vers le CHU de la Guadeloupe, le seul établissement capable de réaliser des IVG chirurgicales.

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Santé mentale en septembre 2024 : une hausse alarmante des troubles chez les jeunes, un système sous pression

— Par Sarha Fauré —

Le rapport mensuel de Santé publique France de septembre 2024 met en lumière une dégradation marquée des indicateurs de santé mentale, particulièrement chez les enfants et adolescents. Ces données, issues des réseaux OSCOUR® (pour les urgences) et SOS Médecins, révèlent des augmentations préoccupantes des passages aux urgences et des actes médicaux pour des troubles psychiques divers, notamment les gestes suicidaires, les idées suicidaires, et les troubles anxieux.

Situation des enfants et adolescents : une hausse alarmante

Chez les jeunes de 11 à 17 ans, les chiffres sont particulièrement inquiétants. En septembre 2024, les passages aux urgences pour gestes suicidaires ont bondi de 70 % par rapport au mois d’août, soit +587 passages. Ce phénomène, observé chaque année à cette période, est cette fois plus sévère. Entre 120 et 170 jeunes de 11 à 14 ans se sont rendus aux urgences chaque semaine pour des gestes suicidaires, une augmentation notable par rapport aux années précédentes où ces chiffres restaient bien en dessous de 100. Chez les adolescents de 15 à 17 ans, entre 200 et 250 jeunes ont été admis chaque semaine pour des raisons similaires, un niveau comparable à celui de 2022 mais largement supérieur à celui de 2021 et 2023, où les passages restaient sous les 180.

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Revivez le concert historique de la Fonky Family au Golden Coast Festival

Lundi 7 octobre à 21h sur France 4 !

— Par Sarha Fauré —

Amateurs de rap et nostalgiques des années d’or du hip-hop français, préparez-vous pour un moment unique sur France 4 ! À l’occasion d’une diffusion exclusive, retrouvez la Fonky Family, l’un des groupes les plus emblématiques de la scène rap française, dans un concert capté lors du Golden Coast Festival 2024. Ce festival, qui a marqué un tournant pour le hip-hop en France en étant le premier entièrement dédié à ce genre musical, a accueilli les légendaires rappeurs marseillais pour une performance d’anthologie.

Un groupe mythique de retour sur scène
La Fonky Family a fait ses débuts en 1994 à Marseille, et depuis, le groupe a littéralement redéfini les contours du rap en France. Composé de Rat Luciano, Sat l’Artificier, Don Choa, Menzo, ainsi que de DJ Djel, Pone (producteur) et Fel, le groupe s’est rapidement imposé grâce à ses textes percutants et ses beats marquants. Dès leur premier album *Si Dieu Veut…* en 1997, ils sont devenus des figures incontournables du rap, atteignant le double disque d’or.

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Coupe budgétaire à La Poste : l’avenir des agences communales en péril

— Par Sarha Fauré —

La Poste fait face à un avenir incertain alors qu’une coupe budgétaire de 50 millions d’euros menace son réseau de 17 000 antennes à travers la France. Ce contrat de présence postale territoriale, qui permet à l’entreprise de remplir sa mission de service public, se voit amputé d’une partie de ses financements, mettant en péril la pérennité des agences postales communales, particulièrement dans les zones rurales et plus encore dans les territoires d’outre-mer.

Le PDG de La Poste, Philippe Wahl, a annoncé la réduction lors du congrès de l’Association des maires ruraux de France, expliquant que cette coupe budgétaire affecte directement le fonctionnement des points de contact locaux. Si la situation persiste en 2025, de nombreuses agences pourraient fermer, notamment celles où La Poste prend en charge une partie des salaires des employés communaux. Wahl a souligné que des dépenses importantes avaient déjà été engagées pour l’année à venir, ce qui rend la coupe d’autant plus difficile à absorber.

Signé pour la période 2023-2025 par La Poste, l’AMF et l’État, le contrat de présence postale avait pour objectif de maintenir un maillage territorial dense, où 97% de la population se trouve à moins de cinq kilomètres d’un bureau de poste ou d’une agence communale.

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Plaidoyer pour une gauche universaliste : Susan Neiman contre les dérives du wokisme

— Par Sarha Fauré —

Le livre de Susan Neiman, « La gauche n’est pas woke », apporte une réflexion inédite dans le débat contemporain sur le wokisme, un terme aujourd’hui largement controversé. Alors que de nombreux essais abordant ce sujet adoptent une approche résolument réactionnaire ou conservatrice, Neiman se distingue par une perspective philosophique, nuancée et profondément ancrée dans les idéaux de la gauche universaliste et progressiste. Directrice du prestigieux Einstein Forum à Potsdam, et ayant enseigné dans des universités telles que Yale et Tel-Aviv, Susan Neiman critique les dérives identitaires qu’elle observe au sein de son propre camp politique, tout en réaffirmant son engagement en faveur des valeurs des Lumières.

Dans cet ouvrage, Neiman dénonce ce qu’elle appelle le « tribalisme » de certains mouvements actuels qui, bien qu’animés par une volonté sincère de défendre les opprimés, adoptent des méthodes qu’elle considère comme fondamentalement réactionnaires. Selon elle, le mouvement woke repose sur des émotions traditionnellement associées à la gauche, comme l’empathie et l’indignation face aux injustices, mais se perd en appliquant des idées basées sur l’identité, qui s’opposent à l’universalisme progressiste.

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Hommage à Edith Lefel : un concert pour célébrer une icône du zouk

Vendredi 27 septembre – 19h30 – Tropiques-Atrium

Le 20 janvier 2003, Edith Lefel, grande voix du zouk, quittait la scène, laissant derrière elle un mémorable héritage musical . En hommage à cette artiste d’exception, ce concert réunit une formation prestigieuse pour redonner vie aux chansons intemporelles de celle qui a marqué des générations. Née en 1963 à Cayenne en Guyane, de mère guyanaise et de père martiniquais, Edith Lefel a su, en deux décennies de carrière, s’imposer comme l’une des figures majeures de la musique caribéenne, notamment grâce à ses textes engagés et son timbre de voix unique.

De ses débuts en 1984 à son ascension fulgurante avec des albums tels que La Klé (1988), Mèsi (1992) et Rendez-vous (1996), Edith Lefel a su captiver les foules par sa sensibilité et son authenticité. Sa carrière a été jalonnée de collaborations marquantes, notamment avec le groupe Malavoi, et elle a conquis des scènes prestigieuses comme celle de l’Olympia.

Ce concert hommage met en lumière ses plus grands succès, avec des arrangements musicaux soignés, mêlant cordes et cuivres, pour recréer l’émotion de ses chansons devenues patrimoniales.

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Semaine Kalinago 2024 : une célébration de résilience et de renouveau sous la première cheffe Anette Sanford

— Par Sarha Fauré —
La semaine Kalinago est un événement majeur célébré chaque année en Dominique, particulièrement sur le territoire Kalinago, une réserve de 15 km² dédiée aux descendants des premiers habitants de la Caraïbe. Créée pour préserver la culture et les traditions du peuple Kalinago, cette célébration, qui remonte au 19 septembre 1930, est devenue un symbole de résilience, de fierté et d’unité pour cette communauté.
La commémoration de la guerre de 1930, qui marque un tournant dans l’histoire des Kalinagos, honore leur lutte contre l’oppression et rappelle la mémoire des hommes tombés lors de ces affrontements tragiques. Depuis 1981, chaque année, des événements comme des débats, des hommages aux anciens, ainsi que des concours, tels que Miss Kalinago et Princess Natari, sont organisés pour renforcer les liens entre les membres de la communauté.
En 2024, cet événement a pris une tournure historique avec l’installation d’Anette Sanford comme première femme cheffe du peuple Kalinago. Lors d’une cérémonie marquante sous le grand Karbay, en présence de figures politiques dominicaines, Sanford a prononcé un discours puissant. En saluant ses invités par le mot amérindien « Mabrika », elle a rappelé l’esprit de résilience et de détermination de son peuple face à des siècles de colonialisme, de génocides et d’oppression.

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Mathieu Jean Gensin : une quête artistique entre héritage et modernité

— Par Sarha Fauré —

L’exposition « À la quête de mes origines : entre initiations et transmissions », présentée au Musée des Cultures Contemporaines Adama Toungara (MuCAT) et à la Galerie Eureka, célèbre l’œuvre et le parcours unique de Mathieu Jean Gensin, un artiste martiniquais profondément ancré en Côte d’Ivoire depuis plus de six décennies. Ce projet met en lumière son exploration des racines culturelles et de la transmission artistique, thèmes qui traversent toute sa carrière.

À 90 ans, Gensin demeure une figure majeure de l’art négro-caraïbe et ivoirien. Né en Martinique, il a étudié les Beaux-Arts à Paris avant de s’installer en Côte d’Ivoire en 1960, année marquant l’indépendance du pays. Installé à Adjamé, dans le quartier Dallas, il fonde le mouvement négro-caraïbe, qui fusionne les traditions artistiques des Antilles avec celles de l’Afrique de l’Ouest. À travers ses œuvres, Gensin revisite ses origines tout en s’appropriant les rituels et symboles mystiques ivoiriens. Sa toile « Rituels » en est un exemple frappant, où il dépeint un personnage entouré de fétiches dans une scène de consultation, symbolisant l’interaction entre le visible et l’invisible.

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Le Pass Culture en question : inefficacité, inégalités et propositions d’amélioration

— Par Sarha Fauré —

Le Problème du Pass Culture : Depuis sa création en 2021, le Pass Culture a été critiqué pour ne pas atteindre ses objectifs. Un rapport de l’inspection générale des affaires culturelles indique qu’il est souvent contre-productif et amplifie les inégalités.
1. Critères d’éligibilité et utilisation : Le Pass Culture offre 300 euros aux jeunes de 18 ans et moins pour dépenser dans des activités culturelles via une application. Cependant, les jeunes les plus aisés en bénéficient davantage, et l’argent est souvent dépensé pour des œuvres populaires plutôt que pour la découverte culturelle.
2. Impact économique et social : Le Pass Culture est coûteux (260 millions d’euros) et son efficacité est remise en question. Il finance principalement des producteurs privés et étrangers, et crée des opportunités de trafic, ce qui nuit à son objectif de soutien aux œuvres et lieux subventionnés par l’État.
3. Critique et alternatives : La mesure est critiquée pour ne pas combler les fractures culturelles et pour remplacer des initiatives telles que l’ouverture des bibliothèques publiques. Un second Pass Culture, collectif, introduit en 2022 dans les écoles, semble plus prometteur mais nécessite une évaluation plus poussée.

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Ouverture des inscriptions aux ateliers du SERMAC

Le Service Municipal d’Action Culturelle (SERMAC) de Fort-de-France annonce l’ouverture des inscriptions pour ses ateliers culturels, marquant ainsi le début d’une nouvelle année de créativité et de transmission des savoirs artistiques. Depuis sa création en 1975, le SERMAC a su se forger une place incontournable dans le paysage culturel martiniquais, formant des générations d’artistes et contribuant à l’épanouissement de milliers de stagiaires.

Une mission de transmission culturelle

Depuis plus de 50 ans, le SERMAC s’engage à transmettre et à valoriser l’identité culturelle martiniquaise. Initialement fondé pour dynamiser la vie culturelle de Fort-de-France, le SERMAC a évolué pour devenir un véritable pilier de la culture locale, offrant une large gamme d’ateliers réguliers ouverts à tous, jeunes et adultes. En 2023, ce sont plus de 2 000 stagiaires qui ont bénéficié de la richesse de cette offre culturelle.

Des ateliers accessibles à tous

Le SERMAC propose une diversité d’ateliers dans plusieurs disciplines artistiques : arts visuels, arts scéniques, arts musicaux et bien-être. Ces ateliers sont dispensés par une équipe d’une trentaine d’enseignants qualifiés et passionnés, qui accompagnent les stagiaires dans leur parcours artistique.

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Kréyol International Film Festival : Un appel à l’union et à la préservation du cinéma créole

— Par Sarha Fauré —

À Paris, le cinéma créole lutte pour son existence et trouve en le Kréyol International Film Festival (KIFF) une vitrine singulière qui célèbre sa richesse tout en embrassant l’universel. Inédit et porteur d’espoir, le KIFF est une mosaïque de visions et de voix, une plateforme inclusive pour les cinéastes de tous horizons.

L’histoire du KIFF

Il y a deux ans, Alexia de Saint-John’s, animée par sa passion pour les langues et les cultures créoles, a lancé ce festival afin de célébrer et de partager la richesse de cet héritage culturel par le biais du cinéma. Le KIFF est né d’un rêve : sauvegarder les langues créoles et mettre en lumière les voix kréyolophones souvent marginalisées dans les grands récits cinématographiques. Chaque film projeté est une fenêtre ouverte sur les cultures de Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Haïti, Dominica, Jamaïque, Saint Lucia, Barbados, et bien d’autres îles et régions créolophones.

Les réalisations du KIFF 2023

En 2023, le KIFF a fait ses premiers pas avec humilité mais prometteur. À Paris, des cinéastes de diverses régions et horizons se sont réunis pour partager leurs œuvres avec un public diversifié.

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Ajout de sites mémoriels liés à Nelson Mandela sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco

—  Par Sarha Fauré —

Le 27 juillet, l’Unesco a enrichi sa Liste du patrimoine mondial avec 14 sites sud-africains étroitement liés à la lutte contre l’apartheid et à la vie de Nelson Mandela, des symboles majeurs de la fin de la domination de la minorité blanche en Afrique du Sud.

Parmi ces nouveaux inscrits, le site de Sharpeville, dans la province du Transvaal, est particulièrement poignant. En 1960, la police y a abattu 69 manifestants noirs, dont des enfants, un événement tragique qui a marqué un tournant dans l’histoire de l’apartheid, conduisant à l’interdiction du Congrès national africain (ANC). Ce massacre reste un symbole de la brutalité du régime d’apartheid et de la détermination des Sud-Africains à lutter pour leur liberté.

Autre site d’importance, le village de Mqhekezweni, dans la province du Cap oriental, où Nelson Mandela a passé une partie de son enfance. C’est dans ce village isolé qu’a germé son activisme politique, comme il le raconte dans son autobiographie, *Un long chemin vers la liberté*. Ce lieu, peu exploité à ce jour, est crucial pour comprendre les origines de l’engagement de Mandela.

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La lutte contre la faim et la malnutrition : un défi mondial urgent

— Par Sarha Fauré —

Six ans avant l’échéance de 2030, les tendances en matière de faim et d’insécurité alimentaire ne progressent pas suffisamment pour atteindre l’objectif de développement durable, qui vise à éliminer la faim et l’insécurité alimentaire. De même, les indicateurs des objectifs mondiaux de nutrition montrent que le monde n’est pas sur la bonne voie pour éradiquer toutes les formes de malnutrition . Actuellement, des milliards de personnes n’ont toujours pas accès à une alimentation nutritive, sûre et suffisante.

Cependant, il existe des raisons d’espérer. Les progrès réalisés dans de nombreux pays montrent qu’il est possible d’inverser ces tendances. Pour y parvenir, la mise en œuvre de politiques, d’investissements et de législations adéquates est essentielle, nécessitant un financement approprié pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Malgré un large consensus sur la nécessité urgente d’augmenter les financements dans ce domaine, il n’existe pas encore de compréhension commune sur la façon dont ce financement devrait être défini et suivi. Un rapport récent a fourni une définition attendue du financement pour la sécurité alimentaire et la nutrition ainsi que des recommandations sur l’utilisation efficace des outils de financement innovants et les réformes nécessaires.

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Toumani Diabaté : le roi de la kora, pont entre tradition et modernité

— Par Sarha Fauré —

Un héros de la kora : l’héritage de Toumani Diabaté

Toumani Diabaté, un musicien malien d’exception, a quitté ce monde le vendredi 19 juillet à l’âge de 58 ans, suite à une courte maladie. Sa disparition, annoncée par son fils Sidiki Diabaté sur les réseaux sociaux, a suscité une vague d’émotions et d’hommages dans le monde de la musique africaine et au-delà. Virtuose de la kora, harpe-luth à 21 cordes, Toumani Diabaté était bien plus qu’un musicien : il était un pont entre traditions ancestrales et modernité, un ambassadeur culturel et un maître incontesté de son art.

Un héritage griotique

Né le 10 août 1965 à Bamako, Toumani Diabaté appartenait à une illustre famille de griots, les gardiens de la tradition et de l’histoire orale en Afrique de l’Ouest. Sa mère, Nama Koïta, était chanteuse, tandis que son père, Sidiki Diabaté, fut couronné roi de la kora lors du Festac77 à Lagos. Dès l’âge de cinq ans, Toumani commence à apprendre la kora sous la direction bienveillante de son père et de son grand-père, marquant ainsi le début d’une carrière musicale prodigieuse.

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Bill Viola : maître de l’art vidéo et explorateur du temps

— Par Sarha Fauré —

Bill Viola, pionnier américain de l’art vidéo, est décédé paisiblement chez lui le 12 juillet 2024 à l’âge de 73 ans, après avoir souffert de la maladie d’Alzheimer depuis 2012. Né le 25 janvier 1951 à New York, Viola a transformé le paysage artistique avec ses installations vidéo monumentales et ses explorations profondes de la temporalité et de la spiritualité.

Une rencontre fondatrice avec la vidéo

Viola a découvert la vidéo au lycée, et cette rencontre a déterminé son parcours artistique. Inscrit à l’université de Syracuse, il a rapidement quitté les cours traditionnels pour intégrer l’« experimental studio » de Jack Nelson, où il a commencé à expérimenter la vidéo comme un signal électronique, plutôt qu’une simple image. Ses premières installations, utilisant des moniteurs et de grandes projections, ont vu le jour au début des années 1970, période d’effervescence pour l’art vidéo.

Influences et thématiques

Les œuvres de Viola sont marquées par une quête spirituelle profonde, influencée par les mystiques, les peintures de la Renaissance et son immersion dans le zen, après une résidence au Japon en 1980 où il rencontre le maître zen Daien Tanaka.

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« Jesse Owens (Folio Biographies) » par Alain Foix

—  Par Sarha Fauré —

Le livre « Jesse Owens » de la collection Folio Biographies, écrit par Alain Foix, présente une biographie détaillée de l’athlète américain Jesse Owens, connu pour ses exploits sportifs et son impact social durant l’entre-deux-guerres. Owens, né James Cleveland Owens, est devenu une figure de renommée internationale grâce à ses performances exceptionnelles aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936, où il remporta quatre médailles d’or (100m, 200m, saut en longueur et relais 4x100m). Cet ouvrage explore non seulement ses prouesses athlétiques, mais aussi son contexte historique et personnel.

Contexte historique et social

Jesse Owens est né le 12 septembre 1913 à Oakville, Alabama, dans une famille pauvre de onze enfants. Ses parents, Henry et Emma Owens, luttent pour subvenir aux besoins de la famille, influençant la jeune vie de Jesse. Sa santé fragile et les conditions économiques difficiles marquent son enfance. En 1920, la famille déménage à Cleveland, cherchant de meilleures opportunités. C’est là que Jesse découvre sa passion pour la course à pied.

Le livre se penche sur la période de ségrégation raciale aux États-Unis et l’impact de cette réalité sur la vie de Jesse Owens, même après ses victoires olympiques.

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Pierre-Jean Samot : un bâtisseur infatigable de la Martinique s’éteint à 89 ans

Pierre-Jean Samot, figure emblématique de la politique martiniquaise, s’est éteint le 14 juin 2024 au Lamentin, à l’âge de 89 ans. Né le 21 août 1934 à Fort-de-France, il a marqué de son empreinte la commune du Lamentin qu’il a dirigée en tant que maire de 1989 à 2018. Sa carrière politique a commencé sous la houlette de Georges Gratiant, ancien maire du Lamentin, dont il est devenu le premier adjoint en 1983. Cette collaboration a jeté les bases de son engagement politique profond et de son souci constant du bien-être des citoyens.

Après un passage en région parisienne, Samot revient en Martinique et est rapidement appelé à des responsabilités locales. Élu conseiller général en 1987, il accède à la mairie du Lamentin deux ans plus tard. Sa détermination et sa vision l’amènent à fonder en 1998 le parti « Bâtir le Pays Martinique » après des désaccords avec Georges Erichot, alors secrétaire général du Parti Communiste Martiniquais (PCM). Ce nouveau parti lui permet de continuer son combat politique avec un soutien populaire indéniable, comme en témoigne sa réélection en 1995 avec près de 85 % des voix malgré une mise en examen pour favoritisme et trafic d’influence.

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« Tu, c’est l’enfance » de Daniel Maximin, une nouvelle édition en collection de Poche

— Par Sarha Fauré —

La réédition en collection de poche du récit d’enfance de Daniel Maximin, « Tu, c’est l’enfance », nous offre une plongée captivante dans la jeunesse tourmentée mais enrichissante de l’auteur en Guadeloupe. À travers ce livre, Maximin nous dévoile son enfance marquée par les éléments naturels et les luttes historiques de son peuple.

Le regard de l’enfant et l’universel

Daniel Maximin s’efforce de préserver la pureté et l’innocence du regard enfantin, refusant d’écraser les événements de l’enfance sous le poids du regard adulte. Cette dualité entre le « tu », l’enfant d’autrefois, et le « je », l’adulte d’aujourd’hui, permet de commenter et d’explorer les souvenirs qui ont forgé l’auteur. L’objectif est de respecter cette innocence et de montrer l’universalité de tous les regards d’enfants à travers le monde. Chaque enfant, en affrontant les éléments – l’air, la terre, l’eau et le feu – trouve une vitalité essentielle pour se construire en tant qu’adulte, tout en faisant face aux malheurs et douleurs qu’ils imposent. Maximin illustre cela par ses propres expériences : cyclone, éruption volcanique, tremblement de terre et raz de marée.

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La galerie Bonne Espérance : une fenêtre sur l’art contemporain de l’Afrique australe

Rêves des San jusqu’au 29 juin 2024

— Par Sarha Fauré —

Située au cœur de Paris, au 3 rue Notre Dame de Bonne Nouvelle dans le deuxième arrondissement, la galerie Bonne Espérance offre une plongée captivante dans l’effervescence créative de l’Afrique australe. Fondée en 2019 par Scott Billy, un Américain résidant depuis 25 ans à Johannesburg, et son associée Kari Smith, la galerie expose des œuvres d’artistes, designers et artisans émergents et confirmés, représentant la diversité et l’authenticité de la scène artistique africaine contemporaine.

Bonne Espérance est une vitrine unique pour les artistes du Cap à Johannesburg, de Durban à Pretoria, et même au-delà des frontières de l’Afrique du Sud, englobant des créateurs du Lesotho, du Swaziland, du Botswana et de la Namibie. La galerie se distingue par sa programmation régulière qui attire les curieux, les amateurs et les collectionneurs désireux de découvrir des œuvres à la croisée de l’art, de l’artisanat et du design.

Les San : gardiens d’une tradition artistique millénaire

L’une des expositions phares de la galerie Bonne Espérance met en lumière les œuvres contemporaines des artistes San, autrefois connus sous le nom de « Bushmen ».

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« Origine Kongo », un documentaire de Laura Chatenay-Rivauday

Vendredi 17 mai à 19h à OMCLR Bd Henri Auzé au Robert

— Par Sarha Fauré —

Synopsis : « Origine Kongo » plonge au cœur de l’histoire méconnue des Kongos, ces hommes et femmes africains envoyés aux Antilles pour travailler après l’abolition de l’esclavage. À travers des récits poignants et des témoignages émouvants, le documentaire explore les différentes façons dont les descendants des Kongos retracent leur héritage et revendiquent leurs racines africaines dans les sociétés antillaises d’aujourd’hui.

Voir le Documentaire : https://www.france.tv/documentaires/4774522-origine-kongo.html#section-about

Lire aussi : Origine : Kongo (madinin-art.net)

Approche narrative : Laura Chatenay-Rivauday adopte une approche intime et diversifiée pour raconter cette histoire complexe. En mettant en lumière les histoires individuelles de plusieurs protagonistes, le documentaire offre un aperçu captivant de la manière dont chaque personne s’approprie son identité Kongo de manière unique. Des artistes aux agriculteurs en passant par les militants culturels, chaque protagoniste du film apporte une perspective précieuse sur la manière dont les Kongos et leurs descendants ont façonné la culture et l’identité des Antilles.

Thèmes abordés : « Origine Kongo » aborde une multitude de thèmes essentiels, notamment l’héritage culturel, l’identité, la transmission intergénérationnelle et la résilience.

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L’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert prix Goncourt de la poésie

— Par Sarha Fauré —

Louis-Philippe Dalembert, éminent écrivain haïtien, a été couronné du prestigieux prix Goncourt de la poésie le mardi 14 mai 2024, une reconnaissance suprême de son talent littéraire qui embrasse l’ensemble de son œuvre. Né à Port-au-Prince en décembre 1962, il est le fils d’une institutrice et d’un directeur d’école, une origine qui, malgré les défis qu’elle a rencontrés, a enraciné en lui un amour profond pour les mots et la narration.

La vie de Dalembert a été marquée par des moments de séparation et de déracinement dès son plus jeune âge. La disparition tragique de son père quelques mois seulement après sa naissance a jeté sa famille dans l’incertitude et les difficultés matérielles, les forçant à déménager à plusieurs reprises. Ces premières expériences ont laissé des traces indélébiles dans son esprit et ont nourri son œuvre, notamment à travers son roman intitulé « Le crayon du bon Dieu n’a pas de gomme », un récit poignant de son enfance sous le joug de la religiosité et du sabbat.

Après avoir grandi au Bel-Air, un quartier populaire de Port-au-Prince, entouré principalement de femmes fortes et inspirantes, Dalembert a connu à l’âge de six ans un premier déracinement lorsque sa famille a dû déménager, laissant derrière eux un lieu chargé de souvenirs et d’histoires.

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Le Mémorial ACTe : entre espoirs brisés et renaissance incertaine

— Par Sarha Fauré —

Dans les méandres tumultueux de l’histoire récente du Mémorial ACTe, chaque épisode semble révéler une nouvelle facette des dysfonctionnements qui ont sapé les fondations de cet édifice culturel. Depuis son inauguration en grande pompe en 2015, avec la présence du président Hollande et d’éminents dignitaires de la Caraïbe, le musée a oscillé entre espoirs et désillusions, laissant entrevoir une vision ambitieuse de réconciliation et de transmission de mémoire qui, hélas, peine à se concrétiser.

Au cœur des tourments du Mémorial, l’affaire Laurella Rinçon cristallise les tensions et révèle les failles béantes de gouvernance. Ancienne directrice générale, elle incarne à la fois les espoirs placés en elle lors de sa nomination et les déceptions qui ont suivi. Condamnée pour favoritisme dans des marchés publics, son parcours tumultueux est symptomatique des luttes de pouvoir et des conflits d’intérêts qui ont secoué l’institution.

Pourtant, les problèmes du Mémorial ne se limitent pas à une seule personne. Les rapports accablants de la chambre régionale des comptes soulignent une myriade de problèmes structurels : une exposition permanente souvent inaccessible, des collections en péril faute de moyens et d’entretien, une intégration insuffisante dans le tissu touristique local.

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La mort de Laurent Cantet, maître de l’humanisme cinématographique

— Par Sarha Fauré —

Laurent Cantet, cinéaste discret mais profondément engagé, a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma français. Son décès, survenu le 25 avril, a été un moment de deuil pour toute la communauté cinématographique. Cantet, né en 1961, a grandi avec une sensibilité particulière aux nuances de la société et des rapports humains, une sensibilité qu’il a su traduire magistralement sur pellicule tout au long de sa carrière.

Son premier long-métrage, « Ressources humaines » (1999), a été comme une entrée en matière, une exploration subtile des tensions sociales et familiales dans le contexte de l’entreprise. Cantet a immédiatement attiré l’attention avec sa capacité à capturer les nuances des relations humaines, démontrant une compréhension profonde des dynamiques complexes qui animent la société contemporaine.

Cette sensibilité s’est encore affirmée avec « Entre les murs » (2008), le film qui a valu à Cantet la Palme d’or à Cannes. Adapté du roman de François Bégaudeau, le film offre un portrait saisissant de la vie dans une classe de collège en zone d’éducation prioritaire. Cantet a réussi à capturer l’énergie brute de l’adolescence, tout en explorant les enjeux sociaux et éducatifs qui sous-tendent chaque interaction.

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Mascus. Les hommes qui détestent les femmes, de Pierre Gault (Fr., 2024, 52 min)

France.Tv Slash | À la demande | Documentaire

— Par Sarha Fauré —

Le documentaire « Mascus. Les hommes qui détestent les femmes », dirigé par Pierre Gault, est une plongée approfondie dans le phénomène du masculinisme, une idéologie en pleine expansion qui trouve ses racines dans le ressentiment et la frustration des hommes envers les progrès de l’égalité entre les sexes. À travers une enquête minutieuse, le film expose les différentes facettes de ce mouvement, mettant en lumière ses origines, ses manifestations et ses conséquences sur la société contemporaine.

Dès le début, le documentaire met en garde contre la montée du masculinisme, une idéologie qui émerge comme une réaction aux avancées du féminisme. Les masculinistes se considèrent comme menacés dans leur virilité et leur statut par les progrès de l’égalité entre les genres, et appellent à une riposte contre ce qu’ils perçoivent comme une emprise croissante des femmes sur la société. Cette riposte se manifeste par des discours virulents, des attaques contre le féminisme et parfois même par des actions violentes.

Le film explore les différentes branches du masculinisme, en mettant en lumière deux groupes principaux : les « incels » et les « MGTOW ».

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