— Par Samuel Lepastier, psychiatre —
Samuel Lepastier psychiatre, explique pourquoi les crimes à caractère sexuel envers les enfants sont devenus les plus intolérables pour l’opinion publique. Et en quoi ils trouvent un écho intime en chacun de nous, même si nous n’en sommes pas directement les victimes.
Par Cécile DAUMAS
Audition des acquittés d’Outreau à la télévision, Natascha Kampusch libérée huit ans après son enlèvement à l’âge de 10 ans, meurtre de Mathias et Madison le week-end du 8 mai, l’affaire Grégory qui devient un téléfilm : en 2006, ces événements ont marqué les esprits, frappé la conscience collective. Au XIXe siècle, le pire des crimes était d’assassiner son père, aujourd’hui, c’est de séquestrer, violer, tuer un enfant. Pourquoi ?
Tous les ans, en France, une dizaine au moins de pères ou mères gravement déprimés se suicident après avoir tué leurs enfants. C’est ce qu’on appelle curieusement le «suicide altruiste». Ces meurtres mobilisent peu l’attention. En revanche, ce qui est intolérable à l’opinion publique, c’est effectivement qu’un enfant soit agressé ou tué pour le plaisir égoïste d’un adulte pervers. Aujourd’hui, la maltraitance physique émeut moins que la maltraitance sexuelle réelle ou supposée.