— Par Léo Ursulet —
La catastrophe de 1902 à la Martinique figure de manière très discrète dans le répertoire des catastrophes naturelles les plus meurtrières dans le monde. Pourtant la perte de 29 000 victimes pour sa population en 1902 de 204 000 âmes, correspondrait par exemple pour la France d’aujourd’hui à une perte de 9,4 millions de personnes.
De même, cette catastrophe, verrons-nous, a interpellé le monde, de par sa nature, de par ses échos, de par la diversité d’origine de ses victimes ; elle est également retenue par l’histoire pour sa richesse en divers enseignements.
Mais la ville de Saint-Pierre, avant même sa totale destruction, en dépit de sa modeste taille, transportait l’observateur étranger subtil au-delà de son environnement géographique, voire de son temps, par les caractères transcendants qu’elle lui inspirait. Ainsi l’écrivain Lafcadio Hearn, lors d’un voyage en Martinique en 1887, dans une vision de la ville quelque peu hallucinatoire et finalement prémonitoire, fut ramené à ses souvenirs lumineux propres de la ville martyr de Pompéi, devenue l’une des empreintes marquantes de l’antiquité romaine. Le savant Alfred Lacroix, lui aussi, assez paradoxalement, peu après 1902, aura le même réflexe.