— Par Saïdou Alcény Barry —
Après Léopold Sedar Senghor, premier Noir à siéger à l’Académie française en juin 1983, voilà Dany Laferrière, trente-deux ans plus tard. Deux noirs, deux styles. Autant le premier était coulant, autant le second est rugueux. Un nouveau venu qui risque d’ébranler la Coupole.
Le romancier canado-haïtien Dany Laferrière est devenu, à 62 ans, membre de l’Académie française dont il occupe désormais le fauteuil n°2. Celui qu’avaient occupé Montesquieu, Dumas fils et que lui cède le romancier argentin Hector Biancotti, son dernier occupant.
L’admission de l’auteur du roman Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer dans cet univers compassé de vieux gardiens surprend. Dany Laferrière, contrairement à Senghor qui était béat de reconnaissance devant la France, est un trublion, un Haïtien fier de l’être.
On se souvient que Senghor répondant à la question de savoir pourquoi il écrit en français dira: « Parce que nous sommes des métis culturels, […] parce que le français est une langue à vocation universelle. […] Et puis le français nous a fait don de ses mots abstraits – si rares dans nos langues maternelles -, où les larmes se font pierres précieuses.