Nous vivons une drôle d’époque… et pas seulement en raison de la crise sanitaire, d’autres virus s’étant infiltrés au cœur de nos sociétés, que l’on pensait plus subtiles ! Si l’on en croit certains mouvements féministes, comme aussi cette inscription relevée à Paris sur les murs d’une certaine faculté, il faudrait donc avec d’autres me clouer au pilori pour avoir, pendant plus de quarante ans, distillé le poison de la poésie ronsardienne à des générations d’élèves. À des classes où d’innocentes jeunes filles auraient, par ma seule faute d’enseignante inconsciente, été exposées à la promiscuité, malsaine et dangereuse, d’écrivains violeurs en puissance, ou de personnages dépravés, fussent-ils seulement de fiction. Certes, il y avait bien péril en la demeure, et le combat, et la mutation qui – peut-être – est en train de s’opérer dans les rapports qui lient – ou délient – les hommes aux femmes, étaient plus qu’urgents et nécessaires. Mais comme le disait ma grand-mère, « le trop est l’ennemi du bien », et l’on peut le penser quand à ce sujet le « trop » entraîne des dérives inquiétantes, quand le « trop » consiste à vouloir rétablir une sorte de censure aveugle, confondant vie réelle et littérature, œuvre de papier et œuvre de chair.