— Par Roland Sabra —
La salle était pleine. « Whose streets ? » a estomaqué le public. Un film coup de poing comme un cri de rage face à l’inadmissible, l’insupportable, la négation de l’Autre parce différent dans son apparence, sa couleur de peau…
Le 9 août 2014 Michael Brown, un homme noir de 18 ans, non armé, mains en l’air, a été abattu par un policier à Ferguson, dans le Missouri. Son corps restera des heures interminables sur la chaussée, en plein soleil, début d’un processus de déshumanisation organisée par la police, orchestrée par les médias, soutenue par l’appareil judiciaire. Un lynchage aux ors des oriflammes de ce siècle qui voit la bataille pour la reconnaissance des droits civiques tomber le masque et n’être plus qu’un combat pour le droit de vivre.
L’assassinat de Mike Brown sera un point de rupture pour les résidents de St Comté de Louis. Parents, enseignants, artistes, se mobilisent, affrontent la Garde Nationale et ses armes de guerre et réclament que justice soit faite. En vain ! Le Grand Jury refusera d’inculper le policier assassin. La victime, étudiant, sans histoire particulière compte tenu de ses conditions de vie, bien considéré par sa communauté sera dépeint par la police et ses chiens de garde comme un voyou, un criminel, dans un processus d’animalisation charriant tous les poncifs du genre.