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Violentes tensions à Fort-de-France : l’arrestation de Rodrigue Petitot et les émeutes qui ont suivi

Lundi 11 novembre 2024, une violente altercation a éclaté à la résidence préfectorale de Fort-de-France, entre Jean-Christophe Bouvier, préfet de la Martinique, et Rodrigue Petitot, leader du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC). L’incident, filmé en direct par Petitot et largement partagé sur les réseaux sociaux, a rapidement enflammé les tensions sur l’île.

Ce soir-là, une délégation du RPPRAC s’est rendue à la résidence préfectorale, où se trouvait François-Noël Buffet, le ministre des Outre-mer, en visite officielle. Les membres de l’organisation exigeaient un entretien immédiat avec le ministre. Mais selon le préfet, aucune demande de rendez-vous n’avait été reçue au préalable. Face au refus de Bouvier, le ton est monté entre les deux hommes, le représentant du RPPRAC demandant au préfet de « parler différemment ». L’affrontement verbal a été interrompu par l’arrivée des forces de l’ordre, qui ont conduit les membres du RPPRAC à la sortie.

Le lendemain, mardi 12 novembre, Rodrigue Petitot a été interpellé à son domicile de Fort-de-France, suite à une plainte déposée contre lui pour son intrusion à la résidence préfectorale.

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Martinique : La contestation contre la vie chère s’intensifie, nouveaux blocages prévus

Le samedi 19 octobre, environ 2 000 personnes se sont rassemblées à Fort-de-France, répondant à l’appel du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens (RPPRAC) pour continuer la mobilisation contre la vie chère en Martinique. Bien que l’État ait annoncé avoir signé un accord avec les distributeurs pour une baisse de 20 % en moyenne des prix de l’alimentaire, cet accord a été jugé insuffisant par le collectif à l’origine du mouvement, qui a décidé de ne pas y adhérer. Le RPPRAC a appelé à une intensification des actions, avec des blocages prévus sur l’ensemble du territoire dès le lundi 21 octobre.

Le leader du mouvement, Rodrigue Petitot, surnommé « le R », a pris la parole devant une foule habillée de rouge, la couleur symbolique de la mobilisation. Accueilli comme une rock star sous les applaudissements de ses partisans, Petitot a dénoncé l’accord signé par les autorités, rappelant qu’il ne concernait que 6 000 articles. « Peut-on accepter ça ? », a-t-il lancé à la foule. En réponse, un « Non ! » retentissant a fusé, suivi de poings levés en signe de protestation.

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Accord de vie chère sans le RPPRAC : chak bètafé ka kléré pou nanm yo.

— Par Jean-Michel Salmon, Maître de conférences en économie, Faculté de Droit et d’Économie de la Martinique, expert des petites économies insulaires. —

Il aura donc fallu l’émergence d’une association auto-proclamée de défense du peuple, le RPPRAC, avec des menaces de mises en exécution de blocage de l’île, suivies de violences urbaines et d’un climat insurrectionnel contre lequel l’Etat a appelé la CRS8 pour maintenir un tant soit peu l’ordre républicain, pour que tous les parties prenantes – Etat, CTM, députés, opérateurs de la grande distribution…- finissent enfin par se mettre autour d’une table, afin de se donner urgemment les moyens d’identifier des mesures de lutte contre la vie chère plus significatives que le cache-sexe du BQP issu d’une première crise en ce domaine, 15 ans plus tôt.

Cela témoigne de l’inertie naturelle de nos pouvoirs publics et de la crise de la démocratie représentative en Martinique. Pour ce qui est du grand capital isiya, ayen pa ka changé.

Tout ça pour ça : quel est le résultat ?

La signature d’un protocole d’accord1 le 16 octobre 2024, qui met en place ce qu’il conviendrait d’appeler la réforme Hayot – on pourrait dire Hayot-Ajjar, mais c’est la version Hayot qui a été retenue, comme on va le montrer.

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Nouvelle crise de la vie chère en Martinique : faut-il que tout change pour que rien ne change ?

— Par Jean-Michel Salmon, Maître de conférences en économie, Faculté de Droit et d’Economie de la Martinique, expert des petites économies insulaires.—

La vie est chère à la Martinique ; très chère, trop chère. Savez-vous pourquoi ?

C’est parce que nous sommes obligés, je dis bien obligés de n’acheter que les marchandises européennes qui sont déjà chères, par elles-mêmes et qui deviennent encore plus chères du fait que, pour arriver jusqu’à nous, elles sont obligées de franchir 7000 km de mer en payant le frêt le plus cher du monde.
Ne croyez-vous donc pas que ce serait une bonne chose que les martiniquais aient le droit de commercer librement avec leurs voisins immédiats. L’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, les Antilles-Guyane. Est-ce qu’ils ne devraient pas par exemple, avoir le droit d’acheter à côté pour 9 F ce qu’à l’heure actuelle ils sont obligés d’acheter en Franc 18 F ou 20 F ? Et bien ça, ça s’appelle LA LIBERTE COMMERCIALE.

Aimé Césaire, 24 février 1978, Discours des Trois Voies ou des Cinq Libertés

La nouvelle crise de la vie chère en Martinique a atteint un paroxysme de violence.

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Affrontements en Martinique : Rodrigue Petitot et onze policiers blessés lors des manifestations contre la vie chère

Deux militants placés en garde à vue

Lundi 7 octobre, la Martinique a été secouée par de violents affrontements entre les forces de l’ordre et des militants mobilisés contre la vie chère. Au cœur de cette agitation, le giratoire de Mahault, situé au Lamentin, s’est transformé en véritable champ de bataille. Onze policiers ont été blessés, tandis que Rodrigue Petitot, figure emblématique du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), a été lui aussi blessé, à la main et à la jambe, lors des altercations.

Tout a débuté lorsque les forces de l’ordre ont tenté de dégager un barrage routier installé par des manifestants, composé de poids lourds, de véhicules hors d’usage et de matériel de chantier. Après les sommations habituelles, les forces de l’ordre ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles, auxquels les policiers ont répondu par la force. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser la foule, ce qui a conduit à l’interpellation de cinq individus.

De son côté, le RPPRAC a vivement dénoncé ce qu’il considère comme une « répression policière ».

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