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Le théâtre amateur en Martinique est bien vivace

 

De la nécessité d'organiser et de promouvoir le théâtre amateur en Martinique

Le théâtre amateur en Martinique est bien vivace. Michèle Césaire vient de proposer au Théâtre de Foyal les Premières rencontres du Théâtre Amateur, en mai 2008, suivie par la ville de Trinité qui propose elle aussi des rencontres pendant la première semaine de juin. Jandira Bauer de Jesus l’an dernier dans « Madame Marguerite, la jeune Daniely Francisque le 22 mai de cette année, avec Neg Pa Ka Mo, nous ont offert dans des registres très différents, des spectacles porteurs de promesses d’avenir.

La programmation du Théâtre Municipal de Foyal était assez restreinte . Trois pièces, dont une déjà programmée l’an dernier à titre privé. En premier lieu nous avons vu « Le dindon » de Feydeau, mis en scène par Claude Georges Grimonprez  qui dirige  la Compagnie théâtrale Courtes Lignes fondée en 1993  avec  Anne-Marie CLERC. La troupe nous avait gratifié l’an dernier de « Douze hommes en colères. » Il y a dans cette compagnie, un bonheur à jouer dont on ne peut douter, et qui éclate sur scène. C’est cette énergie qui fait oublier les imperfections, les maladresses, inhérentes à cette pratique.

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Sont-ils ce qu’ils disent être ou sont-ils ce qu’ils font?

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/05/2008

  Le film de Guy Deslauriers, sur un scénario de Patrick Chamoiseau, avec Stomy Bugsy dans le rôle du journaliste martiniquais assassiné rencontre des difficultés de financement. Le budget du film s’élève à 3 millions d’Euros, moitié moins que la moyenne des films français. Les Chti’s ont couté 11 millions d’Euros alors que le budget d’un film étasunien oscille  aux environs de 60 millions de dollars soit 40 millions d’Euros en moyenne, mais  « Titanic »  avait coûté à l’époque 135 Millions d’euros (200MD). Guy Deslauriers précise que le sujet du film, les faits qu’il relate, a privé les producteurs « Kreol Productions » de certains financements habituellement réservés aux films français et d’outremer. En d’autres termes, pour appeler un chat, un chat et une censure une censure, le film a été pénalisé parce que qu’il a eu l’heur de déplaire politiquement. Et le réalisateur d’ajouter « Qu’un certain nombre de partenaires ne sont pas allés au bout de leurs engagements et encore moins de leur promesses. » Ceux-là on voudrait bien les connaître, pour mieux les faire connaître!

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Des nègres et des juges « La scandaleuse affaire Spoutourne » (1831-1834), de Caroline Oudin-Bastide

« Des petits juges » ballotés au gré de l’Histoire

— par Roland Sabra —

un ouvrage de Caroline Oudin-Bastide.

Caroline Oudin-Bastide est historienne, spécialiste de l’histoire de l’esclavage aux Antilles françaises. Après avoir publié en 2005 «  Travail, capitalisme et société esclavagiste », elle nous livre aujourd’hui, en un peu moins de deux cents pages une étude sur l’affaire Spoutourne qui défraya la chronique martiniquaise entre 1831 et 1834. Elle montre combien les colons martiniquais, dont l’opportunisme politique les conduisit à se « faire anglais » ou français selon le moment afin de préserver au plus près de ses origines le système esclavagiste, ont été incapables de prévenir et d’anticiper sur les mouvements de fonds qui allaient conduire à l’effondrement de l’exploitation servile. Pour échapper à l’abolition le refuge dans le giron anglais n’aura fait que retarder, trop longtemps certes, l’inéluctable. L’abolition de la Traite avant celle de l’esclavage était annonciatrice de la fin. Les engagements de la France, vaincue à Waterloo, auprès des autres puissances européennes, l’ont contrainte dans un premier temps à tenter de reprendre en main la justice coloniale, jusqu’alors totalement sous la coupe des colons.

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«Le monde tel qu’il est» de Monchoachi

 Une invite au débat

—par Roland Sabra —


Le débat commence. Monchoachi publie ces jours- ci un petit opuscule  » Le monde tel qu’il est« , d’un cinquantaine de pages qui se veut une réponse à celui de Chaoiseau et Glissant «  Quand les murs tombent« . Ce dernier écrit dans l’urgence d’une situation politique que le nécessitait, la création ignominieuse, d’un « Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale » présentait les avantages et les imperfections d’un long tract qui permettait d’organiser des débats. Ce qui avait été le cas, dans plusieurs endroits du monde et notamment en Martinique. On se souvient en effet que des élèves du lycée Schoelcher, des étudiants de l’IUFM, des syndicalistes s’étaient emparés du texte et en avaient débattu avec les auteurs. A partir de la dénonciation de ce qu’ils considéraient comme une infamie, Glissant et Chamoiseau portaient sur la place publique la question de la nature d’un futur état  pour la Martinique. Etat-Nation ou Etat-Relation?

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 » Le ruban de la fille du pape », de Patrice Louis

— Par Roland Sabra —

            Patrice Louis et les possibles de la non-rencontre.
A propos de son dernier livre  » Le ruban de la fille du pape  »

« Je ne dois rien à personne et personne ne me doit rien »

Il est en avance au rendez-vous. De noir vêtu, à la ville comme à la télévision, avec cette cravate à rayures jaunes dont il doit avoir moult exemplaires. Il est plongé dans la presse, qu’il vient d’acheter. On ne se départ pas d’une vieille maîtresse aussi facilement. Il est avenant, persuadé qu’il y a toujours à apprendre de l’autre et que la rencontre est une richesse. Dans un entretien il se comporte en vrai professionnel. Il connaît les ficelles du métier. L’interview, c’est son quotidien. Difficile de l’emmener là où il ne veut pas aller; il se dérobera prétextant la question ou le thème trop difficile pour lui. Il est venu parler de son dernier livre, de sa première fiction. Et si Breton à la recherche dans Fort-de-France en avril 1941, d’un ruban pour sa fille n’avait pas aperçu dans la vitrine de la mercerie que tenait la sœur de  René Ménil un exemplaire de la revue « Tropiques »?

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« Monsieur Jourdain » : baroque et jubilatoire

  — Par Roland Sabra —

Didier Carette n’aime pas Molière. Il a du mal avec le théâtre du XVII ème siècle dont il trouve l’écriture trop « monologuante » et les personnages trop « monolithes ». Le contraire de ce qu’il aime dit-il. Le metteur en scène à des affinités avec Brecht, avec Shakespeare, pas beaucoup avec Jean-Baptiste Poquelin. C’est pour des raisons économiques, pour assurer des recettes, il faut bien vivre, qu’il se contraint à monter « Le Bourgeois gentilhomme » pièce du répertoire dont le grand public est friand. Comme Didier Carette est un homme de paradoxes que les défis stimulent il confie le rôle de M. Jourdain à Georges Gaillard qui lui détestait franchement cette pièce et « Le Medecin malgré lui » avec. Le résultat? Il est jubilatoire! Comme quoi l’art est avant tout affaire de labeur et d’intelligence.

Le travail de Didier Carette se situe dans la veine d’un théâtre baroque qu’il tire vers l’expressionnisme allemand à la Murnau pour inventer, à l’instar du cinéma de même nom, une sorte de théâtre noir, de théâtre d’horreur dans lequel il s’évertue à chercher dans les personnages les plus négatifs ce qu’il y a d’humanité profonde, enfouie.

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« Cahier d’un retour mal assuré au pays des bonnes intentions» « Mann ist, was mann isst »

— Par Roland Sabra —

Yé Mystikwi! et Mangeons!

Photo Philippe

Yé Mystikwi ! Deux spectacles pour clore la biennale de danse contemporaine. Tout d’abord une chorégraphie de Lucien Peter inspirée du « Cahier d’un retour au pays natal » dont on retiendra la belle mise en lumière de José Cloquel et la difficulté à passer des bonnes intentions à la réalisation. Dès la lecture du prologue(1) par le psychanalyste Guillaume Suréna, les danseurs apparaissent sur scène un peu, et dans la salle, beaucoup, en se déplaçant comme des automates, de façon mécanique mi zombies mi-âmes errantes à la recherche d’un havre sur le fond de la scène une sorte de lune bleue tordue qui servira d’écran aux projections multimédia, à dire vrai beaucoup d’écrans de veille repiqués d’un Winamp quelconque. Sur la scène se dessine un espace qui semble figurer l’île yougoslave dont le nom et la vue vont déclencher l’écriture du cahier. En fond musical plus qu’en accompagnement la voix de Césaire se fait entendre dans un environnement sonore confus : sur la voix du poète la gestuelle de la danseuse se construit en opposition aux gestes des automates.

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« Les Bonnes » : « Solange » Aïdoudi éblouissante dans une cérémonie sacrificielle, érotique et religieuse

 — Par Roland Sabra —

Une création foyalaise

Les comédiens et les comédiennes sont des êtres insupportables. Narcissiques, auto-centrés, mégalomanes, d’une redoutable fragilité qui se pare de la robe de l’infantilisme le plus indécrottable, on ne peut que les haïr de ne pouvoir faire du théâtre sans eux. Et pourtant… l’adage est bien connu qui affirme que l’on apprécie les gens que pour leurs qualités alors qu’on les aime pour leur défauts. Jandira de Jesus Bauer a été comédienne, ce qui explique pourquoi elle est sans doute assez folle pour s’embarquer avec trois comédiennes antillaises et monter « Les Bonnes » à Fort-de-France. Le résultat est à la mesure de l’entreprise, décalé, iconoclaste et fidèle, inventif et décapant, mais surtout réussi.

Toute l’œuvre de Genet peut se lire autour de deux axes, le bien/le mal, le masculin/le féminin. « Les bonnes » ont d’ailleurs été jouées plusieurs fois par des hommes. « Sol Ange » est un nom de personnage qui apparaît pour la première fois dans « Notre Dame des Fleurs » et Claire est aussi un signifiant qui renvoie à celui qui quitte le monde laïque pour le monde ecclésial.

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Soweto: la recette d’un succès populaire ambigu

 — Par Roland Sabra —

Soweto texte de Serge BiléComme toute recette de cuisine tout dépend de l’endroit où vous concoctez votre plat. On ne fait pas une bouillabaisse de la même façon à Marseille, à Miami, à Tokyo, à Fort-de-France. Il est important de tenir compte des ingrédients locaux, de ce que vous pourrez trouver sur le marché.

Prenons l’exemple de Soweto, spectacle qu’il est difficile de qualifier, tant il relève de genres indéfinis, (comédie musicale? tour de chant? danses? music-hall? variétés?) et qui a suscité un enthousiasme populaire indéniable à l’Atrium de Fort-de-France. Les trois représentations ont été doublées et chaque fois elles ont fait salle comble.

Serge Bilé, est un journaliste honnête et compétent, et ses papiers retracent, sans compromis, sans flatterie aucune ce qu’il constate, n’en déplaise à quelques nationalo-populistes qui lui contestent ( de quel droit?) sa liberté de parole au fallacieux prétexte qu’il ne serait pas martiniquais d’origine! La bêtise est sans frontière. Sans être historien, essayiste, ni même écrivain Serge Bilé écrit des livres, témoigne. « Noirs dans les camps nazis », qui aurait dû obtenir le prix Essais France Télévision a été écarté à la suite d’une intervention de la responsable des prix littéraires mettant injustement en doute le sérieux de l’ouvrage.

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« Les Bonnes » de Jean Genet en Martinique : en voilà du propre!

— Par Roland Sabra —

Comment le choix de la pièce vient au metteur en scène?

Épisode 1

Jandira Bauer, metteuse en scène martiniquaise d’origine brésilienne a accepté la présence d’un critique tout au long de la gestation et l’accouchement d’un spectacle. Je vais tenter de rendre compte de cette aventure. Roland Sabra.

Jandira Bauer a consacré sa vie au théâtre. Du Brésil à la Martinique en passant par la France, elle a fréquenté, cotoyé, mais surtout appris auprès des plus grands. De Jean Genet à Ariane Mouchkine. De Jean Genet justement au début dea années 80 qu’elle rencontre comme comédienne dans « Les Bonnes ». Le Maître est imposant, la comédienne impressionnée car au-delà d’un apparent détachement il veille au grain. Jamais il ne donnera l‘imprimatur pour une version définitive de son texte. Ce sera la deuxième version, trois sont connues, deux publiées, la troisième aux archives Loius Jouvet.

Le texte « Les Bonnes », Jandira Bauer un quart de siècle après sa rencontre avec l’auteur, le connaît par coeur. Il n’a cessé de la travailler et, elle, n’a cessé de le travailler tout au long de sa carrière dans de nombreux ateliers.

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« Les Bonnes » de Jandira Bauer : une créatrice marginale et provocatrice, profondément humaine.

« Les bonnes » création à Fort-de-france : homosexualité, religions, candomblé et luttes des classes

Elle arrive à l’heure au rendez-vous, qu’elle a demandé plusieurs fois de déplacer, parée des couleurs du diable : noire et rouge. Martinico-brésilienne, elle a gardé cet accent lent et chanté de son pays natal. La langue a du mal a maîtriser le bouillonnement de l’esprit. Venue parler de sa dernière création «  Les Bonnes » présentée pour la première fois à Fort-de-France, jeudi 10 avril avant Le Festival d’Avignon cet été, elle profite d’une incise sur Jean-Luc Lagarce pour décortiquer, pendant deux bonnes heures, la façon dont il faut lire « Juste avant la fin du monde » qu’elle travaille en ce moment avec des élèves comédiens. Genet, Lagarce, des auteurs à ne pas mettre en toutes les mains et dont Jandira de Jésus Bauer fait son quotidien. Un quotidien qui n’a rien de monotone, son rapport aux textes est charnel, il est fait de sexe, de transgressions, de tendresse, de mise en danger, de passions, et les mots sont à l’avenant, directs, sans fioritures, les formules assassines et drôlement imagées de tournures lusophones, en un mot, un discours d’humanité.

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« Mémoires d’Iles » d’Ina Césaire. Adaptation et mise-en-scène de José Exélis

— Par Roland Sabra—

memoire_d_ilesNostalgie Blues et lutte des classes

Le rideau s’ouvre sur un espace vide dessiné par José Exélis et sculpté par la lumière de Valéry Pétris. Réussite. Elles sont deux, deux de cet âge qui n’a plus nom. Elles sont d’un autre temps, de ce temps où la mémoire de ce que l’on a fait prend le pas sur ce qui reste à faire.. Deux d’un même père, mais l’une mulâtresse et l’autre « mal sortie ». L’une reconnue et l’autre ignorée. Deux sœurs donc, par le père. Impair et passe. Elles vont se laisser aller à remonter le temps. Hermance, truculente, joue la carte couleur, négresse elle est, négresse elle se revendique. Aurore, elle a en mains deux paires, une paire blanche une paire noire. Elle hésitera toujours à jouer. Ambivalence de classe, de l’entre-deux. Elle s’enorgueillit de bien parler français, d’avoir intégrer les codes de la classe dominante, et se révolte à l’assassinat, resté impuni, par un gendarme blanc, de Zizine et Désétages à la veille d’un scrutin municipal : « Élections sans incident » dira la presse à la botte.

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« Les 16 de Basse-Pointe » : quand le sucre a le goût du sang

— par Roland Sabra —

Tournage avec René Polomat
Tournage avec René Polomat

« Manmay kouté, kouté sa ki pasé, sé té an mars, an mars 48».». La chanson de Kolo Barst pourrait, hélas être adaptée à de nombreuses situations en Martinique, tant le pouvoir colonial s’est inscrit avec un alphabet de sang et de feu sur le corps du peuple martiniquais. Le 04 mars 1948 au Carbet les gendarmes tirent sur des ouvriers en grève sur l’habitation Lajus. Trois morts. Le crime restera impuni. C’est dans ce contexte et dans un climat général de répression du mouvement ouvrier, diligentée par le pouvoir socialiste que le 06 septembre 1948, le petit béké Guy de Fabrique, administrateur de la plantation Leyritz, provoque arme au poing, en compagnie de trois gendarmes un groupe d’une soixantaine de grévistes. Désarmé il s’enfuit, puis est rejoint par un petit nombre d’ouvriers agricoles. Trois coups mortels lui sont portés suivis d’une trentaine d’autres. Un béké a été assassiné! La nouvelle est incroyable, habituellement ce sont les nègres que l’on assassine, mais là c’est un blanc créole, pensez-donc!! Dans les jours qui suivent 16 hommes sont arrêtés sans preuve, incarcérés trois ans avant d’être jugés dans l’ancien port négrier de Bordeaux.

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« Mademoiselle Julie » : Pères, ne laissez jamais vos filles seules les nuits de Saint-Jean!

— Par Roland Sabra —
Michèle Césaire continue d’explorer les relations maître-serviteur. Après nous avoir présenté un Jacques le Fataliste très sage, elle nous offre aujourd’hui une Mademoiselle Julie tourmentée. Le tourment accompagne d’ailleurs la vie de Strindberg, auteur de la pièce et inventeur du théâtre moderne.

La pièce est un huis clos de trois personnages qui pousse au suicide une jeune fille la nuit des feux de la Saint-Jean. Mademoiselle Julie est une jeune fille qui appartient à à une noblesse d’épée sur le déclin. Jean est un domestique qui imagine échapper à sa condition par l’entremise d’une liaison avec la fille du Comte, sous les yeux de la cuisinière Christine, sa promise. Jeu de dupes à la fatale issue. Déjà enfant, le domestique croyait aimer Julie quand il n’était attiré que par les richesses, le château et les soins de la jeune fille. Il rêvait d’ascension sociale, elle vivra une descente aux enfers. A la transgression sociale s’ajoute une transgression des rôles sexuels, puisque c’est elle Julie qui prend l’initiative de séduire son domestique. On retrouve dans la pièce toute l’ambivalence de Strindberg vis à vis de ses propres parents.

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La Julie présentée à Foyal n’était pas Mademoiselle!

— Par Roland Sabra —

Mademoiselle JULIE est une leçon de sociologie sous la fausse apparence d’un divertissement. C’est là toute la différence entre un théâtre militant, didactique, pesant qui noie le divertissement dans la leçon démonstrative et le théâtre de réflexion qui, se présentant d’abord comme un divertissement, amène le spectateur à s’interroger, à penser. Un espace est constitué entre la scène et la salle que le spectateur aura la possibilité, le loisir et pas l’obligation, de traverser par un processus d’identifications plus ou moins conscient non pas à des personnages, mais à des situations vécues, incarnées par des comédiens. Ce qui est asséné d’un côté est laissé à la liberté d’appropriation de l’autre. Distinction entre texte de propagande et texte à thèse, éloge de la distanciation surtout quand elle est brechtienne. Parvenir à cette magie assure à la pièce sa pérennité. C’est pourquoi on peut toujours jouer Sophocle et quelques autres.

La JULIE de Stindgerg n’a pas pris une ride. Elle est de tout temps, de toute éternité, de tout lieu à tel point que c’est à se demander pourquoi un metteur en scène antillais ne l’a pas encore adaptée, transposée, créolisée.

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Marie Reynier, Rectrice de l’Académie de Martinique et le « stock » des Contrats-Aidés Le mot de trop!

Poster-Tabou

— par Roland Sabra —

Edito du 28/02/2008

 Ambiance tendue le jeudi 21 février 2008 au Rectorat de l’Académie de Martinique où la Rectrice, Marie Reynier, recevait les acteurs du système éducatif mobilisés contre la suppression des  postes occupés par des Contrats-Aidés (C-A). Il s’agit là d’emplois précaires à durée limitée, qui ont été créés en 2005. Une partie du débat porte sur la nécessité ou non de ces emplois. Pour Marie Reynier ces emplois relèvent d’un programme politique d’insertion qui relève d’une logique autre que la seule prise en compte des besoins de l’Education Nationale, pour preuve, selon elle, le calcul de ces ouvertures d’emplois, qui repose sur le nombre de Rmistes enregistrés et non sur un recensement des nécessités éducatives. Ces créations d’emplois précaires sont intervenues alors que loi du 13 août 2004 a transféré aux départements et aux régions la gestion des personnels techniciens, ouvriers et de services (TOS) des collèges et des lycées. Contrairement au texte constitutionnel ce transfert n’a pas été accompagné des moyens financiers adéquats. La Région et le Département n’ont donc pas pu, ou pas voulu, doter les établissements scolaires des TOS nécessaires à leur bon fonctionnement, pariant sur le détournement par les chefs d’Etablissement des tâches éducatives des Contrats-Aidés, en surnombre(sic!)

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Rap et politique

— par Roland Sabra —

Editorial du 07 février 2008

Poster-Tabou

Le rap a trente-trois ans, l’âge du Chirst, mais s’il grimpe c’est au box office pas sur le Golgotha. Il est né à New York de joutes verbales, plutôt poétiques dans les prisons et franchement militantes sur les trottoirs du Bronx, du Queens ou de Brooklyn. N’en déplaise aux rombières c’est un mouvement artistique complet, un mode de vie, le hip hop. A la musique se joignent la danse, break, smurf etc., l’expression picturale, graffitis, tags et des codes vestimentaires et comportementaux déterminants, baggies, look XXL, bijoux en or et rollex ostentatoires. La généalogie du rap est rhizomatique, elle emprunte à la fin des années soixante aux Last poets, un collectifs de jeunes noirs militants qui clament en musique leurs révoltes à caractère politique, mais elle est reliée aux sounds systems jamaïquains et à leurs discos mobiles qui parcouraient l’île sono hurlante pour faire connaître les derniers tubes. Au milieux des années soixante-dix dans le Bronx, un surnommé Kool Herc organise une fête et a l’idée d’utiliser deux platines pour mieux assurer l’enchainement des morceaux et faire durer les breaks, ces moments où ne reste que le tempo, le beat.

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Le GRAF-M et « l’emprise »

 — Par Roland Sabra —

Le GRAF-M , Groupe d’Action et de Recherche Féministe de Martinique est né d’une démarque de l’UFM, Union des Femmes de Martinique. Mais la double appartenance est possible. Petite structure, comparée à l’UFM, la nouvelle association revendique une plus grande indépendance à l’égard des organisations politiques et sans doute, parce que la nature même de la divergence est difficile à apprécier, une approche différente des rapports hommes/femmes. Le vendredi 18 janvier la foule se pressait à l’invitation de cette jeune organisation pour débattre, en présence de Fabienne Frémeaux, membre du Graf-M et auteure de «  Comment je me suis faite arnaquer par mon psy », de l’emprise.

Le titre même de l’ouvrage est discutable, il s’inscrit dans la longue série des attaques frontales menées contre la psychanalyse depuis le « Livre noir de la psychanalyse » en passant par les tentatives de réglementation de l’activité des « psy » et autres promotions des Techniques (le mot est juste!) comportementalo-cognitivistes1. Mais l’amendement Accoyer à l’origine de cette loi de police a conduit à une impasse.

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Édouard Glissant : Un État-nation martiniquais? Non merci, mais que vive la Nation-relation martiniquaise!

Edito du 15/01/2008

— Par Roland Sabra —

 « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » écrivait Rimbaud et c’est tant mieux! Ils étaient sept de cet âge là, du plus noir qu’hier soir à la plus blanche que blanc à s’être lancés le défi de dire, de mettre en voix, un texte difficile, un texte dont ils n’ont pas tout compris lors de sa première écoute, mais un texte qui leur parlait d’identités anciennes et d’identité en devenir, à eux déjà plus loin que leurs parents. Ils se sont engueulés, jamais méchamment, ils ont eu des fous rires, de ces rires que l’on a quand on a dix-sept ans et que l’on n’a plus jamais plus tard. Ils étaient sept élèves du Lycée Schoelcher.  Ils ont joué avec les mots et les mots se sont joués d’eux quand ils leurs donnaient à penser plus loin qu’eux-mêmes. Glissant était là, Chamoiseau était là, leurs profs étaient là, leurs copains étaient là, les caméras filmaient, les journalistes enregistraient, mais eux ils s’en foutaient un peu car ils avaient à dire. 

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Identité : Madiana et les musées coloniaux

— par Roland Sabra —

Edito du 10-01-08


Deux lignes de forces dans ce numéro de rentrée.

Dans la solitude d’un champ de navets

La première ligne de force de ce numéro aborde la  thématique   de l’identité à partir des effets d’acculturation et même de « déculturation » de la programmation cinématographique en Martinique.

Parmi la vingtaine de films que la critique estime être les meilleurs de l’année 2007 ( cf; ci-après) Madiana en a programmé deux! On ne peut que saluer l’abnégation de Sarah Netter, la critique d’Antilla qui chaque semaine est contrainte non seulement de voir mais, et c’est le pire, de commenter les « nanards » de la programmation éliséenne.  Trouver un bon film en Martinique relève de l’expérience de la solitude dans un champ de navets. Madiana est entrain de tuer doucement mais sûrement le cinéma en Martinique. Mais le plus inquiétant est la mise en œuvre d’une acculturation aux mœurs étasuniennes en matière de relations sociales et, c’est surtout là que le bât blesse de violences sociales.

Premier effet de la présence de ce multiplexe : la disparition des salles de quartier et même de communes au profit d’une  centralisation des projections aux portes de Fort-de-France .

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Dérive et dérapages

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 Éditorial

— par Roland Sabra —

Edito du 20/12/2007

 L’anthropologue Kenja,  dans son commentaire hebdomadaire de l’actualité qu’il livre à « Antilla » l’annonce comme le premier fait qui a retenu son attention la semaine dernière : le 08 décembre à la rencontre LaKouzémi, Raphaël Confiant aurait rendu publique son adhésion à Al Quaïda, tout en renonçant à la créolité. Un an après ses propos sur les juifs qualifiés d’ « innommables » cette adhésion serait dans la droite ligne d’une dérive identitaire déjà relevée dans ces pages. Il faut suggérer que l’abandon de la créolité s’accompagne d’un passage à « l’arabïté », élargissement assuré d’un lectorat bien plus conséquent. On voudrait juste savoir quand Raphaël Confiant prendra l’avion de façon à éviter de voyager ces jours-là.

Plus affligeant, le dérapage de Daniel Boukman, lors de la lecture de « Quand les murs tombent » de Chamoiseau et Glissant à l’Atrium. On sait que la vente de la brochure qui porte ce titre est destinée à l’aide aux sans-papier et aux associations qui viennent en aide aux immigrés. Mais voilà tous les immigrés n’ont pas le même statut.

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René Maran : le travail du déchirement et de la rectitude

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par Roland Sabra

Éditorial du 20 décembre 2007 

 Comme les nègres héroïques, dépenaillés, mains nues qui montaient à l’assaut des troupes pas encore impériales mais déjà impérialistes de Bonaparte à Vertières en chantant La Marseillaise ou La Carmagnole, René Maran était intimement persuadé que les valeurs de Liberté et d’Egalité appartenaient à  l’humanité entière et que ce n’était que hasard de l’histoire si celles-ci s’étaient manifestées avec force dans l’espace français. C’est à ces valeurs, qu’il posait comme universelles qu’il était attaché, bien plus qu’à la France, comme on se plait à le dire comme pour mieux marginaliser cet écrivain immense et dérangeant, inspirateur et précurseur de la Négritude comme le reconnait Senghor. Dérangeant et inclassable, c’est le moins que l’on puisse dire, fonctionnaire colonial il dénoncera dans la préface de Batouala, « le pays qui lui a tout donné » et dont la civilisation repose   » sur des cadavres » ( cf ci_contre). Il n’aura de cesse de condamner l’écart entre les idéaux républicains et la pratique gouvernementale.  Et c’est ce que Senghor appelle « L’humanisme noir de René Maran » qui lui fait  dénoncer  « l‘anthroponégrisme » d’enfermement de certains écrivains et penseurs noirs américains.

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Langue, identité et pensée unique

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Par Roland Sabra

Edito du 13-XII-07 

Tout est affaire de langage. Certes! Mais ce qui nous intéresse ici c’est la façon concrète dont cette faculté humaine est mise en œuvre dans une langue. Une langue commune est un facteur de construction de l’identité nationale,  et l’on a vu de par l’histoire des opérations  d’« assistance identitaire » à l’égard des nations qui présentaient, de par leur situation politique, un déficit initial d’intellectuels autochtones : les lettrés allemands, français, anglais ou russes ont prêté leur concours à la fondation des identités nationales en Europe. Mais si la langue est à la base de l’identité nationale celle-ci ne s’y résume pas. La possession du sol est elle aussi indispensable. Si celle-ci vient à manquer les rêves d’unités qu’ils soient africains avec le panafricanisme, arabe avec le panarabisme connaîtront le même sort que les langues dites construites par opposition aux langues naturelles. De belles utopies. Dès lors la pan-créolité dont Rodolf Etienne fait l’éloge, se trouve confrontée à des difficultés autrement plus ardues que celles qu’ont tentées d’affronter Africains et Arabes. Ce que possédaient les uns et les autres, à savoir l’unité linguistique et où territoriale, force est de constater que les créoles en sont dépourvus.

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« Le collier d’Hélène » : Daniely Francisque entre guerre civile et guerre intime

— Par Roland Sabra —

 

Qu’est-il plus grave?  perdre sa terre? ou un collier? La question est insensée pour qui oublierait qu’un chagrin d’amour peut anéantir un sujet plus sûrement qu’un bombardement. Oser dire cela dans un pays en guerre depuis trente ans, dans un pays occupé, dans un pays déchiré, dans un pays qui n’est qu’affrontements, enlèvements et assassinats dans un pays qui pourtant veut vivre, oser dire cela relève de la folie. C’est ce à quoi nous convie Lucette Salibur en montant une pièce de Carole Fréchette, « Le collier d’Hélène » dont on avait pu écouter la lecture dans le cadre de la troisième rencontre métisse « Théâtre des Nations » Martinique/Québec au Théâtre de Fort-de-France de Michèle Césaire sur une invitation de Etc Caraïbe/CEAD.

Hélène est donc à Beyrouth, quand elle perd un collier de verroteries. Perte sur laquelle elle s’appuie pour rester dans ce pays meurtri et partir à la recherche de l’objet perdu.

Refuser de hiérarchiser la douleur, de considérer qu’il est des peines supérieures à d’autres c’est se situer d’emblée du côté du sujet, en posant comme incontournable le caractère incommensurable de la souffrance humaine.

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Propos d’éco

Par Roland Sabra

Edito du 05-12-2007

A l’origine le mot « économie » signifie « administration de la maison. L’origine du mot est grecque : oikos veut dire maison et nomos règle. Le sens du mot a évolué et s’applique  aujourd’hui à des ensembles humains plus important, comme une nation.  Les études économiques doivent permettre d’éclairer les décisions prises par le pouvoir politique de la Maison Martinique, par exemple. Si les sciences sociales étudient les Hommes vivant en société l’économie est donc une  de ces disciplines. La « somme » que publie Jean Crusol s’inscrit dans cette veine. Il dresse une large fresque historique en insistant sur la pluralité des expériences historiques et il met surtout en évidence la question qui va devenir de plus en plus brûlante, de la reconversion que certains ne veulent pas voir. La crise de la banane n’aura été d’aucun effet.  Si l’article de Michel Herland, ci-contre « explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique », les pistes de développement que dégage Jean Crusol et qui reposent sur les avantages comparatifs que détient la Martinique, ne font que souligner ce que Madinin’Art a déjà repérer dans plusieurs articles comme incurie du pouvoir politique local.

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