Playdoyerpour l’aménagement simultatné, dans l’école haïtienne, des deux langues officielles d’Haîti conformément à la Constitution de 1987
— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
« On ne peut plus écrire son paysage ni écrire sa propre langue de manière monolingue. Par conséquent, les gens qui, comme par exemple les Américains, les États-Uniens, n’imaginent pas la problématique des langues, n’imaginent même pas le monde. Certains défenseurs du créole sont complètement fermés à cette problématique. Ils veulent défendre le créole de manière monolingue, à la manière de ceux qui les ont opprimés linguistiquement. Ils héritent de ce monolinguisme sectaire et ils défendent leur langue à mon avis d’une mauvaise manière. Ma position sur la question est qu’on ne sauvera pas une langue dans un pays en laissant tomber les autres. » (Lise Gauvin : « L’imaginaire des langues – Entretien avec Édouard Glissant », revue Études françaises, 28, 2/3, 1992 – 1993, Presses de l’Université de Montréal, 1993.)
Le directeur d’une école secondaire du Cap-Haïtien a récemment demandé par courriel s’il ne vaudrait pas mieux « donner la priorité, dans les échanges et les débats publics, à la résolution des problèmes prioritaires et urgents du pays plutôt que de discuter d’aménagement linguistique dans les écoles d’Haïti ».