Étiquette : Robert Berrouët-Oriol

La lexicographie créole à l’épreuve des égarements systémiques et de l’amateurisme d’une « lexicographie borlette »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La borlette aurait débuté dans les années 1950 dans le sud du pays, dans les régions des Cayes, via les émigrés haïtiens travaillant à Cuba – au départ, elle se serait appelée la « Loteria Cubana » puis « Bolita » qui signifie « petite boule » en espagnol et, dans les années 1960, elle est devenue la borlette (…) Quant à la borlette, sa pratique relève en fait de toute une géomancie qui accompagne l’interprétation des rêves et révèle une certaine technicité du jeu : il faut en « bien » rêver, bien interpréter son rêve pour arriver au bon boul. L’analyse permet ici de revenir sur l’affirmation selon laquelle, dans les jeux de hasard, « non seulement on ne cherche pas à éliminer l’injustice du hasard, mais c’est l’arbitraire même de celui-ci qui constitue le ressort unique du jeu » (Marie Redon, Université Paris 13-Nord : « Gaguère (combat de coqs) et borlette (loterie) / Quels enseignements sur Haïti ? », Géopolitique des jeux d’argent, Cahiers d’Outre-Mer, LXXII, 2020).

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Une promotion de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est à Jacmel porte le nom de Robert Berrouët-Oriol 

— Par Marc Sony Ricot —

La promotion 2018-2022 de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est à Jacmel porte le nom de Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue et écrivain. Cette exceptionnelle distinction est attribuée à l’universitaire pour son « dévouement et son engagement au service de la langue créole, de la linguistique et de l’éducation en général ». 
Les étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (FSE/UPSEJ) ont fait choix de Robert Berrouët-Oriol comme personnage public pour dénommer leur Promotion de fin d’études universitaires : « promotion Robert Berrouët Oriol (2018-2022) ». La cérémonie de remise des diplômes a eu lieu le dimanche 26 mars 2023 en l’église du Sacré-Cœur de Meyer, à Jacmel. « Nous avons fait choix de monsieur Berrouët-Oriol pour son dévouement et son engagement au service de la langue créole, de la linguistique et de l’éducation en général », écrit l’étudiant Assédius Doret, l’un des membres de la promotion.
Pour sa part, Robert Berrouët-Oriol, dans la lettre adressée aux étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université publique du Sud-Est de Jacmel, se dit ému par cette distinction. 

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Le partenariat créole-français, l’unique voie constitutionnelle et rassembleuse en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Cohabitation des langues et politique linguistique / La notion de « langue partenaire » est le titre de l’ouvrage publié au cours du mois de novembre 2015 par la Délégation à la langue française de Suisse. Cette publication de 198 pages regroupe les actes du séminaire « Le concept de ‘’langue partenaire’’ et ses conséquences pour une politique intégrée du français » organisé à Champéry (Suisse) les 6 et 7 novembre 2014 par le réseau OPALE. Depuis plusieurs années, le réseau OPALE regroupe les organismes francophones de politique et d’aménagement linguistiques suivants : (1) le Service de la langue française et le Conseil de la langue française et de politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles ; (2) la Délégation générale à la langue française et aux langues de France ; (3) le Conseil supérieur de la langue française, l’Office québécois de la langue française et le Secrétariat à la politique linguistique du Québec ; et (4) la Délégation à la langue française de Suisse romande. Les auteurs des contributions réunies dans ce volume proviennent de diverses régions de la Francophonie (Belgique, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Québec, Suisse).

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La longue route des terminologies scientifiques et techniques en créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’un des premiers professeurs de sociolinguistique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), friand amateur de poésie et mathématicien de formation avant d’être linguiste, disait souvent, en salle de cours, que dans la langue usuelle comme dans la fiction poétique et romanesque, les mots ont une saveur, une tonalité, une résonance, une histoire, un sens premier ou différencié selon le contexte d’énonciation, selon le registre de langue et selon l’époque. Les dictionnaires de la langue usuelle et les terminologies spécialisées témoignent à des degrés divers de la pertinence des remarques du sociolinguiste de l’UQAM, et l’histoire de la migration des mots en témoigne lorsqu’ils se déplacent d’une époque à l’autre, d’un domaine à l’autre, d’un registre de langue à un autre. Les linguistes et sémioticiens qui suivent depuis plusieurs années les travaux de la psychanalyste et linguiste Julia Kristeva sont familiers de cette problématique repérable notamment dans son roman « Les Samouraïs » (Éditions Fayard, 1990) où la « parole est liée à un plaisir essentiel », à la « saveur des mots » (Kristeva, 1990 : 35), « à la musique des lettres » (ibidem : 38).

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Lexicographie créole, traduction et terminologies spécialisées : l’amateurisme n’est pas une option…

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’examen attentif des outils lexicographiques et terminologiques élaborés de 1958 à 2022 et ayant pour cible le créole haïtien, est riche d’enseignements. Comme il est démontré dans l’article « Les défis contemporains de la lexicographie créole et française en Haïti » (par Robert Berrouët-Oriol, Le National, 2 août 2022), sur les 75 dictionnaires et lexiques répertoriés dans notre « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » (Le National, 21 juillet 2022), seuls 9 d’entre eux ont été élaborés en conformité avec la méthodologie de la lexicographie professionnelle.

Les plus lourdes lacunes identifiables dans la production lexicographique et terminologique haïtienne sont l’amateurisme, le rachitisme méthodologique et l’ignorance des principes de base de la méthodologie de la lexicographie professionnelle. Un concentré de chacune de ces lourdes lacunes est le très médiocre « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » (voir notre évaluation analytique consignée dans l’article « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative » (Le National, 15 février 2022).

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Les « langagiers » en quête d’outils d’aide à la rédaction en créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La consultation récente d’un dossier consacré aux « outils d’aide à la rédaction » en français a tout naturellement débouché sur la question suivante : en Haïti, les langagiers qui rédigent en créole disposent-ils du même type d’instruments rédactionnels ? Pour explorer adéquatement les différents aspects de cette question, il y a lieu de préciser d’entrée de jeu la signification de certains termes-clés. Le terme « langagier » est ainsi défini par Termium Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada : « /Professionnel de la langue/ Nom masculin.  Personne qui exerce une profession dans le domaine linguistique, notamment en traduction, en interprétation, en terminologie, en rédaction ou en révision, ou qui est impliquée dans un programme de formation linguistique ». La fiche terminologique de Termium Plus consigne plusieurs équivalents anglais pour le terme « langagier » : « language professional », « professional language user », « language worker » et « language practitioner », ce qui renvoie aux sèmes définitoires concordants indiquant qu’il s’agit de « professionnels » et d’« usagers » de la langue oeuvrant entre autres en rédaction ou en révision de textes de nature diverse.

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« Acteurice », « Auteurice » : les langagiers et les usagers sont-t-ils « prêt·e·s à utiliser l’écriture inclusive ? »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans le remarquable article de Chloé Savoie-Bernard publié à Montréal le 7 janvier 2023 par le journal Le Devoir, « Dépasser l’exceptionnalité », l’emploi du mot « acteurice », qui ne semble pas d’usage courant, mérite que l’on s’y arrête. En voici le contexte : « Dans Jasmine, on entraperçoit également Mireille Métellus qui, malgré sa longue et fructueuse carrière, n’aura jamais eu de grand premier rôle à la télévision. On se souvient de Xavier Dolan, en 2018, qui avait affirmé que ses films ne présentaient pas de personnes racisées, car il ne connaissait pas d’acteurices de talent pour les incarner. »

Au terme d’une première recherche documentaire, qu’il faudra élargir plus tard, une seule attestation du terme « acteurice » a été relevée. « Acteurice » figure dans l’article de Margaux Lacroux publié dans le journal Libération du 27 septembre 2017, « Prêt·e·s à utiliser l’écriture inclusive ? ». Le terme « acteurice » n’est pas encore attesté dans les dictionnaires usuels de la langue (le Robert, le Larousse, le Dictionnaire des francophones, USITO, etc.).

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La lexicographie créole, incontournable auxiliaire de l’aménagement linguistique en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La lexicographie créole –entendue au sens d’une activité scientifique de conceptualisation et de production de dictionnaires et de lexiques arrimés au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle–, est encore jeune, elle remonte aux travaux pionniers du linguiste Pradel Pompilus auteur du « Lexique créole-français » (Université de Paris, 1958) et du « Lexique du patois créole d’Haïti (SNE, 1961). Il est attesté que cette jeune lexicographie fait face à de nombreux défis, notamment sur le plan de la professionnalisation des compétences à acquérir au sein de l’Université haïtienne et sur celui de l’amateurisme couplé au populisme linguistique qu’il s’agit de dépasser par le recours systématique à la méthodologie de la lexicographie professionnelle dans tous les chantiers lexicographiques haïtiens. L’observation attentive des acquis et des échecs de la lexicographie haïtienne doit éclairer à la fois l’enseignement de la lexicographie en Haïti et servir de point d’appui dans la définition même de tout projet lexicographique au pays (voir nos articles « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique », Le National, 14 décembre 2021 ; « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine » (Le National, 20 décembre 2022), et « Toute la lexicographie haïtienne doit être arrimée au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle » (Le National, 29 décembre 2022).

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Toute la lexicographie haïtienne doit être arrimée au socle méthodologique de la lexicographie professionnelle

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La complexe situation linguistique haïtienne est l’objet, depuis de nombreuses années, de recherches et d’études diverses qui ont contribué à son déchiffrement sur les plans historique, syntaxique, phonologique et lexical. Elle soulève aussi des passions nourries d’approximations, de poncifs et à de clichés qui, la plupart du temps, relèvent de certains partis-pris idéologiques. Malgré cela, il faut admettre que tout citoyen haïtien, peu importe son domaine de spécialisation et d’activité, a le droit de s’exprimer sur la problématique linguistique haïtienne et sur le créole. Il le fait selon sa vision du monde et selon sa compréhension des rapports entre les langues dans la société haïtienne. Les linguistes ont l’obligation d’écouter le propos des non-linguistes et de chercher avec eux à promouvoir une vision rassembleuse fondée sur les sciences du langage. C’est aussi en cela que réside l’une des caractéristiques du débat d’idées, nécessaire, argumenté et documenté, lorsqu’il entend être enrichissant.

À contre-courant du débat d’idées, argumenté et documenté, porté par diverses voix dans la sphère publique, il arrive également que quelques rares intellectuels ou universitaires quittent leurs domaines de compétence pour s’aventurer sur le registre obscur de la diatribe, de la cabale et de l’injure à défaut de pouvoir tenir un discours scientifique sur la complexe situation linguistique haïtienne.

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Le rôle des puissances impériales dans le chaos d’Haïti

Rappel d’articles de grande amplitude analytique à lire durant les vacances de fin d’année

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

1/ « L’ordre néocolonialiste et impérialiste dans le chaos d’Haïti », par Gary Olius, AlterPresse, 5 janvier 2021. Lien : https://www.alterpresse.org/spip.php?article27855

2/ « Le grand banditisme n’est-il pas un produit dérivé de la politique américaine en Haïti ? », par Gary Olius, AlterPtesse, 22 octobre 2021. Lien : https://www.alterpresse.org/spip.php?article27597

3/ « Haïti étouffe sous le poids de son oligarchie et des États-Unis », par Frédéric Thomas, Cetri, Université de Louvain, 22 juin 2020. Lien : https://www.cetri.be/Haiti-etouffe-sous-le-poids-de son?var_mode=calcul&fbclid=IwAR1luc3nOBgq2ZViIDBczk07X1AoNsoqDVCum4z8sZEqwZHexF8bW5rclJg

4/ « Face à l’insécurité, la corruption et l’impunité, la France ne voit rien à Haïti », par Frédéric Thomas, Cetri, Université de Louvain, 7 juillet 2022. Lien : https://www.cetri.be/Face-a-l-insecurite-la-corruption

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Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article de Michel Feltin-Palas paru le 13 décembre 2022 dans le magazine l’Express publié à Paris, « Complot », « cluster », « lanceur d’alerte » : les dernières trouvailles du lexicographe Alain Rey », met en lumière « l’histoire des mots », l’une des caractéristiques majeures de l’immense chantier lexicographique élaboré durant des décennies, au creux de la plus haute rigueur scientifique, par le linguiste Alain Rey (30 août 1928 – 28 octobre 2020). Réputé chroniqueur linguistique au magazine l’Express depuis plusieurs années, rédacteur de l’infolettre « Sur le bout des langues », Michel Feltin-Palas est un vulgarisateur talentueux qui invite à la réflexion sur la langue française, sur les langues régionales de France ainsi que sur des faits de langue aussi bien inusités qu’inconnus. Parmi les qualités de son récent article –consacré à la dernière mise à jour aux Éditions Le Robert du « Dictionnaire historique de la langue française » élaboré par le lexicographe Alain Rey–, se décline son souci d’accompagner le lecteur sur le vaste archipel de l’étymologie des mots et cela mérite assurément le déplacement.

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Fortenel Thélusma, de la linguistique à la fiction romanesque : un pari et de grands défis ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

La littérature haïtienne a en partage avec les autres littératures à travers le monde une caractéristique de premier plan : les forgerons de la fiction appartiennent la plupart du temps à des champs d’activités qui n’ont pas à priori grand-chose à voir avec la littérature. Il en est ainsi de Jacques Stephen Alexis et Joël Des Rosiers, médecins ; de Marie-Célie Agnant, traductrice ; de Lilas Desquiron, ethnologue ; de Ketly Mars, gestionnaire ; de Jan J. Dominique, communicatrice ; de Georges Anglade, géographe ; de Michel Soukar, historien ; de Gérald Bloncourt, photographe et peintre ; de Faubert Bolivar, philosophe, etc. Il est toutefois attesté que nombre d’écrivains puisent dans leur expérience professionnelle la matière première de leurs œuvres de fiction. C’est notamment le cas du neurologue et linguiste Jean Métellus. À la suite de « Une eau forte » (Gallimard, 1983), qui marquait une première prise de distance à l’égard des clichés du roman haïtien, l’auteur s’attache dans « La parole prisonnière » (Gallimard, 1986) à l’étude de certains troubles du langage.

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« Créole Blues », de Jean-Marc Beausoleil

Un roman polyvocal sur les terres enneigées du Québec

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

Sur les terres vêtues de neige au Québec, de Pointe-Calumet à Chibougamau, de l’Abitibi au Saguenay-Lac‑Saint‑Jean, il n’est pas rare d’entendre parler créole au détour d’une rue… Dans les couloirs d’une école secondaire de Montréal comme dans une épicerie desservant des locuteurs du créole à Montréal-Nord, le créole poursuit sa lente mais sûre entreprise de métissage sur plusieurs registres, de l’univers symbolique à celui des mutations langagières. Le vénérable quotidien montréalais Le Devoir s’en est fait récemment l’écho dans un article de la série « Le français sous influence » daté du 20 août 2022 et dont le titre est « Un français appelé à évoluer à Montréal ». L’auteure de l’article, Sarah Rahmouni, note de manière tout à fait pertinente combien le créole haïtien arpente différents lieux de vie : « On les entend dans la rue, dans le métro ou sur les bancs d’école depuis plusieurs années : des mots provenant du créole haïtien et de l’arabe maghrébin se sont peu à peu ajoutés à l’argot de Montréal, venant bouleverser la traditionnelle dichotomie entre le français et l’anglais.

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Lettre ouverte à la Linguistic Society of America

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

M. John Baugh
President
Linguistic Society of America
Washington University in St. Louis
Professor Emeritus of Education and Linguistics, Stanford University
Montréal, le 1er décembre 2022.

OBJET / Complément d’informations factuelles sur l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti.

PERSPECTIVE ANALYTIQUE / AVANT D’ACCORDER UNE QUELCONQUE « DISTINCTION » OU UN COMPLAISANT « FELLOWSHIP » AU LINGUISTE MICHEL DEGRAFF, LA LINGUISTIC SOCIETY OF AMERICA DOIT IMPÉRATIVEMENT EXAMINER SA CRÉDIBILITÉ SCIENTIFIQUE ET CITOYENNE.

M. le Président,

J’accuse réception de votre courriel du 10 octobre 2022 et je vous en remercie hautement. Permettez-moi de soumettre à votre appréciation, en versions anglaise et française, les deux rappels suivants assortis d’un complément d’informations factuelles sur l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti.

  1. RAPPEL / INVALIDITÉ SCIENTIFIQUE DU « GLOSSARY OF STEM TERMS FROM THE MIT – HAITI INITIATIVE »

La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (« Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences, octobre 2022).

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L’École haïtienne sous la loupe du philosophe Patrice Dalencour, ancien ministre de l’éducation nationale

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue—

Dans un texte retentissant et qui porte haut un questionnement de fond sur les errements linguistiques du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti, « Réforme éducative ou coup d’État linguistique ? » (Le National, 5 mai 2022), Patrice Dalencour invitait à une réflexion analytique exigeante. Auparavant, il avait livré une dense réflexion sur plusieurs goulots d’étranglement du système éducatif haïtien dans l’article « Le diable se cache dans les détails… » (revue Haïti Perspectives, cahier thématique « L’École fondamentale haïtienne », vol. 5, no 1, printemps 2016). Plus récemment et suite à la demande, formulée par l’actuel Exécutif haïtien issu du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, d’une intervention militaire internationale en Haïti, il a soumis au débat public une réflexion citoyenne sous le titre évocateur « La vingt-sixième heure » (Le National, 15 novembre 2022). Enseignant de carrière, Patrice Dalencour est licencié en sciences de l’éducation et détenteur d’un doctorat en philosophie de l’Université de Toulouse-le Mirail (France). Il a enseigné la philosophie au Lycée Anténor Firmin, à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti et dans divers établissements privés de la capitale.

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Le naufrage prévisible de « l’unilatéralisme créole » en Haïti 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologuel—

Est-il nécessaire aujourd’hui en Haïti de contribuer au débat public sur la « question linguistique haïtienne » en général et sur certaines de ses zones conflictuelles en particulier ? Si oui, à quelles conditions et selon quelles modalités faut-il le faire afin qu’il soit porteur de changements véritables ? Pour que le débat d’idées soit un débat objectif, documenté et argumenté, il est nécessaire d’en situer le contexte et les idées exprimées, d’identifier les documents pertinents, de les lire avec attention et d’exercer son esprit critique-analytique avec clarté. Le débat d’idées objectif, argumenté et documenté s’oppose au « voye monte » comme au « chire pit », et le libre exercice de l’esprit critique-analytique est au fondement de l’enrichissement du débat d’idées. Ainsi, l’épineuse « question linguistique haïtienne » est depuis plusieurs années un lieu de débats au sein duquel s’expriment, souvent avec passion, des non-linguistes qu’il faut pourtant écouter avec attention. En dépit du fait qu’un relatif consensus s’est installé en Haïti quant à l’impérieuse nécessité de l’usage du créole dans la transmission des connaissances dans tous les apprentissages scolaires, d’importantes différences d’analyse et de points de vue se manifestent parmi les linguistes, parmi les enseignants et plus largement parmi les locuteurs créolophones.

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Marjorie Théodore ou la passion de l’innovation au service des aveugles et malvoyants du Québec

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le Québec, le plus vaste territoire francophone d’Amérique du Nord, jouit à l’échelle internationale d’une solide réputation pour l’excellence de ses services dans différents domaines : des universités performantes, une médecine de pointe couplée à un solide réseau de santé, un vaste ensemble de Maisons de la culture, des systèmes de transports publics de qualité, des pôles de recherche dans nombre de domaines tels que la robotique, l’intelligence artificielle, la bioéthique, etc. À ces lieux d’excellence s’ajoutent une littérature post-moderne plurielle dans laquelle, depuis cinquante ans, des auteurs de premier plan et d’origine haïtienne ont inscrit des œuvres majeures (Anthony Phelps, Marie-Célie Agnant, Stéphane Martelly, Serge Legagneur, Gérard Étienne, Émile Ollivier, Stanley Péan, Joël Des Rosiers, etc.). Au cours des cinquante dernières années, la modernisation du Québec a bénéficié de l’apport professionnel multiforme des Haïtiens comme en fait foi le livre édité et coécrit par Samuel Pierre, « Ces Québécois venus d’Haïti / Contribution de la communauté haïtienne à l’édification du Québec moderne » (Presses internationales Polytechnique, 2007). Alors même que la contribution des enseignants et des infirmières originaires d’Haïti est assez bien connue à travers leurs parcours professionnels à l’échelle du Québec, la contribution de certains professionnels dans des secteurs ultraspécialisés est moins bien connue.

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Frantz Benjamin ou la transmigration de la parole

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive

Dans une étude d’une grande amplitude analytique, « Haïti-en-Québec / Notes pour une histoire », Lionel Icart, philosophe et enseignant montréalais d’origine haïtienne, rappelle de manière fort pertinente que la migration haïtienne au Québec ne remonte pas à 1937, date de l’établissement des relations diplomatiques entre le Canada et Haïti. « On s’accorde généralement pour faire remonter la présence d’une communauté haïtienne au Canada au milieu des années 1960 (Dejean 1978 ; Pégram 2005). Cette communauté s’est naturellement intégrée à la société québécoise francophone parce qu’elle avait, avec celle-ci, la langue en partage. Cependant, les relations entre le Québec et Haïti remontent à la période coloniale, quand le Canada et Haïti étaient des possessions françaises ou britanniques (Mathieu 1981 ; Havard et Vidal 2003). » (« Haïti-en-Québec / Notes pour une histoire », revue Ethnologies, volume 28, numéro 1, 2006, p. 45–79.)

La diversité ethnoculturelle est une donnée importante de l’histoire des migrations qui ont façonné le tissu démographique du Canada moderne. Selon Statistiques Canada, plus de 200 origines ethniques ont été déclarées lors de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011.

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De la simultanéité de l’aménagement du créole et du français en Haïti

Un choix de société conforme à la Constitution de 1987

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Simultanéité « Caractère de ce qui a lieu en même temps » (Dictionnaire de l’Académie française) ; « Fait d’appartenir au même acte, au même ensemble ; fait de constituer un seul acte, un ensemble » (Ortolang – Dictionnaire du Centre national de ressources textuelles et lexicales de France).Toute société, tout pouvoir public, toute instance régalienne qui intervient dans le domaine de l’aménagement des langues le fait à partir de paramètres historiques, d’une vision de la configuration linguistique au sein d’une communauté de locuteurs ou des rapports entre plusieurs langues sur un territoire donné. Dans tous les cas de figure, il s’agit d’un choix de société, d’un parti-pris aménagiste où s’agrègent le politique, l’idéologique, le social et l’Histoire. Le réputé site du sociolinguiste québécois Jacques Leclerc, « L’aménagement linguistique dans le monde », consigne la description des « situations et politiques particulières de 400 États ou territoires [ou régions] répartis dans les 195 pays (reconnus) du monde ». Il exemplifie différents types de politique linguistique : politiques d’assimilation, de non-intervention, de valorisation de la langue officielle, de multilinguisme stratégique, d’internationalisation linguistique, de bilinguisme (ou de trilinguisme), de statut juridique différencié (fondé sur les droits personnels sans limite territoriale ou sur les droits personnels territorialisés, ou sur les droits territoriaux).

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« Observations préliminaires à propos de la réfutation, par le romancier Lyonel Trouillot, de l’appui du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le romancier, poète et essayiste Lyonel Trouillot, l’une des voix majeures de la littérature haïtienne contemporaine, s’est fait l’écho d’un large secteur de la société civile haïtienne en dénonçant, dans un texte récent diffusé d’abord par courriel le 18 octobre 2022, l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti. Artisan d’une œuvre littéraire forte et singulière élaborée dans les deux langues officielles du pays, le créole et le français, l’auteur de « Bicentenaire », de « Antoine des Gommiers » (Actes Sud, 2004 et 2021) ainsi que de « Pwomès » (poésie) et du roman « Agase lesperans » (C3 Éditions, 2014 et 2016), est également un éditorialiste lucide et courageux dont la parole analytique est attendue et entendue en Haïti. Lyonel Trouillot est aussi l’auteur d’une réflexion de premier plan sur la situation linguistique haïtienne, « Ki politk lengwistik pou Ayiti ? », parue dans Le Nouvelliste du 7 juillet 2005. La dénonciation, par Lyonel Trouillot, de l’appui de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti a été publiée sur les sites suivants entre le 18 et le 21 octobre 2022 :

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Créole haïtien / Lettre ouverte à la Linguistic Society of America

— Par Robert Berrouët-Oriol; linguiste-terminologue —

Linguistic Society of America
Comité exécutif – 2022
522 21st St. NW, Suite 120
Washington, DC 20006-5012
USA

–President : John BaughWashington University in St. Louis
–Vice President/President-Elect : Anthony C. WoodburyUniversity of Texas at Austin
–Immediate Past President : Laurence R. HornYale University
–Secretary-Treasurer : Frederick J. NewmeyerUniversity of Washington, University of British Columbia and Simon Fraser University

Objet : Pour bien comprendre le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haïti Initiative dirigé par Michel DeGraff

Montréal, le 6 octobre 2022

Chers collègues de la Linguistic Society of America,

La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (c.f. Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences : « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », octobre 2022). Dans son édition du 4 octobre 2022 paraissant en Haïti, le journal Le Nouvelliste en fait état au moyen d’une entrevue de Michel Degraff intitulée « Akademisyen Michel DeGraff eli manm selèk Linguistic Society of America ».

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Stigmatisation du créole, Code noir et populisme linguistique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Stigmatisé par certains, méprisé ou dévalorisé par d’autres à tous les étages de la société haïtienne, le créole est depuis fort longtemps l’objet de préjugés tenaces, de clichés borgnes, de poncifs et de stéréotypes recyclés où le babillage sentencieux, côtoyant le « voye monte », sert souvent à masquer l’ignorance. Alors même que le créole est langue co-officielle depuis l’adoption à forte majorité de la Constitution haïtienne de 1987, et bien qu’il ait été introduit –avec de lourdes lacunes sur le plan didactique–, dans le système éducatif national par la réforme Bernard de 1979 au titre de langue d’enseignement et de langue enseignée, le créole a, en un paradoxe apparent, ses défenseurs et ses pourfendeurs tant parmi les locuteurs unilingues créolophones que parmi les bilingues créoles-français. L’observation de terrain révèle que depuis un certain temps, en Haïti comme en outre-mer, l’aménagement du créole est discrédité par les errements des « créolistes » fondamentalistes qui ont partie liée avec les pourfendeurs du créole au sens où dans leurs écrits comme dans leur approche de la « défense » du créole –approche bien des fois caricaturale et souvent sectaire et dogmatique–, ils alimentent le rejet stigmatisant du créole dans l’École haïtienne et dans le corps social.

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La « fétichisation » du créole sous la plume de Daly Valet, une voie réductrice et sans issue

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Journaliste et éditorialiste applaudi par certains pour l’élégance et la vigueur tonique de sa plume, décrié par d’autres pour ses homélies « nationalistes » passéistes, les prises de position de Daly Valet passent rarement inaperçues en Haïti. Le 11 septembre 2022, sur sa page Facebook, il nous a livré ses états d’âme sur les rapports du locuteur francocréolophone qu’il est, et qui écrit en français, face à « la langue française qui [le] fatigue ». C’est son droit, et sa parole mérite d’être écoutée même s’il n’est pas linguiste et ne prétend pas s’exprimer à l’aune d’un argumentaire documenté et crédible adossé aux sciences du langage. Daly Valet, homme de culture réputé ouvert au dialogue, est un journaliste aguerri qui a un certain temps chaussé les espadrilles de l’expert-consultant politique comme en fait foi l’article d’Yves Lafortune paru sur le site Aybopost le 23 février 2017, « Pour un acte fondateur au-delà des larmes de Daly Valet ! ». L’auteur de cet article, au paragraphe « Le brassage du vide », interpelle Daly Valet en mentionnant son appartenance politique, en 2017, dans les termes suivants : « Le gouvernement de facto en place et avec lequel tu collabores est arrivé au pouvoir avec un cahier de charges et un momentum politique très limité »…

Lu sur la page Facebook de Daly Valet :

« Français et créole !

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L’intellectuel du PHTK « en service commandé » : faussaire, illusionniste ou avocat-plaideur d’une cause indéfendable ? Les dits et les non-dits

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Kay koule twonpe solèy men li pa twonpe lapli » (Proverbe haïtien)

« Haïti pays failli », « Haïti narco-État », « Haïti pays sans État », « Haïti État de non-droit », « Haïti pays de corruption et d’impunité », « Haïti État de ‘’bandits légaux’’ » (dixit Michel Martelly), « Haïti pays somalitisé », « Haïti, gangstérisation et criminalisation du pouvoir d’État »… : le catalogue des qualificatifs du « chaos haïtien » est vaste et le pays figure en première place sur le registre mondial d’une descente sans fin vers l’abîme. Tous ces qualificatifs renvoient aux principales caractéristiques de l’État et de la situation politique actuelle d’Haïti. Mais selon plusieurs analystes au pays, il ne faut pas perdre de vue que malgré l’actuel chaos aux causes diverses, nombre de secteurs de la société civile s’efforcent d’apporter des réponses adéquates au « chaos haïtien » et ils font preuve d’un courage exemplaire forçant le respect. Au pays de Dessalines, de Toussaint Louverture, de Jacques Stephen Alexis et de Marie Vieux Chauvet, comment est donc perçu le rôle des intellectuels face au « chaos haïtien » ?

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Le « Dictionnaire de l’écolier haïtien », un modèle de rigueur pour la lexicographie en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans le contexte de la rentrée scolaire 2022 en Haïti, la présentation analytique du « Dictionnaire de l’écolier haïtien », l’un des outils lexicographiques accessibles sur le marché du livre scolaire, vise à contribuer à remettre cet ouvrage sous le feu des projecteurs en raison de ses caractéristiques lexicographiques. Cette présentation s’adosse à un examen objectif de l’ouvrage afin qu’il soit davantage utile aux enseignants, aux directeurs d’école, aux rédacteurs de manuels scolaires ainsi qu’aux cadres du ministère de l’Éducation nationale qui travaillent à des mises à jour curriculaires. En quoi consiste ce dictionnaire ? Par qui a-t-il été élaboré ? À quel public s’adresse-t-il et quels sont ses objectifs spécifiques sur le plan de l’apprentissage scolaire ? Les enseignants doivent-t-ils de manière constante apprendre aux élèves à utiliser un tel dictionnaire généraliste unilingue au titre d’un outil de connaissance et également dans le but d’accompagner adéquatement l’apprentissage de la langue elle-même ?

La présentation descriptive du « Dictionnaire de l’écolier haïtien » se situe dans le prolongement de nos précédentes publications de nature lexicographique1 parues en Haïti dans Le National et également sur plusieurs sites outre-mer.

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