(À propos du livre Aimé Césaire, René Ménil, l’entretien infini, d’André Lucrèce – éd.Le Teneur).
— par Georges-Henri Lèotin —
Les jeunes générations arrivent toujours dans un monde bien vieux. Avec parfois l’illusion que l’Histoire commence avec elles. Le livre d’André Lucrèce, Césaire/Ménil, l’entretien infini, qui peut contribuer à dissiper cette illusion, se présente comme :
– l’histoire d’une amitié (amitié littéraire, et politique, malgré des divergences)
– une chronique de la résistance intellectuelle au nazisme et à la Collaboration à la Martinique, collaboration dont le tristement célèbre Amiral Robert était le représentant.
LES ARMES MIRACULEUSES
Les 2 citations placées en exergue du livre de Lucrèce donnent le ton. Elles évoquent l’importance et la force de la Poésie dans les sociétés humaines. Le poète n’est pas un doux rêveur marchand d’illusions. Un recueil important d’Aimé Césaire s’intitule « Les armes miraculeuses », indiquant la puissance de la poésie comme instrument pour changer le monde, autant, voire plus que les armées. A condition bien-sûr qu’il ne s’agisse pas de la poésie que nous avons appelée doudouiste, embellissement mensonger de la réalité qui perpétue les dominations en les masquant.