— Par Patrick Boucheron Historien, professeur au collège de France —
Attaques terroristes suivies de la mise en place de l’état d’urgence, campagne électorale cristallisée sur des forces politiques agitant les inquiétudes et menaçant les institutions républicaines… Entre permanence déclarée du danger et multiplication des réponses sécuritaires, le climat de peur progresse. Dans un ouvrage qui vient de paraître, « l’Exercice de la peur-Usages politiques d’une émotion », l’historien du Moyen Âge Patrick Boucheron, récemment nommé professeur au Collège de France (il y prononce, le 17 décembre, sa leçon inaugurale, intitulée « Ce que peut l’histoire »), propose un « détour » par les peurs d’hier pour comprendre celles de notre actualité et l’usage qui en est fait.
La peur étant « un marqueur des ambiguïtés de l’exercice du pouvoir, notamment dans les sociétés démocratiques », écrit en introduction Renaud Payre, professeur de sciences politiques. Extrait.
On connaît le mot d’ordre de nombreux dirigeants dans l’histoire du monde, notamment de tout gouvernant d’un régime autoritaire : ayez peur, nous ferons le reste. Est-ce à dire qu’on tiendrait là l’un des invariants de l’histoire des pouvoirs ?