— par Renaud de Rochebrune, dans Jeune Afrique —
Toute sa vie, il s’est battu pour développer l’industrie et la création cinématographique dans son pays, le Maroc, et en Afrique. Le Covid-19 l’a emporté : Noureddine Saïl est mort dans la nuit du 15 au 16 décembre à l’âge de 73 ans. Celui que tout le monde considérait à juste titre comme le « Monsieur-Cinéma » du Maroc, et comme une grande figure du cinéma africain, disparaît. Un homme de caractère mais aussi un homme d’action, parfois craint mais toujours respecté, qui a consacré sa vie au rayonnement du septième art sur le continent.
Impossible de ne pas être frappé par sa personnalité et sa grande culture quand l’on croisait son chemin. La première fois que nous l’avions vu, c’était il y a une trentaine d’années au Fespaco de Ouagadougou, où nous avions été étonné et séduit, lors d’un colloque quelque peu convenu, par la brillante intervention d’un orateur. Capable de disserter sans pédanterie et avec une évidente compétence sur l’avenir du cinéma africain en citant toute une série de grands penseurs, à commencer par Lacan, Noureddine Saïl tranchait assurément avec ses camarades de la tribune.