—Par CHRISTINE DETREZ sociologue, maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de Lyon, RÉGIS MEYRAN anthropologue, chercheur associé au Lirces (Nice-Sophia antipolis) —
A l’heure où le mot de race vient d’être supprimé de la législation et où des députés poursuivent leur cabale contre l’enseignement des théories du genre en SVT, le Monde publie un texte de Nancy Huston et Michel Raymond (1), intitulé «Sexe et race, deux réalités», surprenant de par son caractère rétrograde. Les sciences humaines et sociales sont accusées par les auteurs en question de «cécité volontaire» vis-à-vis des sciences de la nature, ces dernières seules ayant le privilège de dire ce que sont la race, le sexe et même la réalité.
C’est là opposer fictivement deux camps : car il n’existe pas un unique point de vue, ni en «sciences de la nature» ni en sciences sociales. Il est du reste naïf de penser que les premières produisent des «faits avérés et irréfutables» et les secondes seulement des «mythes modernes».