— Par Maurice Ulrich —
Le festival de Radio France a retrouvé de l’audace et de l’ambition avec « On fire », de Benjamin de La Fuente, autour de la figure radicale de Malcolm X.
En réintégrant sa maison mère, avec son grand auditorium tout neuf et très beau, le festival Présences, après une longue éclipse, allait-il retrouver son âme ? Question posée dès son ouverture, le week-end passé, et qui, à vrai dire, n’a trouvé qu’une demi-réponse. Créé en 1990, Présences, avec à l’époque trois semaines de concerts gratuits, un nombre exceptionnel de créations, une programmation autour d’une grande figure de la musique du XXe siècle (essentiellement de sa seconde moitié) et une très large place offerte à de jeunes compositeurs explorant avec audace des champs inouïs, se situait, on peu le dire clairement, dans une position militante quant à la musique de notre temps. Au tournant des années 2000, des changements dans l’équipe de direction l’avaient considérablement affadi, puis les travaux engagés à la Maison de la radio l’avaient morcelé en l’envoyant un peu aux quatre coins⋅ On attendait donc beaucoup de ce retour mais, pour le dire clairement, la première soirée, ouvrant donc un cycle sur la musique des deux Amériques, fut décevante⋅ Pourquoi programmer, par exemple, au regard de la thématique de ce cycle, le compositeur franco-suisse Richard Dubugnon, certes né en 1968, mais qui, outre qu’il n’a rien d’américain, cherchant en l’occurrence ses sources dans le chant grégorien, s’inscrit dans une écriture néoclassique ?