— Par Anne-Sophie van Doren, Laboratoire PCPP, EA 4056, Université Paris Descartes, Paris V et Marc Olivier Bitker, service d’Urologie, groupe hospitalier Pitié Salpetrière – Charles Foix. APHP. UPMC Paris VI. Paris —
« Il n’est point d’homme qui ne veuille être un despote quand il bande ! ». Le psychanalyste Jacques André commente cette citation du Marquis de Sade ainsi : « La première contribution de la psychanalyse à la compréhension de la domination masculine suit le mouvement de l’érection. L’homme est un homo erectus, le pouvoir appartient à ceux qui se dressent, pas à ceux qui se baissent ». Derrière ceux qui se baissent, il est assez aisé d’entendre des résonnances fantasmatiques avec la maladie, la vieillesse que Chateaubriand qualifie de naufrage. Même si « se baisser » peut avoir une valence active, de choix assumé ou consenti, on peut également y voir les figures de la passivité, de la soumission voire de l’infamie. C’est en gardant ceci à l’esprit, qu’il convient d’écouter et d’entendre les patients porteurs d’un cancer de la prostate. Ces hommes cherchent tant bien que mal à rester debout ou à se relever après s’être nécessairement baissés pour sauver leur vie, après avoir accepté de sacrifier « une partie » pour sauver le tout, ce qu’ils vivent et ressentent, parfois à mots couverts, comme la honte de ne plus être virils.