Étiquette : Philippe Person

D’une Maison de Poupée à l’autre…


« Une maison de poupée », répétition au T.A.C. de Fort de France

Les 15, 16 & 17 novembre 2018 à 19h 30 au T.A.C.

— Par Dégé —

Rien de plus exotique qu’une pièce norvégienne, du 19ème siècle, féministe, tristement bourgeoise, dans la chaleur étouffante, du T.A.C, théâtre aimé Césaire à Fort-de-France. A moins d’être complètement acculturé, rien de plus étrange que d’entendre le metteur en scène, Philippe Person, réitérer « Est-ce qu’on peut éteindre la clim ? » tandis que sur scène brille un arbre de noël et tombe des cintres une poudreuse prémonitoire. C’est l’hiver. Et non, pourtant, la programmatrice ne s’est pas trompée, sous les tropiques, nous sommes concernés par ce chef d’œuvre d’Henrik Ibsen. Sur de nombreux points.

La bande de neige qui encadre l’espace délimite un huis-clos angoissant qui va piéger peu à peu les personnages. D’abord Nora. Juste au moment où elle pensait aborder des temps meilleurs. C’est un thriller à la Hitchcock qu’a voulu monter P. Person.

La musique prend sa part de cette intention. Alexandre est également aux manettes des éclairages. Il suit les acteurs au centimètre près.

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« Une Maison de poupée » d’Henrik Ibsen les 15, 16 et 17 novembre

— Par Selim Lander —

Il nous est arrivé d’émettre l’hypothèse qu’Ibsen soit le plus grand dramaturge du XIXe siècle, toutes langues confondues. Ce n’est pas Une Maison de poupée, reconnue comme l’une de ses meilleures pièces, qui nous fera changer d’avis, surtout dans l’interprétation qu’en donnent Florence Le Corre (Nora) et Philippe Calvario[i] (Torvald Helmer) dans la M.E.S. de Philippe Person (qui joue lui-même Krogstad).

Il n’est peut-être pas anodin de savoir que cette pièce féministe (écrite en 1879) fut inspirée d’un fait réel. Une certaine Laura, une amie du couple Ibsen, vécut une histoire semblable à celle de Nora de la pièce, en plus tragique. Nora comme Laura ont emprunté de l’argent pour soigner leur mari malade, mais là où la Nora de la pièce voit son problème résolu par un « miracle » et quitte son mari la tête haute, la vraie Laura fut contrainte au divorce et internée dans un asile !

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Une maison de poupée : un thriller hitchockien

15, 16 & 17 novembre 2018 à 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel —

« La vraie femme est un produit artificiel que la civilisation fabrique. Ses prétendus instincts de coquetterie ; de docilité, lui sont insufflés comme à l’homme l’orgueil phallique , il n’accepte pas toujours sa vocation virile ;elle a de bonnes raisons pour accepter moins docilement encore celle qui lui est assignée » Ecrit Simone de Beauvoir en 1949. Ibsen écrit « une maison de poupée » en 1879.

Henrik Ibsen ,(1838-1906) est un grand auteur norvégien. Son théâtre, miroir brisé de la société bourgeoise, fait que ses pièces s’appuient sur une réflexion philosophique et sociale, elle dénoncent les défauts de la société en particulier ses aspects conformistes et hypocrites.
C’est l’histoire d’un couple Nora et Torvald qui explose en trois actes en direct. Montrer cette pièce maintenant permet d’explorer l’intimité de deux êtres qui ne sont jamais partis en quête de leur propre vérité et de repenser le cadre que Nora fait exploser un siècle et demi après
la Nora d’Ibsen. Où en est- on aujourd’hui de ces paradigmes masculin/féminin qui malgré une époque en progrès concernant l’égalité des droits, restent violemment héritiers d’un profond déséquilibre et d’un malaise socio- culturel latent ?C’est

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« Le Journal d’une femme de chambre », version minimale

Par Selim Lander

Le roman d’Octave Mirbeau est l’un de ceux qui ont « fait époque » au double sens où ils ont marqué les contemporains et où ils sont un reflet si fidèle de leur temps (aussi fidèle que peut l’être un roman) qu’ils prennent aux yeux des générations futures valeur de témoignage. Ceci explique que Le Journal d’une femme de chambre ait fait l’objet de plusieurs adaptations successives. Au cinéma, Jeanne Moreau et plus récemment Léa Seydoux ont rencontré un grand succès dans le rôle titre.

Le cinéma est incontestablement avantagé par rapport au théâtre car il peut reconstituer l’environnement des personnages avec une précision quasi parfaite. C’est en particulier le cas avec le film de Benoît Jacquot (avec Léa Seydoux – voir la photo) qui nous transporte dans l’univers de la Belle Époque comme si nous y étions. Or les objets pèsent lourd dans cette histoire : cirer les bottes, faire les lits, plier le linge, astiquer l’argenterie, servir à table, c’est le quotidien d’une femme de chambre. Comment faire spectacle (et non littérature) de ce quotidien sans montrer tous ces objets ?  

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« Le journal d’une femme de chambre » : une histoire rocambolesque et moderne

— Par Christian Antourel —

Célestine est devenue femme de chambre pour fuir une vie trop restreinte et se retrouve dans un monde où la vie ne se conjugue pas avec le bonheur. Cette ancienne chambrière vient de publier son journal. A l’occasion d’une rencontre avec ses lecteurs , elle raconte avec humour et franchise les anecdotes de son quotidien d’antan. Elle souffle aussi ses secrets « on se sent seul quand on est chez les autres » Elle se montre coquine, attachante aussi angoissante. Elle singe ses anciens maîtres et rejoue des situations cocasses. Il est hors de question de finir sa vie au service des affreux Lanlaire.

Tour à tour dévouée, manipulatrice elle dénonce avec une lucidité redoutable et un humour impitoyable la condition des domestiques et gens de maison, forme moderne de l’esclavage. Elle nous confie dans son journal ses choix, ses doutes, ses sentiments, sa souffrance et se livre sans retenue ni pudeur. Octave Mirbeau écrit le journal sous forme de feuilleton en 1891 et 1892 puis en 1900 en fait le roman que nous connaissons. Le journal a fait l’objet d’innombrables adaptation au théâtre en France et à l’étranger et même été porté plusieurs fois à l’écran A partir de l’adaptation de Philippe Honoré ciselée et faisant ressortir l’essentiel des 519 pages du roman, Philippe Person signe une mise en scène épurée, précise et centrée sur l’expressivité de la narration dans le décor tout kitch des années 1970.

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 » Le journal d’une femme de chambre », m.e.s. de Philippe Person

Jeudi 16, Vendredi 17, Samedi 18 mars 2017 à 19h 30 au T.A.C.

Une comédie politico-érotico-policière, d’après le roman d’Octave Mirbeau

La pièce

 Nous sommes dans les années 1970. Célestine, ancienne femme de chambre, vient de publier son journal. C’est lors d’une rencontre avec ses lecteurs qu’elle dévoile avec humour et franchise les petits et grands travers des patrons qu’elle a servis, mais aussi d’encombrants secrets et de fracassantes révélations. Philippe Person s’empare de ce texte et, comme il l’a fait dans ses précédents spectacles avec ce ton décalé qui le caractérise, nous fait découvrir un Journal d’une femme de chambre inédit et sulfureux. Célestine est effrayante, attachante, à la fois victime et bourreau. Et surtout Célestine est l’incarnation de ces êtres qui veulent « s’en sortir » et par tous les moyens. Sa trajectoire est celle de toute une classe sociale, de toute une époque, de ceux qui partent de rien, les petites gens, les sans-grade, les invisibles et qui, à force de courage mais aussi de malice, arrivent à exister enfin.

Le roman d’Octave Mirbeau est à la fois politique et érotique.

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« Quadrille » : « Le bonheur à deux, ça dure le temps de compter jusqu’à trois. » Sacha Guitry

— Par Roland Sabra —

Le théâtre aussi connaît des effets de mode. Ainsi Sacha Guitry, mort en 1957 est resté injouable pendant quelques décennies. Injouable parce que lui collaient à la peau les étiquettes de théâtre de boulevard et d’auteur misogyne. La misogynie est avérée comme en témoignent les abondantes citations et autres aphorismes de l’auteur présentant les femmes sous des jours éclairés de condescendance, de rancoeur, si ce n’est de mépris. Quant à la réputation de théâtre de boulevard il faut se souvenir que celui-ci n’existait que par différenciation d’avec le théâtre « officiel » celui de la Comédie française par exemple, ce théâtre qui se réservait les « grands » textes ou tout au moins ceux dont la facture était d’un classicisme de bon aloi. Théâtre des boutiquiers, des tenanciers d’échoppes, officines et autres bazars, au petit capital économique et démunis du capital culturel permettant d’accéder aux oeuvres de renom ce divertissement abordait les thèmes de leurs conversations préférées, l’argent, les bourgeois, les parvenus, les histoires de maris et de femmes emmêlés de maîtresses et amants. Théâtre privé de peu de ressources face au théâtre public subventionné il lui fallu trouver les moyens de survivre en explorant les berges de la facilité, du conservatisme esthétique, moral et politique, en flattant le public.

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Angelo, un tyran pas doux pour un moment de pur plaisir !

—Par Roland Sabra—

Un ravissement de Michelle Césaire

Le théâtre est aussi un divertissement, qui donne du plaisir et c’est tant mieux! Philippe Person en fait la démonstration avec un texte pas si facile qu’il y paraît. Le talent de Person, à nulle autre pareil, relève le défi avec Angelo, tyran de Padoue, de Victor Hugo.

Angelo Malipieri, aime La Tisbe, comédienne, une -pas-grand-chose, qui aime un déclassé, le proscrit Rodolfo, lui-même amoureux de la Catarina dévote et femme de ce tyran pas doux pour deux sous. Chez Hugo, les choses sont assez simples : les méchants sont méchants et forcément riches, les gentils sont gentils et forcément pauvres et entre les deux, les pervers, forcément pervers puisque se situant entre les deux.

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