— Patrick Le Hyaric —
C’est dans les files d’attente des associations de solidarité pour l’aide alimentaire que se lisent les profondes fractures sociales de notre société. Les détresses d’un monde aussi. Derrière la froideur des chiffres, des statistiques sur le nombre de paniers-repas distribués se cachent de multiples souffrances humaines de drames intimes, mais aussi de préjugés et de stigmatisations subis par les personnes qui en souffrent. La précarité alimentaire ne voyage jamais seule. Pour les sept millions de personnes qui la subissent, elle s’accompagne d’autres insécurités : celle de l’accès à l’emploi ou à un travail convenablement rémunéré, celles du droit à l’énergie, au logement, à la culture ou à la formation. L’insécurité alimentaire est aussi sœur de l’insécurité sanitaire. Songeons que 16% de celles et ceux qui ont recours aux banques alimentaires sont diabétiques contre six pour cent pour la totalité de la population française.
Des files d’attente peuplées aux trois quarts de femmes
Et, les files d’attente sont peuplées de trois quarts de femmes. Se lever contre cela est un devoir humain. Il est d’ailleurs révoltant que ces insupportables situations « d’insécurité » générale, dans l’une des plus grandes puissances du monde, soient autant banalisée, à l’heure où l’on va dépenser tant d’argent dans la militarisation.