— Par Roland Sabra —
Ouverture en pédale douce du Martinique Jazz Festival 2016 à Sainte-Marie. Le public peu nombreux, une centaine de personnes tout au plus, a d’abord entendu Patrick Glady, le lauréat du Concours Émergence Musique Martinique 2015 dans la catégorie Jazz qui inaugurait la soirée dans une formation en quintet. Est-ce la timidité, le manque d’assurance, le trompettiste aux talents certains et reconnus semble encore en deçà de son potentiel. Une ligne mélodique plutôt intimiste dans son déroulé avec des hommages à ses proches et à Paco Charléry disparu en 2010. C’est peut-être à propos de ce dernier, percussionniste, mais aussi professeur multi-instrumentiste du SERMAC que Patrick Glady a livré un travail le plus abouti.
En deuxième partie, un tout autre univers est apparu. Antony Joseph, de vert vêtu, un bouchon de prière musulmane sur la tête, le poète, romancier, musicien et chanteur britanno-trinidadien a donné un bel aperçu de son talent. Dans un registre identitaire à la fois très « roots » et très ouvert à l’ensemble du monde caribéen avec des textes pensés et réfléchis il invite au métissage de Trinidad, à la Guadeloupe en passant par Haïti dans une fusion jubilatoire de soul, de funk, de rock ou encore d’afrobeat, à tel point qu’on ne peut que regretter l’absence d’équivalent anglais pour rhizome, si cher à Glissant.