Étiquette : Patrick Chamoiseau

TEXACO , les 26 et 27 septembre 2008 à l’Atrium

 

— Par Laurence Aurry —

Certes, quand on lit Texaco, le roman de Patrick Chamoiseau, récompensé du Prix Goncourt en 1992, et qu’on imagine une adaptation théâtrale de cette œuvre, on pense spontanément, pour représenter les personnages haut en couleur de la vieille câpresse, Marie-Sophie Laborieux ou de son père, le « nègre-chien » affranchi, Esternome, à des acteurs antillais talentueux comme Aurélie Dalmat ou Jacques Martial, par exemple. Et lorsqu’on découvre la scène avec ce jeune comédien fluet, Jean-Stéphane Souchaud, plus blanc qu’un mabouya, on reste circonspect. Il semblait si logique et naturel de la voir jouer par des acteurs qui portent encore en eux l’empreinte indélibile du lourd passé de l’esclavage.

Il soufflait donc, vendredi 26 septembre, dans la salle Frantz Fanon, un vent de scepticisme assez perceptible que l’accent plat de Jean-Stéphane Souchaud attisait.

Cependant, si l’on dépasse nos attentes, nos a priori, nous devons reconnaître que ce jeune acteur est bien méritant d’avoir eu l’audace le premier, avec Gilles Lefeuvre, le metteur en scène ainsi que toute l’équipe de la compagnie de La Nuit Venue, de s’attaquer à cette œuvre magistrale de la littérature antillaise.

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Césaire ? Ma liberté

 — par Patrick Chamoiseau—


Prix Goncourt 1992 pour son roman «Texaco», c’est un autre grand écrivain martiniquais qui dit ici sa dette à l’égard de l’immense poète disparu le 17 avril

 aime_cesaire-9_300«Et puis ces détonations de bambous annonçant sans répit une nouvelle dont on ne saisit rien sur le coup sinon le coup au coeur que je ne connais que trop.»
Lorsque celui qui s’en va est une magnificence, ce n’est pas un abîme qui se creuse mais un sommet qui se dévoile. Confrontée à certaines existences, la mort n’est qu’un révélateur, et c’est sa seule victoire. Le silence de Césaire s’est soudain rempli du verbe de Césaire, de ses armes miraculeuses, de ses combats, de ses lucidités et de ses clairvoyances. De son amertume aussi. «Regarde basilic, le briseur de regard aujourd’hui te regarde.»
La mort n’est ici qu’une paupière brutale, écarquillée sur une splendeur qui ne frémit même pas. Soudain total, un monde se dégage des cécités du petit ordinaire de la vie. La mort n’est pas la seule à se voir désemparée en face d’une telle présence que l’absence renforce.

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Dimanche avec un Dorlis

— Par Alvina Ruprecht —

dorlisUne production de la compagnie du Tout-monde
Texte : Patrick Chamoiseau
Mise en scène: Greg Germain
Scénographie et costumes: Erik Plaza-Cochet
Paysage sonore: François Leymarie
Eclairagee: Valérie Pétris

Distribution:
Gunther Germain Dorlis
Amel Aidoudi la femme

Créée à la Chapelle du verbe incarné en 2004 , la pièce de Chamoiseau est reprise cette année en Avignon avec la même distribution. Décidément , Greg Germain a une prédilection pour la psychanalyse, surtout depuis sa mise en scène de la Damnation de Freud ou les ethnopsychanalystes ont voulu montrer l’efficacité de certains rituels africains qui ont précédé de loin la psychanalyse européenne.

Pour sa part, Patrick Chamoiseau semble reprendre une thématique, déjà exploitée par Ernst Pépin (L’Homme au bâton) ou un personnage mystérieux pénètre chez les femmes la nuit pour les violer avec son bâton. Un cas d’ hystérie collective? la projection de femmes frustrées? La manifestation d’un esprit de nuit? Les rumeurs courent et l’imaginaire populaire s’enflamme. Il suffit de dire que dans le panthéon des créatures « magiques » issues de la tradition afro-caribéenne, les Soucougnans et les Dorlis, occupent une place privilégiés mais sur le plateau de la Chapelle du verbe incarné; cet esprit de nuit perd un peu son rayonnement.

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