Étiquette : Patrick Chamoiseau

Patrick Chamoiseau nommé lauréat du « Lifetime of Excellence in Fiction Award « 2024 par The Center for Fiction

The Center for Fiction est la seule organisation littéraire à but non lucratif aux États-Unis entièrement dédiée à célébrer la fiction. Situé à Downtown Brooklyn, à New York, ce centre est un véritable point de rencontre pour les passionnés de littérature, qu’ils soient lecteurs ou écrivains. Depuis son ouverture en 2019, The Center for Fiction a créé un espace unique pour la communauté littéraire de New York, tout en s’étendant à un public mondial grâce à son site web.

Le Centre organise des événements littéraires exceptionnels, tels que des conférences, des discussions et des performances, qui ont attiré des auteurs de renom comme Salman Rushdie, Jacqueline Woodson, et Maaza Mengiste. Il soutient également les écrivains émergents à travers des bourses d’écriture et des ateliers, tout en offrant des programmes dédiés aux jeunes lecteurs, comme KidsRead / KidsWrite. Sa librairie indépendante, son café, son bar, ainsi que sa bibliothèque historique fondée en 1821, font du Centre un lieu où la littérature est vécue au quotidien.

Nomination de Patrick Chamoiseau pour 2024

The Center for Fiction est ravi d’annoncer que le romancier, poète et essayiste Patrick Chamoiseau sera le récipiendaire du Lifetime of Excellence in Fiction Award pour l’année 2024.

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Kalinago et Arawak : Pour une citoyenneté transnationale

— Par Patrick Chamoiseau —

À l’heure où les grandes nations se raidissent dans des levées guerrières, nous pouvons — nous, de la Caraïbe — distinguer un murmure. Celui qui monte de la mer et qui nous invite à une reconnaissance. L’Inde et le Bénin, dans un élan de justice mémorielle, l’ont entendu. Ils offrent une citoyenneté de cœur à ceux que la Traite et la colonisation ont enlevés à leur sol. Une porte inédite s’est ainsi ouverte à ceux d’entre nous qui désirent amplifier leur extension au monde. Que l’on s’en serve ou pas relève d’une stricte éthique individuelle. Mais, nous pouvons globalement en peser l’intention.

Au-delà des choix personnels, ne devrions-nous pas, tous autant que nous sommes, soustraire notre horizon au seul modèle de l’État-nation occidental, à son nationalisme meurtrier, pour y multiplier les rhizomes d’une « nation-relation » ‒ celle que nous avons (Édouard Glissant et moi) évoquée dans bien des manifestes ?

De la source à la ressource.

Avec la colonisation, la globalisation capitaliste, les mouvements aléatoires des peuples et des individus, le monde s’est pris de créolisation.

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Pour Tony Delsham

— Par Patrick Chamoiseau —

Corbeau, les chemins perdus vibrent toujours des bonnes vieilles bètafé, éclats sur des songes sans paupières, sur la vieille machine à écrire partagée entre poèmes et romans policiers, sur Tartane dans ces bancs de mulets égarés par les algues, sur le secret innovant du couscous et le parasitage des matchis de la tante (j’entends la Titine qui tousse, du Saint-Esprit au morne du dimanche, continuant de rouler).

Sam, journaliste marronneur, étonnant romancier, conteur-sorcier qui, mieux que nous, parvenait à faire lire ceux qui ne lisent jamais, j’ai écrit entre tes phrases et bien souvent pesé cette science narrative qui fascinait bien des esprits (ceux qui, au porte-à-porte, vendent des textes et des petits dessins, c’est nous).

Mec, il y a des hyènes qui rôdent par là, la bosse au dos, muscles détendus, elles ne ressemblent à rien, mais leur ricanement soutient nos rires les plus anciens (je souris sur ça encore).

Tony, la vertu de tes mots à instruire la clarté, t’honore du plus vaste au plus simple, et te dégage, sans limite connue, la trace qui va, qui reste malgré tout, inaltérable.

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Pour faire Front Poétique

— Par Patrick Chamoiseau —

Il ne s’agit pas d’opposer une contre-économie au tout-économique capitaliste, de la colère à l’arrogance fasciste ou de la véhémence apeurée à sa haine. Il s’agit de se mettre poétiquement du côté de la vie.

En cette angoisse où l’extrême droite se rapproche du pouvoir, il est utile que toute conscience progressiste ajoute à l’idée du Faire Front populaire celle d’un Faire Front poétique. La Gauche française, en quête de ferveur unitaire, invoque un passé glorieux : le Front Populaire (1936), et, en filigrane, l’esprit du Conseil National de la Résistance (1943). Ce dernier a su combiner diverses forces politiques pour jeter les bases très humaines d’un État-providence. Le Front Populaire a, quant à lui, imaginé d’inouïes audaces sociales : congés payés, réduction du temps de travail, droits syndicaux…

Ces moments rappellent aux Français que l’intelligence collective transversale peut sublimer un désastre par des élévations humaines. Cependant, notre monde a changé. Les défis actuels exigent de cultiver sinon la nostalgie, du moins le sel de ces périodes : l’effervescence d’une créativité.

La réponse économique

La Gauche française semble répondre à la montée de l’extrême droite en s’entourant d’économistes.

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Du méfait colonial à la mondialité

Il n’y a pas d’ultramarins, il n’y a que des peuples-nations encore sans État.

— Par Patrick Chamoiseau —

La Kanaky (maintenant convulsive sous le mépris, la violence et la mort) offre à la vieille République française une occasion de se moderniser. Sa juste revendication exige une autre vision du monde. Elle demande aussi un réexamen de ce qui se « crie » tristement « Outre-mer ». Cette estampille ténébreuse camoufle ensemble un système et un syndrome.

Système, parce que, depuis des décennies (déjouant les mannes européennes et les paternalistes plans de développement), tous les indicateurs mortifères attestent d’une évidence : ces situations humaines demeurent largement en dessous du niveau de bien-être humain que l’on pourrait attendre de terres dites « françaises ». Syndrome, parce que dans ces pays-là, les signes pathologiques d’assistanat, de dépendance ou de déresponsabilisation sont les mêmes et sévissent de concert. (1)

Lire aussi :Édouard Glissant : Un État-nation martiniquais? Non merci, mais que vive la Nation-relation martiniquaise! — Par Roland Sabra —

La mondialité.

Via la Kanaky, ces pays méprisés par la France offrent à la compréhension du monde une réalité encore inaperçue.

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Que peut la littérature quand elle ne peut?

Discours de Strasbourg. Avril 2024.

— Par Patrick Chamoiseau —

Aujourd’hui, s’il fallait questionner les littératures dans leur rapport au monde, donc à chaque être vivant, il serait indécent de parler d’autre chose que de Gaza. Il serait tout aussi bien honteux de ne pas évoquer l’irréductible intégrité de L’Ukraine quant à la santé de l’Europe, et celle de cet autre monde que nous devons imaginer…

Je parlerai donc, ici, des littératures, mais en présence des palestiniens de Gaza, de Cisjordanie, de toutes les rives de leur exil. Auprès d’eux, restitués à leur terre, institués en État, je suis partisan d’une nation d’Israël qui, avec ses morts et ses souffrances, et au nom de sa mémoire elle-même, et donc plus que toute autre nation, s’inscrirait dans la légitimité juridique mondiale et le couperet de ses sanctions ; et qui se montrerait soucieuse des autres peuples, soucieuse du respect de la vie et de sa dignité ; et qui fonderait sa nécessaire sécurité sur les vivre-ensemble inédits, complexes, à mettre en œuvre dans ce monde autre, cet autre monde, qu’il nous faut désirer.

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Un Lévé-fésé au marché du Lamentin

— Par Patrick Chamoiseau —
Soirée samedi Gloria.
Appel du tambour.
Marché du Lamentin.

Danmyé.

Le Major en tricot vert répond à la ronde de défi du premier. Il effectue alors sa « montée au tambour » et il salue le tanbouyé. Moment important, car si le tanbouyé se met à soutenir l’un des deux, l’autre est perdu.

Le la-ronde peut alors commencer.

Chaque geste est un coup potentiel. Chaque mouvement est une menace cachée. Les piétinements invoquent des forces telluriques. Les bras appellent la légèreté du vent et la science de l’oiseau. Les balancements du torse et les arrêts subits bandent petit à petit la force du taureau.

Les deux danses fonctionnent comme des armures et comme des têtes chercheuses. Elles testent les défenses de l’adversaire, guettent une ouverture, cherchent à la provoquer. Les corps sont offerts à la grâce selon des lois précises. La plus belle danse peut déclencher une préférence du tanbouyé. Ce qui (Jésus-Marie !) serait terrible pour celle qui se verrait abandonnée.

On s’aplatit de tout son poids pour ne pas être soulevé. Il faut devenir aussi lourd que l’usine du Robert.

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L’esprit des lucioles

— Par Patrick Chamoiseau —

J’aime bien l’idée de lucioles car elle ne fait qu’ouvrir des possibles, des lignes de fuite, des capacités à simplement imaginer, à réenchanter et à s’enchanter soi-même. C’est plus sain que d’allumer de grands projecteurs ou de dessiner un horizon radieux. De trop vastes lumières élimineraient toutes les ombres et nous feraient basculer dans une pensée de système avec tous les risques de totalitarisme que cela suppose.

Des milliers de personnes meurent en méditerranée, et en face, nous avons quoi ?

Un imaginaire politique européen, voire mondial, qui accepte cet état de fait et qui, pire, n’est même pas en mesure d’avoir une réaction simplement humaine. On laisse mourir comme si ceux qui sont en train de mourir n’appartiennent ni à ce monde ni au genre humain. Et pire : on laisse mourir comme si les opulences régnantes n’ont aucun rapport avec les drames, les guerres, les crimes, les déraillements qui propulsent ces personnes en souffrance. La nuit se trouve là : quand la décence, la compassion, l’humanité sont invalidées, s’amenuisent ou disparaissent de la conscience internationale.

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L’innovation sans crainte

La différenciation des politiques publiques : Enjeu du XXIème siècle

— Par Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Hector Élisabeth , Danielle Laport, Philippe Palany (Atelier des Socios) —

atelierdessocios.martinique@gmail.com

Dans sa relation avec la France, la Martinique s’est construite à la fois sur l’extermination, la colonisation, la départementalisation dont l’une des caractéristiques a été l’exode des Martiniquais vers la France, la régionalisation et la territorialisation.

En 2017, la loi sur l’égalité réelle pour l’outre-mer et « son plan de convergence » illustrent les limites et difficultés de l’application des droits issus de la départementalisation. La régionalisation, pour sa part, tente timidement et à la marge de donner un droit à l’initiative locale à travers les habilitations avec la complexité et les limites constatées. La territorialisation, issue du choix de fusionner les conseils régional et général, n’amène rien de substantiel en termes de droit à l’initiative. Il s’agit tout simplement des mêmes compétences déployées par une seule collectivité.

Ces évolutions statutaires et institutionnelles sont le résultat d’une logique fondée sur l’ordre colonial ; cette logique descendante qui impose un cadre dans lequel doit « se mouvoir » la Martinique sans réelle prise en compte de son identité, de ses enjeux, ou de la possibilité d’un quelconque devenir.

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« La Matière d’une absence » : Saint-Pierre, entre vestiges et mémoire

Samedi 24 février, au relais du Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM), l’ouvrage intitulé « La matière d’une absence » a été dévoilé en présence de ses éminents auteurs, Patrick Chamoiseau et Jean-Luc de Laguarigue. Ce livre, édité par le PNRM, offre une plongée captivante dans l’histoire de Saint-Pierre et de ses ruines, mettant en lumière le riche patrimoine culturel de la ville.

L’exploration minutieuse de l’écrivain et du photographe à travers la ville d’Art et d’Histoire a donné naissance à un ouvrage véritablement patrimonial. Ce projet, fruit de la collaboration entre les deux artistes, propose un récit unique, mêlant habilement l’imaginaire et la réalité, capturé à la fois par les mots évocateurs de Chamoiseau et les images saisissantes de Laguarigue.

Lors de la présentation, Patrick Chamoiseau a partagé son enchantement face aux photographies de Jean-Luc de Laguarigue, soulignant la capacité du photographe à rendre visible l’invisible. « La puissance de la vision du photographe permet de rendre visible ce qui n’est pas visible, or c’est l’invisible qui fait la ville de Saint-Pierre », a déclaré l’écrivain. Il a ajouté que les photos ont transformé les ruines en archives historiques, offrant une perspective nouvelle sur l’histoire de la Martinique.

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Conversation épistolaire entre Patrick Chamoiseau et William Parker

En février 2022, au festival Sons d’hiver, le contrebassiste new-yorkais William Parker présenta sa fresque musicale Trail of Tears, évoquant et invoquant les esprits d’un moment tragique de l’histoire nord-américaine : la déportation des Cherokees sur des terres dont ils pensaient qu’elles n’appartenaient à personne. Au même moment ou presque, l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau revenait de sa recherche de l’épave du Leusden, navire négrier qui coula avec sa « cargaison », au large des côtes de Guyane, en 1738. Pour aborder comme il se doit de tels sujets dans le tout-monde, et esquisser une nouvelle « cartographie du sensible », Patrick Chamoiseau et William Parker ont entretenu une correspondance, entre l’intime et l’universel, ou le pluriversel, durant les quelques semaines entourant la représentation de Trail of Tears. L’intégralité de cet échange est rassemblé pour la première fois dans ce recueil.

In February 2022, at the Sons d’hiver festival, New York bass player William Parker presented his Trail of Tears musical fresco, evoking and invoking the spirits of a tragic moment in North American history: the deportation of the Cherokee to lands they believed belonged to no one.

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Avancer dans l’unité-diversité

Ouvrir le champ des possibles pour des compromis de coexistence !

— Par l’ Atelier des Socios(*) —

Telle est la dynamique engagée par les élus de la Collectivité Territoriale de Martinique pour sortir des limites constatées dans la gestion du quotidien et inscrire le Pays Martinique dans une relation plus constructive et prospective avec la France et le Monde. Cette relation, qui n’est pas celle de l’indépendance, ni celle du statuquo, s’inscrit dans un processus de responsabilisation collective. Elle trace avec détermination l’exigence de la différenciation, l’exigence de la reconnaissance d’un peuple dans son espace géographique. Dès lors, il s’agit de poser les bases de l’unidualité. Oui, nous devons affirmer cette unidualité car le Pays Martinique, à l’instar des autres Pays signataires de l’Appel de Fort-de-France, est dans une relation complexe à la France. L’unidualité, expression empruntée à Edgar Morin, signifie que deux logiques sont unies sans que la dualité se perde dans cette unité. L’action se trouve alors portée par une irremplaçable richesse intérieure. Il nous appartient de dépasser ainsi l’alternative « ou bien la France ou bien la Martinique » pour faire dialoguer la complémentarité des antagonismes et les forces de l’intelligence collective.L’exercice

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Loïc Léry, du flingue au stylo

Mardi 5 septembre à 22h40 sur France 4

Déjà programmé sur Martinique 1ère » le 15/03/23. le superbe documentaire de Sonia Medina et Stéphane Krausz est de nouveau à l’affiche sur France 4. Si l’horaire vous semble un peu tardif il est toujours disponible en replay sur Martinique1ère =>
Dans ce documentaire, Loïc Léry raconte son histoire hors du commun. Pour lui, la prison a été une école de la rédemption et de la réflexion, inscrivant dans sa chair le passage du statut de gangster à celui d’écrivain. Rencontre et portrait sans filtre de l’auteur du polar Le Gang des Antillais.

Né en Martinique, d’un père marin pêcheur et d’une mère fonctionnaire agent hospitalier, Loïc Léry est le troisième d’une fratrie de sept enfants. Dans les années 70, alors que le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) organise le déplacement, sans retour, de milliers de « Domiens » vers Paris et la province, Loïc Léry, alors âgé de 13 ans, est envoyé à Paris où il est confronté au racisme qui le pousse à quitter l’école deux ans plus tard.

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Faire-Pays : réimaginer l’interdépendance à l’ère post-capitaliste

Inspiré par les pensées de Patrick Chamoiseau

— Par René Lake —

Les notions d’identité, de nation et d’appartenance ont longtemps été façonnées par le prisme du nationalisme, des revendications d’autonomie et des aspirations à l’indépendance. Toutefois, le monde d’aujourd’hui, un monde d’interdépendance et de connexions globales, exige de nous une reconfiguration radicale de ces conceptions.

Dans la série « Faire-Pays », Patrick Chamoiseau évoque une vision qui, selon lui, dépasse les « nationalismes des années 50 » et les « revendications d’autonomie-indépendance restées inefficientes ». Il envisage un remaniement de notre rapport à la notion de pays non pas dans des « exclusives nationalistes ou des indivisibilités républicaines », mais dans une « intensification tous azimuts de nos systèmes relationnels ». Il plaide pour une ouverture totale : une mobilité accrue, un multilinguisme babélique, un abandon des normes centrées, et la création de partenariats trans-mondiaux.

Pour Chamoiseau, la clé réside dans l’intensification des relations – la création de ponts plutôt que de murs, l’ouverture vers l’extérieur plutôt que l’enfermement. Tout cela, dit-il, suppose une « entrée en responsabilisation post-capitaliste » pour tous.

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Appel pour la candidature de la Montagne pelée et des Pitons du Carbet au patrimoine mondial de l’Unesco

Patrick Chamoiseau lance un appel en ligne pour la candidature de la Martinique au patrimoine mondial de l’Unesco

L’écrivain martiniquais plaide dans une vidéo en faveur de la candidature de la montagne Pelée et des pitons du Carbet au patrimoine mondial de l’Unesco. Le texte est lu par le réalisateur et comédien Lucien Jean-Baptiste.

Toi Volcan Liberté, creuset de biodiversité qui a été témoin de la lutte des esclaves qui, il y a 175 ans a permis l’abolition de ce crime contre l’humanité…En ce 22 Mai 2023, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Martinique mais aussi journée mondiale de la biodiversité, nous partageons (…) cet hymne.

 

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« Le Vent du nord dans les fougères glacées » de Patrick Chamoiseau 

— par Michel Herland —

Après plusieurs ouvrages relevant de près ou de loin du genre de l’essai, Patrick Chamoiseau renoue ici avec le roman qu’il semblait avoir abandonné depuis une dizaine d’années. Roman, certes, et roman créole comme les précédents mais tout autant récit fantastique, voire ésotérique en raison des nombreuses références à la physique la plus moderne et la moins accessible au commun des mortels. Le personnage central nommé Boulianno, au centre de tous les propos puis d’une quête à travers la nature martiniquaise mais qui n’apparaîtra jamais, est un maître conteur qui a disparu de la contrée où il exerçait ses talents et laissé désemparés ses nombreux admirateurs.

« Kisé ou pé koupé mé ke ou pé pa fann ? » (qu’est-ce que tu peux couper mais pas fendre ?), c’est avec de semblables devinettes que Boulianno apostrophait son auditoire. Tout cela, après avoir entendu de sa part et réfuté maintes réponses pour le surprendre davantage par une fausse bonne réponse, un chemin de traverse qui le conduira ailleurs : « La rosée du matin, fout !, qui fait vapeur avant le chauffé du soleil, ne peut ni se couper ni se fendre, mes zammi ! 

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Dans l’atelier du « Vent du Nord »

Patrick Chamoiseau présente son dernier ouvrage : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

ASSOCIATION TOUT-MONDE : J’aimerais approcher du cœur de votre processus créatif en considérant votre dernier ouvrage qui me semble très important. On dit que vous n’aimez pas trop parler de vos livres ?

Patrick CHAMOISEAU : Un peu. Je suis toujours un peu embarrassé quand il faut parler d’un livre. Pour moi, un texte est le résultat d’une cérémonie émotionnelle qui produit quelque chose que je ne comprends pas totalement. Je préfère idéalement laisser le contact, la perception, s’effectuer librement entre le lecteur et le texte. J’ai donc tendance à considérer que ce que je peux dire n’a pas grande importance. Donc, vous avez raison, le plus utile pour tout le monde est que je puisse en donner quelques éléments d’échafaudage.

L’échafaudage est tout ce qui il y a autour d’une construction, en l’occurrence ici, autour de l’acte de création. C’est l’intention, c’est tous les dispositifs qui aident au geste créateur, à l’écriture, ça je peux vous en parler. Cela vous donnera une idée de ce que j’avais dans la tête quand je me suis lancé dans cette alchimie particulière que représente chaque livre.

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Pour en finir avec l’Outre-mer

« Le système outre-mer a généré un syndrome du poulailler, où aucune poule ni aucun coq vaillant n’a le cœur à voler »

— Par Patrick Chamoiseau —

Le président de la République française devrait profiter de sa rencontre, mercredi 7 septembre, avec les présidents des collectivités, régions et départements non hexagonaux, pour embraser d’une flambée de lucioles cette ténèbre d’archaïsmes et d’aberrations qu’est le « système outre-mer ».

Depuis l’appel de Fort-de-France [le 17 mai, les présidents de plusieurs collectivités, régions et départements d’outre-mer avaient solennellement appelé l’Etat à un changement profond de politique ultramarine], ces élus de terrain, confrontés à des difficultés insurmontables, ont en substance réclamé au gouvernement plus de « responsabilité » domiciliée. Le phénomène est assez inhabituel pour que le plus haut responsable politique de la France se saisisse de l’appel. D’habitude, les interpellations unanimes à ce niveau politique relèvent plutôt du secours, de l’exonération fiscale, de la subvention ou du rattrapage d’un retard millénaire. C’est donc l’occasion pour la France d’assainir son rapport à ces terres lointaines, de refonder l’économie-conteneurs régnante, mais surtout, à mon sens, de réoxygéner les fondements de sa présence au monde en tant que grande nation.

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Hommage au Maestro Kadak

— Par Patrick Chamoiseau —

Maestro,

Nous savons maintenant que la danse, que le chant, que le rythme, et donc fondamentalement la musique, ont été le soleil de notre drame collectif. Dans l’horreur du bateau négrier ou dans l’enfer des plantations, c’est d’abord la musique qui a nourri notre résistance inaugurale et qui, plus largement, a amplifié les assises de notre conscience individuelle, puis de notre âme collective. Notre musique, faisant soleil, a fait lever une belle aurore sur notre apparition comme peuple et comme nation, et sur notre devenir.

Chanter, danser, faire rythmes et faire musique, sont des forces poétiques. Elles sont au principe de ce que nous étions, et de ce que nous sommes aujourd’hui. C’est l’élargissement des bases de la conscience par les forces poétiques qui permet d’accéder aux amplitudes de la lucidité, et donc à toute vraie résistance aux négativités. Si la lucidité s’éloigne de sa base poétique, elle devient amère et stérile ; si elle se perd dans sa base poétique, elle n’est plus qu’une de ces perceptions qui restent vaines, inaccomplies. Le chant, la danse, le rythme, la musique, peuvent donc s’élever dans la lucidité féconde où les peuples se construisent, mais ils peuvent aussi verser dans les insignifiances du seul divertissement où les peuples s’abiment.

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Pour Edgar Morin

— Par Patrick Chamoiseau —

Ici, quand il pleut, ce sont les gouttes qui font le ciel, qui trament aussi la terre dans une même envolée, mais pas un parmi nous ne connait si ce sont des sanglots de soleil ou les éclats d’une énergie dont nul ne tient le nom, ni comment ce qui scintille dessine d’impalpables matières où le vivant s’assemble parmi les herbes folles à la célébration des vers et la jubilation d’une fougère assoiffée.

On peut hélas compter les papillons, ils sont des événements, balises fantômes de la grande perte et de l’absence où tout s’effondre, mais il y a (heureux bonheur) l’infini des parfums qui s’emmêlent et se distinguent ensemble, légers, mouillés, comme portés de frissons en pensées, jusqu’aux fragrances qui accompagnent le jaunissement des fruits-à-pain… Là j’ai pour vous, une fois encore comme après tant de fois, contemplé la musique architecte des désordres, la forge qui sans cesse détruit et renouvelle, l’épuisement qui devient, cette lancée d’avenir dans cet épuisement même, et j’ai compté pour vous les mesures de l’alliance où se tient ce qui est séparé, tout comme ces horizons qu’il faut apprendre à deviner dans ce qui nous semble obscurément soudé.

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« Créolisation », « Tout-Monde » : comprendre la pensée d’Edouard Glissant, avec l’écrivain Patrick Chamoiseau

Entretien
Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire
Lauréat du prix Goncourt en 1992, l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau publie « Manifestes », un recueil de textes écrits avec son ami Edouard Glissant, disparu il y a 10 ans. Rencontre.
Romancier, poète et philosophe martiniquais, Edouard Glissant nous a quittés le 3 février 2011. Pourtant, le grand public ne fait que découvrir sa pensée riche. Un exemple récent en témoigne : la mise en avant de sa notion de « créolisation » par Jean-Luc Mélenchon et les débats qui ont suivi. Ecrivain et ami proche du poète, Patrick Chamoiseau revient avec nous sur ses « poécepts ».

Marianne : En quoi la pensée d’Edouard Glissant est-elle encore d’actualité ?

Patrick Chamoiseau :Son œuvre relève d’une « pensée du poème », d’une poétique, dans laquelle il articule une série impressionnante de »poécepts ». Le poécept est un précipité de concept et de feu poétique. Il se disait avant tout poète, alors qu’il aurait pu se revendiquer penseur, philosophe, anthropologue, essayiste, romancier, dramaturge… Sa référence au poète ne concernait pas seulement la pratique d’une écriture poétique.

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Publication des « Manifestes » d’Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau 

Les Manifestes des écrivains  Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau paraîtront le 4 février en librairie, à l’occasion du 10ème anniversaire du décès d’Édouard Glissant. Il s’agit de leurs divers textes théoriques et critiques, de textes de réflexion, publiés entre 2000 et 2009.

La sortie de Manifestes, programmée à cette date par les Éditions La Découverte et les Éditions de l’Institut du Tout-Monde, peut s’entendre comme un hommage à Édouard Glissant, disparu à Paris, le 3 février 2011, à l’âge de 82 ans. Un auteur martiniquais qui par ses écrits a influencé profondément son époque. Son ami de longue date, Patrick Chamoiseau, prix Goncourt en 1992 pour le roman Texaco, l’a accompagné dans son parcours intellectuel. Ensemble, ils ont publié les Manifestes, qui traitent entre autres de thèmes sociétaux, et qui sont réunis aujourd’hui pour être édités dans un seul ouvrage, dont l’avant-propos est écrit par Patrick Chamoiseau lui-même, sous le titre de Malgré tout. La postface, Une poétique de la politique, est quant à elle proposée par Edwy Plenel, journaliste politique français qui participe au site d’information indépendant Médiapart.

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Points de vue sur un évènement marquant de ce 22 mai 2020

France Antilles du 22 mai 2020 :  l’événement à Fort-de-France

« En ce jour de commémoration du 22 Mai, un groupe d’activistes a fait tomber deux statues de leur socle avant de les endommager à coups de masse. Les militants sont passés à la vitesse supérieure cette année, contestant l’action de Victor Schœlcher et lui reprochant notamment le décret suivant l’abolition de l’esclavage, ayant permis l’indemnisation des propriétaires d’esclaves. »

Sur People Bò Kay : un acte assumé, un témoignage

Deux militantes martiniquaises ont revendiqué samedi, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, avoir participé à la destruction des deux statues de Victor Schoelcher le 22 mai, jour du 172ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique.

« Ceci est un message à la gendarmerie de la Martinique, la police, les forces armées, les juges, les magistrats. Nous assumons pleinement notre acte parce que nous en avons assez, nous jeunes Martiniquais d’être entourés de symboles qui nous insultent », déclare Jay Assani, activiste martiniquaise très connue sur les réseaux.

« Et nous avons pris la décision, nous ne sommes pas les premiers à s’en prendre à ces symboles.

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« L’esclave vieil homme et le molosse », adaptation et m.e.s. Hervé Deluge

Vendredi 29 novembre 2019 à 19h 30 Centre Culturel Marcé à Saint-Joseph. Entrée libre.

«Du temps de l’esclavage dans les isles-à-sucre, il y eut un vieux-nègre sans histoires ni gros-saut, ni manières à spectacle. Il était amateur de silence, goûteur de solitude. C’était un minéral de patiences immobiles. Un inépuisable bambou. On le disait rugueux telle une terre du Sud ou comme l’écorce d’un arbre qui a passé mille ans. Pourtant, la Parole laisse entendre qu’il s’enflamma soudain d’un bel boucan de vie.
Ainsi m’est parvenue l’histoire de cet esclave vieil homme, de son Maître-béké et du molosse qu’on lança à ses trousses. Une histoire à grands sillons d’histoires variantes, en chants de langue créole, en jeux de langue française et de parlures rêvées. Seules de proliférantes mémoires pourraient en suivre les emmêlements. Ici, soucieux de ma parole, je ne saurais aller qu’en un rythme léger flottant sur leurs musiques…» Patrick Chamoiseau.

Résidence d’artistes à Saint-Joseph

Avec Hervé Deluge, accompagnés des musiciens : Christian Charles Denis et Alfred Fantône

Entrée Libre

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Parmi nous

Pour M.C.M.

— Par Patrick Chamoiseau —

Il faut l’imaginer parmi nos futilités ordinaires

Pas comme potomitan comme Man Ninotte ou la Baronne

plutôt comme une souveraineté sans assise dans la case

Elle était reine d’un territoire dont nul ne connaissait l’exacte géographie

mais dont les frontières, éprouvées par chacun, se révélaient dangereuses :

son lit était sacré

sa brosse inatteignable

et son peigne interdit !


 

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