— Propos recueillis par Floriane Le Mélinaire —
La mort fait partie de la vie, mais on n’en parle pas. Ou rarement et difficilement. Patrick Ben Soussan, psychiatre, responsable du département de psychologie clinique à l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille, nous explique pourquoi nous sommes tellement dans le déni face à notre propre mortalité.
Pourquoi avons-nous tant de difficulté à parler de la mort, pourquoi fait-on comme si elle n’existait pas ? Alors qu’elle est inéluctable pour chacun d’entre nous…
Pour faire de grandes choses, il faut faire comme si on ne devait jamais mourir. Un des fondements de l’humanité, c’est le déni de la mort. Pas tant le déni de la mort en tant qu’événement réel, mais plutôt le refus de la finitude, de mettre un point final à la phrase…
Donc, on se projette dans la vie comme si on n’allait jamais mourir ?
Oui, on est dans l’engagement, l’anticipation. Prenez l’exemple de notre relation aux enfants : on imagine toujours un avenir pour eux, on construit toujours leur vie d’adulte en devenir. C’est propre à l’une des fondations de l’humanité qui est de toujours se projeter, aller de l’avant.