— Par Selim Lander —
Complètement à part dans l’univers du spectacle vivant, le Nouveau Cirque suscite chez les spectateurs des émotions sans pareille (à l’exception du patinage artistique, mais qui à l’occasion d’en voir ailleurs que sur un écran de télévision ?). Bien qu’il tende parfois à se rapprocher de la danse (comme c’est le cas dans certaines séquences de Knee Deep), il fait appel à un imaginaire différent, presque atavique, celui de l’enfance, des premiers émerveillements devant le gros nez des clowns, les lions rugissant, les écuyères debout sur leur monture, les jongleurs si adroits, les acrobates si audacieux. S’il n’y a plus d’animaux dans le Nouveau Cirque, et plus guère de clowns – bien que les adeptes de ce nouvel art mêlent volontiers l’humour à leurs exploits –, notre émerveillement demeure intact. Cela tient d’abord à l’étonnement suscité par des performances physiques que l’on peine à croire accessibles à des corps humains a priori semblables au nôtre. Or ce que nous voyons est bien réel : il n’y a pas de magie, pas de tour de passe-passe, tout cela qui paraît impossible à réaliser se produit sous nos yeux.