Au lendemain des élections présidentielles et législatives françaises en Guadeloupe, les guadeloupéens les plus épris de dignité gardent un goût amer, voire un profond dégoût. Cependant, au-delà de l’émotion évidente, que disent réellement de nous-mêmes ces élections ?
Tout d’abord, le corps électoral qui s’est exprimé au cours de ces consultations représente moins de 30/100 des inscrits. Par conséquent, les abstentionnistes sont très largement majoritaires. Cette absence massive et persistante aux rendez-vous civiques fixés par la loi française est le signe d’une défiance à l’égard du fait politique électoral, et plus encore, d’une perte de crédit populaire des institutions et de leurs représentants.
Au-delà de l’assimilation instituée, régissant depuis longtemps le rapport de la Guadeloupe à la France, il faut mesurer un de ses ravages majeurs au sein de notre représentation politique : l’aliénation des cœurs et des esprits. Bien souvent, le discours des plus audacieux frôle sans y toucher la question du droit à l’autodétermination du peuple guadeloupéen. Il a recours à des mots-débarras tels que « Droit à la différenciation » ou « Domiciliation du pouvoir ». Au lieu de regarder la Guadeloupe comme une nation à construire nous-mêmes, il la revendique comme exception française.