Sur l’île aux belles eaux, on préfère choyer les plages plutôt que les vieilles pierres. Les bâtiments de valeur s’abîment, dans une indifférence qui a longtemps été quasi générale.
— Par Marion Lecas correspondante de La Croix—
Pointe-à-Pitre (Guadeloupe)
De notre Autrefois, l’Habitation de La Ramée, dans le nord de la Guadeloupe, était un domaine prospère. La canne à sucre y foisonnait, une centaine d’esclaves s’y affairaient. On y trouvait un moulin, ainsi qu’un embarcadère d’où étaient expédiées les livraisons. De cette opulence, il ne reste que l’aqueduc, jonché de débris de chantier. Un promeneur, habitué des lieux, s’arrête, désolé : « Laisser ça dans cet état est d’un mépris sans nom. C’est une construction du XVIIIe siècle, tout de même. » Mêmes râles, mêmes reproches à trente kilomètres de là, sur la Grande-Terre, où le fort Louis, classé monument historique depuis 1997, est laissé à l’abandon, dévoré par la végétation.
« Il y a tant à réhabiliter ici, en faire un inventaire serait impossible », souligne Jeanine Morentin, déléguée de la Fondation du patrimoine en Guadeloupe. Outre les sites historiques, il suffit en effet d’une balade en ville pour observer d’innombrables maisons coloniales en souffrance.