Bien plus que l’égérie des surréalistes, la lady émancipée, auquel le Musée du Quai-Branly rend hommage, fut une grande militante de la cause noire.
— Par Cécile Jaurès—
Sur la photographie, prise par Man Ray en 1926, Nancy Cunard pose, féline, dans une robe imprimée léopard, les cheveux coupés à la garçonne et les bras chargés jusqu’aux coudes de bracelets en ivoire. Pourtant, plus que son allure, c’est son regard perçant, cerné de khôl, qui aimante le visiteur de l’exposition du Musée du Quai-Branly. « L’ogresse maigre, d’une beauté farouche », selon la formule de Marcel Jouhandeau, semble animée d’une volonté sauvage de suivre le chemin qu’elle s’est choisi.
Tout destinait cette fille d’une riche famille d’origine américaine (les paquebots Cunard) à une vie de mondanités. Pourtant, dès ses 18 ans, la jeune lady se sent à l’étroit dans le carcan de l’Angleterre victorienne et fréquente les artistes de la contre-culture, de T.S. Eliot à Jacob Epstein.