— Par Hélène Lemoine —
Dans l’éclatant tourbillon des notes et des mouvements, Tropique du Képone se dresse comme un phare d’alerte, éclairant l’horizon de la conscience collective. La fusion de la danse contemporaine et de l’engagement environnemental érige un spectacle d’une puissance saisissante, révélant les stigmates et les espoirs d’une région en quête de guérison.
Marlène Myrtil et Myriam Soulanges, éminentes figures de la scène artistique antillaise, tissent avec habileté un récit où le poison du chlordécone se mêle aux rythmes hypnotiques de la danse. Telles des alchimistes du mouvement, elles façonnent un univers où l’urgence écologique devient matière à réflexion, où les émotions se dansent autant qu’elles se ressentent.
Dans l’antre de leur création, les spectateurs sont conviés à une expérience sensorielle inédite. Avant que les corps ne s’élancent dans la chorégraphie, un prologue subtil, teinté d’ironie, éveille les consciences endormies. Assises, telles des sentinelles contemplatives, les danseuses dégustent lentement une banane, emblème ambigu de fertilité et de poison, sous les pulsations d’une musique énigmatique. Costumées en cosmonautes du futur, elles évoquent avec audace les mystères de l’afrofuturisme, réclamant une réinvention des possibles.