Un collectif d’écrivains, emmené par Anne-Marie Garat, déplore, dans une tribune au « Monde », la réécriture douteuse de l’histoire à laquelle se livre le Musée d’Aquitaine dans un texte explicatif qui accompagne l’une des salles consacrées à la traite négrière.
Il semble que les instances scientifiques du Musée d’Aquitaine valident décidément un cartel pédagogique apposé dans l’une des salles consacrées à la traite négrière du port de Bordeaux car, objection ayant été présentée à son directeur il y a plus d’un an, et malgré sa réponse laissant alors espérer une modification, celui-ci est maintenu tel quel à ce jour. Le contexte muséal étant par ailleurs de grande qualité historique et documentaire, ce cartel en est d’autant plus choquant.
Selon celui-ci, « Noirs et gens de couleur viennent à Bordeaux au XVIIIe siècle. » De leur propre chef, par goût du voyage, si prisé à cette époque ? « Pour l’essentiel, il s’agit de domestiques suivant leurs maîtres. » Domestiques ? Ont-ils ce statut qui entend des gages ? L’essentiel ? Pas vraiment puisque, est-il précisé plus loin, « deux tiers sont des esclaves » : appartient-il à ce « bien meuble » de venir à Bordeaux, d’y suivre ou non son maître, qui a sur lui tout pouvoir de vente et achat, de travail forcé, de sévices, de mort… Le mot de déportation ne serait-il pas plus approprié quand le propriétaire s’exempte de l’affranchir, en contravention avec la loi qui dès alors limite le maintien d’esclaves sur le sol métropolitain ?