— Préface par Monique CASTILLO, professeure retraitée de philosophie à l’université Paris Est Créteil. Spécialiste du philosophe allemand Emmanuel Kant —
Obrillant Damus se livre à une pérégrination méditative sur la vulnérabilité, dont il fait une dimension-clé de la condition humaine. Plus profondément, il montre comment l’effort (et presque la rage) de vouloir échapper à sa vulnérabilité originaire conduit l’humanité à accumuler les maux dont elle se plaint, mais dont elle est aveuglément l’auteur, dans l’inconscience d’une quête de bonheur qu’elle croit lui être naturellement dû.
On pourrait s’attendre à une lecture dialectique de ce combat entre le rêve et la réalité, entre l’effort et la souffrance : vaincre sa vulnérabilité naturelle conduit en effet à l’invention intellectuelle et technique, les peuples créant par eux-mêmes ce que la nature ne leur donne pas. Mais cette espérance dialectique d’une conversion de la faiblesse en force n’est pas la voie qui est ici suivie ; bien au contraire, l’auteur se montre sensible à l’inaccessibilité des buts qui peuplent un imaginaire exalté : viser l’immortalité ou l’invincibilité ne conduit pas l’humanité à se transformer pour s’élever au-dessus d’elle-même, mais à accumuler des richesses toujours plus variées en même temps que des illusions toujours plus dangereuses.